La Cour de cassation a ouvert, ce mercredi 9 juillet 2025, le procès de Constant Mutamba, ancien ministre de la Justice et ancien candidat à la présidentielle en RDC. Il est poursuivi pour un présumé détournement de 19 millions de dollars américains liés à un projet de construction d’une prison à Kisangani.
Selon le parquet, Mutamba aurait facilité le versement de fonds publics à une société fictive, sans appel d’offres ni procédure administrative régulière. L’affaire, initialement instruite par le parquet général, a été transférée à la Cour de cassation après le dessaisissement du premier.
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Pour la défense, l’affaire a tout d’un procès politique. Depuis la levée de son immunité parlementaire fin mai, Constant Mutamba crie à la machination. Il dénonce un « complot politique » visant à le neutraliser, évoque des tentatives d’assassinat, accuse des membres du gouvernement de trahison, et va jusqu’à parler d’ingérence étrangère, en pointant notamment le Rwanda comme acteur d’une « déstabilisation programmée ».
Président du parti NOGEC et figure montante de la scène politique congolaise, Mutamba joue ici bien plus que sa liberté. C’est aussi son avenir politique qui se décide devant les juges. Ses avocats ont déjà récusé le procureur Firmin Mvonde, l’accusant de partialité.
Pour la justice congolaise, ce procès constitue un test crucial de son indépendance et de sa capacité à juger équitablement une figure politique de premier plan. L’enjeu est double : faire la lumière sur des accusations graves de corruption, tout en garantissant les droits de la défense.
À l’approche des prochaines échéances électorales, l’affaire Mutamba pourrait profondément rebattre les cartes du paysage politique congolais. Une condamnation compromettrait fortement sa carrière. Une relaxe, en revanche, pourrait le renforcer auprès de sa base et nourrir son image de martyr politique.
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Dans une RDC où les procès à haute portée symbolique sont souvent scrutés à la loupe, le pays retient son souffle. Le verdict de ce procès dira s’il s’agit d’une affaire de détournement ou d’un acharnement politique.