Consécutivement au soutien total apporté par son autorité morale aux institutions publiques, dans la lutte contre le coronavirus, le Front Commun pour le Congo (FCC), à travers sa Coordination nationale, fait dans ce communiqué ci-dessous dont une copie est parvenue à Laprunellerdc.info, quelques propositions allant dans le sens d’une réponse concrète à l’appel lancé par le pouvoir public, en soutien au système de riposte mis en place, sans préjudice d’autres actions ultérieures à mener sur le terrain.
Améliorer la stratégie de communication et de sensibilisation de la population en apportant la clarté nécessaire sur la réalité et la gravité de l’épidémie :
Les modes de contamination, les phases de l’évolution de l’infection, les complications de la maladie, les moyens de prévention contre l’épidémie (mise en oeuvre des gestes barrières parmi lesquels le lavage des mains pendant au moins 20 secondes avec du savon ou la désinfection des mains avec du gel hydro alcoolique, éviter de se toucher le nez, la bouche et les yeux, éviter la salutation par la main …; distanciation sociale (pas d’attroupement, si on est à plusieurs , garder au moins 1 m de distance …), la désinfection des surfaces , des lieux et des moyens de transport publics ainsi que la sensibilisation sur toutes les mesures prises dans le cadre de la riposte et les avantages du confinement, tout cela doit être énoncé et organisé de manière simple et pédagogique.
Vaincre les réticences de l’opinion publique sur la problématique du confinement à travers un éclairage sur les motivations, le bien fondé et l’objectif du confinement y compris l’alternative à celui-ci :
La population a le droit d’être fixée sur les vertus réelles ou supposées ci-après du confinement :
-Le confinement va permettre aux personnes non encore atteintes d’être moins exposées et de ne pas être contaminées. C’est la meilleure façon de ralentir et d’arrêter la transmission de la maladie. Les cas déjà contaminés pourront facilement être isolés et pris en charge et ainsi le COVID-19 pourra être maîtrisé en RDC. Les cas bénins pourront être traités à la maison de manière à éviter aux hôpitaux d’être submergés.
-Pendant le confinement, la mise en place d’un Centre d’informations avec des numéros verts s’impose, en vue de répondre aux préoccupations de la population et en particulier des personnes qui présenteront des symptômes et le cas échéant, de faciliter leur acheminement vers les hôpitaux sélectionnés au moyen des ambulances achetées en nombre utile ou à réquisitionner. C’est à ce niveau que pourraient se faire les tests de confirmation et que pourrait être décidé la prise en charge lorsque le cas est avéré).
-Le centre d’information (composé d’une équipe d’experts multisectoriels) pourrait également servir de centre d’orientation et de facilitation de la population par rapport aux services offerts par le secrétariat technique dans le cadre de la riposte.
Assurer la montée en puissance des tests à faire par jour et multiplier les laboratoires pour le diagnostic :
A défaut de tester toute la population, il faudrait tester le plus de personnes possible et particulièrement celles pouvant être suspectées de faire partie d’une chaine de transmission, (celles qui ont été en contact avec les personnes déclarées positives ou vivant dans leur entourage immédiat ainsi que toutes les personnes qui travaillent dans la riposte et qui sont, de ce fait, exposées à la contamination).
Le confinement est une opportunité d’assurer ces tests à grande échelle dans les rayons prédéterminés (exemple ; la commune de la Gombe)
Garantir une prise en charge effective et efficace en cas de développement de la maladie :
Cela doit être vérifiable dans les hôpitaux dédiés, ou ceux ayant aménagé des pavillons spécifiques dotés d’un plus grand nombre de lits et du matériel approprié tel que les respirateurs, concentrateurs d’oxygène et autres équipements médicaux pour prendre en charge les cas de détresse respiratoire et autres complications liées au COVID-19 ainsi que pour administrer des médicaments autorisés par le protocole en vigueur.
Le doute sur une prise en charge correcte des malades risque de conduire vers l’automédication et exposer ainsi une bonne partie de la population.
Prévoir la possibilité du Recrutement des volontaires :
Il s’agit des médecins, des infirmiers à la retraite et autres étudiants en dernière année de médecine et de formation infirmière, à mobiliser, à recycler ou à former dès maintenant, en vue de servir de renfort , en seconde ligne , le moment venu, derrière les professionnels de santé, et en cas de débordement, pour faciliter les soins en ambulatoire pour certains patients
Il est tout autant nécessaire de recruter des volontaires qui ne sont pas membres du corps médical et qui pourront accompagner les personnes vulnérables ainsi que celles qui seront dans le besoin et leur porter assistance.
Faire de la protection et de la motivation du personnel engagé dans la lutte contre l’épidémie une priorité :
A cet effet, mettre à sa disposition, en temps utile, des primes de risque et des équipements de protection(masques, Gants, combinaisons, lunettes pour le personnel soignant …) ces équipements seront dotés à tout le personnel aussi bien médical que non médical qui travaille en première ligne de la riposte ( Médecins , infirmiers, laborantins, brancardiers, ambulanciers et autres chauffeurs qui seront sur terrain, personnel administratif affecté dans les hôpitaux, croix rouge et autres personnes commises aux enterrements sécurisés, personnel de nettoyage de surface et de désinfection…sans oublier les agents de sensibilisation et les hommes et femmes de la presse présents sur terrain.
Inclure aussi dans la distribution de matériel de protection (masques et gants), les prestataires des services indispensables : vendeurs d’aliments dans les marchés ou supermarchés, agents des banques, agents des stations-services, chauffeurs et convoyeurs des moyens de transport en commun.)
Veiller à ce que ce personnel soit en outre motivé par son employeur afin qu’il travaille avec la conscience professionnelle voulue, dans un environnement à risque
Du point de vue des structures de gestion de la riposte:
– Outre le rôle incontestable des leadership du Président de la République dans la riposte et celui de de la Task Force qui l’assiste, il importe d’affirmer la responsabilité politique du Gouvernement dans la gestion quotidienne de la stratégie de lutte (rôle particulier du Premier Ministre et du Ministre de la Santé) assisté du Secrétariat Technique qui conseille ces autorités et assume la mise en oeuvre de la riposte sur le plan opérationnel;
-Nécessité, infine, d’une bonne coordination et des concertations verticales et horizontales qui permettent à chaque acteur de jouer son rôle, tout en évitant une lourde bureaucratie.
-Dans le même ordre d’idées, décentraliser au mieux, les activités opérationnelles du Secrétariat Technique, y compris la gestion des moyens, tant au niveau du pouvoir central qu’à celui des provinces.
Éviter la tentation de gérer la crise sous la pression de l’opinion et de politiser ce processus :
Dans ce cadre, promouvoir la confiance, à travers des attitudes et des décisions qui rassemblent la nation et favorisent l’union sacrée contre cette épidémie.
Préparer en conséquence les éléments de la Police, le cas échéant les forces de défense engagées dans la riposte :
Octroyer le matériel de protection et motiver les éléments concernés pour qu’ils assurent efficacement l’application sur terrain des mesures relatives à l’encadrement de la population, dans la discipline et la tranquillité publique.
Encadrer les mesures économiques prises pour qu’elles atteignent effectivement leurs objectifs :
L’approvisionnement des grandes villes en biens de première nécessité, la préservation de l’outil de production intérieure et celle des emplois, la diversification de l’économie devront être proportionnels aux pertes consenties par l’Etat au profit des dites entreprises.
De ce fait, il y a lieu d’identifier et d’évaluer la contrepartie attendue, d’une part et de déterminer le chronogramme d’exécution des engagements souscrits ainsi que les mécanismes d’évaluation d’impact et de contrôle, d’autre part.
Fait à Kinshasa le 03/04/2020
Prof. Néhémie Mwilanya Wilondja
Coordonnateur National