À Nyamilima, dans le territoire de Rutshuru, les vols de café dans les champs en périphérie prennent une ampleur inquiétante. Accusations croisées, miliciens impliqués, agriculteurs désespérés : plongée dans une crise qui menace l’économie locale.
Des récoltes entières dérobées
Les cultivateurs de café de l’agglomération de Nyamilima, en groupement de Binza, vivent une période noire. Leurs champs, situés en zone périphérique, sont régulièrement pillés. En l’espace de quelques mois, les cas de vol se sont multipliés, avec à la clé des pertes financières énormes pour les agriculteurs.
« Nous sommes allés cueillir notre café, et tout avait été volé. C’est grâce à cette culture que nous arrivons à nourrir nos familles… mais aujourd’hui, on se retrouve dans une situation catastrophique », témoigne un producteur du bassin agricole de Gitwa, situé à l’ouest de Nyamilima.
Des suspects bien connus… parfois voisins
Selon plusieurs témoignages, les voleurs seraient souvent des agriculteurs eux-mêmes, voire des miliciens armés qui vivent dans les zones rurales. Ils profiteraient de l’absence des propriétaires pour agir en toute impunité, attirés par le bon prix du café sur le marché local.
Les producteurs affirment même être surveillés par certains de leurs voisins, qui repèrent les moments d’inattention pour passer à l’acte.
« Les voleurs, ce sont parfois ceux avec qui nous allons aux champs. Ils nous espionnent, puis reviennent voler quand nous ne sommes pas là », dénonce un caféiculteur avec amertume.
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Une situation qui vire au drame
Face à cette recrudescence de vols, les agriculteurs sont désemparés. Certains en viennent à récolter prématurément leur café, d’autres dorment carrément dans leurs champs pour les garder.
La situation a dégénéré à plusieurs reprises : deux morts et plusieurs blessés ont été signalés ces derniers mois, suite à des altercations entre voleurs et propriétaires.
Des cas de troubles psychologiques chez des victimes de vols ont également été rapportés, preuve de la tension croissante dans cette région déjà instable.
Un système de contrôle qui avait fonctionné
En 2023, une tentative de solution avait été mise en place : les miliciens Wazalendo, alors présents à Nyamilima, avaient instauré un système d’identification des caféiculteurs et interdit la récolte de café immature. Ces mesures avaient permis de réduire considérablement les vols.
Mais depuis la prise de contrôle de la région par le M23/AFC, ce système a disparu… et les vols ont repris de plus belle.
Les caféiculteurs demandent de l’aide
Aujourd’hui, les agriculteurs appellent à une intervention urgente des autorités et des acteurs locaux pour mettre fin à cette situation. Sans sécurité ni contrôle, c’est tout un pan de l’économie locale qui est menacé, ainsi que la cohésion sociale dans les communautés rurales.