La Régie de Distribution de l’Eau (REGIDESO) demande à l’Etat congolais d’intervenir et de l’accompagner pour qu’elle s’approvisionne en matériels de canalisation d’eau et palier d’une manière durable au problème de manque d’eau dans la ville de Bukavu. Le Directeur de la REGIDESO l’a dit devant la presse locale ce Mardi 23 janvier 2024, après la réparation de la panne qui, pendant six jours, a occasionné une pénurie d’eau dans la majeure partie de la ville de Bukavu.
Ignace Ilunga Kabulo, le Directeur provincial de la Régie de Distribution d’Eau (REGIDESO) déplore ce manque d’eau pendant six dans la ville qui, dit-il, est indépendant de sa volonté et promet des solutions durables pour pallier cette situation. Il est l’invité de la rédaction et il répond aux questions de Claudine Kitumaini (Interview).
La Prunelle RDC: Depuis quelque temps, on constate un manque récurrent d’eau dans la ville de Bukavu et cela n’a pas commencé avec la panne au niveau du Lycée Wima, qu’est-ce qui explique ce phénomène ?
Ignace Ilunga Kabulo : ce que vous dites là est vrai. Nous avons constaté un manque récurrent d’eau ce dernier temps. Il a quelques raisons à la base. Il y en a qui sont structurelles, c’est-à-dire celles liées à la capacité des installations. Vous savez que le besoin dans notre ville de Bukavu tourne autour de soixante-cinq et approche soixante-dix mille mètres cubes par jour alors que notre capacité ne dépasse guère quarante mille mètres cubes. C’est ce qui fait que nous soyons dans un déficit permanent. Plus d’un tiers d’eau potable nécessaire manque afin de satisfaire les besoins de la population de Bukavu.
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Donc, cette raison-là, est déjà fondamentale par ce qu’elle nous oblige à assurer un rationnement c’est-à-dire desservir certains quartiers pendant un temps, pendant que d’autres attendent et vice-versa.
La Prunelle RDC: le système d’exploitation d’eau de la REGIDESO existe depuis la nuit des temps alors qu’il y a une forte démographie en ville, quand pensez-vous créer un nouveau réseau ?
Ignace Ilunga Kabulo : pas créer un nouveau réseau mais étendre le réseau vers les nouvelles habitations, les quartiers nouvellement lotis, de suivre la population là où elle s’installe afin de pouvoir répondre à ce besoin fondamental. Mais lorsqu’on analyse la question, on trouve tout de suite que c’est une question qui devrait être abordée globalement.
Globalement, c’est-à-dire que lorsqu’ on loti un nouveau quartier, c’est vrai que la tâche de donner de l’eau revient à la REGIDESO, mais celui qui loti doit prévoir déjà tout ce qui est installations. Ça, c’est ce qui manque.
On lotit sans la REGIDESO, on lotit sans prévoir, sans planifier comment résoudre le problème de base des populations.
La Prunelle RDC: votre société se plaint des constructions anarchiques qui endommagent vos installations, avez-vous déjà fait des démarches pour avoir, de la part de l’Etat une ligne spéciale ?
Ignace Ilunga Kabulo : oui, c’est vrai aussi que nous nous plaignons des constructions anarchiques sur des ouvrages de la REGIDESO. En réalité, nous sommes en contact avec l’Etat, les dirigeants, des autorités tant urbaines que provinciales. Ce qu’il faut noter est qu’il y a des problèmes à résoudre là-bas parce que ce qu’on observe à Bukavu est que l’urbanisation n’est pas bien faite contrairement à certaines villes où nous avons dirigé le système d’eau potable.
Vous avez les servitudes qui sont complètement occupées, vous avez des maisons qui sont construites dans nos ouvrages et cela nous cause un problème parce que ça nous pose un problème lorsqu’il faut intervenir. Mais ces maisons ont un impact environnemental notamment sur l’installation.
Elles ont les eaux de toitures qui doivent couler et ces maisons qui sont sur des pentes; c’est à chaque pluie que nous enregistrons des dégâts. Cela du fait, tout simplement de la mauvaise installation de la population.
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Sur la question de Wima, les choses sont claires : quand on regarde le problème de Wima, on se rend compte que les causes il y en a au moins trois. Il y a d’abord les causes naturelles qui sont liées aux mouvements sismiques et il y a aussi la réhabilitation de la route, parce que si on réhabilite une route, il y a toujours des engins roulants qu’on utilise pour compacter le sol, troisièmement, il y a un problème de maintien en état de travail du site qui nous a aussi causé des problèmes.
Aujourd’hui, que faut-il pour une gestion durable ? Aujourd’hui, nous avons trouvé qu’il faut carrément dévier, c’est déjà un site problématique sur le plan environnemental, il faut trouver un autre tracé. Ça, au moins, je peux vous dire que nous avons trouvé un autre tracé.
La Prunelle RDC: pourquoi vous ne renouvelez pas vos conduits d’eau alors que les consommateurs payent leurs factures ?
Ignace Ilunga Kabulo : Tout le monde va de son propre commentaire. Ça, je ne sais pas répondre à tout commentaire mais ce qui est vrai c’est que nous avons des sites où les canalisations ont pris de l’âge, c’est réel. Nous avons ces canalisations mais cette canalisation dont il est question aujourd’hui est une canalisation qui est encore dans son temps.
La Prunelle RDC: en fin si vous le vous le, avez-vous un message au gouvernement et à la population du Sud-Kivu, spécialement ?
Ignace Ilunga Kabulo : La population pour sa part devrait nous accompagner, non seulement en payant les factures afin de nous donner les moyens d’avancer parce que là nous sommes en train de parler des interventions mais aussi des moyens. Elle devrait nous accompagner en protégeant les ouvrages.
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Le gouvernement provincial nous doit beaucoup d’argent qu’il n’a pas payé depuis des années. Rien que le payement de cet argent pourrait contribuer largement à l’acquisition de matériels de canalisation. Donc, c’est aussi un cri d’alarme vers nos propres autorités afin de savoir que la REGIDESO a besoin de moyens.
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