Du Sud-Kivu à Bruxelles, en passant par Kigali, le fracas de l’Est congolais résonne jusque dans les couloirs diplomatiques et judiciaires. Les Nations Unies enquêtent, la justice s’active, les humanitaires alertent, et les habitants, eux, résistent. Voici la revue de presse de Sylvie Bahati.
Un vent d’espoir souffle sur Uvira… mais le climat reste orageux.
Au Sud-Kivu, la situation sécuritaire et humanitaire se détériore, et l’ONU accélère ses enquêtes sur les violations des droits humains. Depuis mardi 8 juillet, une mission du Haut-Commissariat aux droits de l’homme est à Uvira, en pleine collecte de témoignages. « Nous discutons avec tous les acteurs impliqués, victimes comme autorités », explique Adama Konaté, spécialiste onusien, cité par Jambo RDC. Un rapport est attendu pour septembre prochain, destiné à la communauté internationale.
Dans le même chapitre, le gouverneur du Sud-Kivu, Jean-Jacques Purusi, soutient cette démarche, soulignant que « ni accords ni négociations ne pourront effacer les crimes subis par nos populations ». Il remercie également le président Félix Tshisekedi pour sa diplomatie proactive, rapporte La Prunelle RDC.
Lire aussi: A la Une : Bukavu, Goma, Baraka… Quand le chaos gagne du terrain, et que le Kiswahili résiste (La Revue de presse)
Pendant ce temps, à Kinshasa, l’ancien ministre de la Justice, Constant Mutamba, doit comparaître mercredi 9 juillet à la cour de cassation pour détournement de fonds publics, rapporte Labeur Info. Le Conseil supérieur de la magistrature appelle à la sérénité et interdit tout attroupement autour du palais de justice.
Mais la crise dépasse le judiciaire. Sur le terrain, la vie quotidienne s’enfonce dans la précarité. Dans le territoire de Kalehe, une épidémie de fièvre de la Vallée du Rift décime le bétail. « Il est interdit de toucher les animaux malades sans protection », prévient un éleveur local, relayé par Jambo RDC. Le mouvement des bovins est suspendu, en attendant une campagne de vaccination, précise Kivu Times.
Dans cette même région, les déplacés de guerre peinent à trouver de quoi se nourrir. Des familles « passent des nuits sans manger », selon Kivu Times. Le média explique que certains survivants travaillent dans les champs des autochtones, d’autres transportent des charges pour subsister, alors que les cultures ont été dévastées par les intempéries.
Lire aussi: A la Une ce lundi matin: Crédit Bonobo à Kinshasa, crédit de survie à Kabare (Revue de presse)
La société civile de Sebele à Fizi tire également la sonnette d’alarme. Le système de santé est au bord de l’effondrement, dénonce Enyambwe Assa Mkumu, président de SOCICO-RDC, dans un entretien accordé à Watchdog Media. Le second centre de santé, pourtant construit, reste fermé, alors que les médicaments manquent cruellement et que les soins sont inabordables pour beaucoup.
La ville de Baraka, dans la même région, connaît, elle, une pénurie d’eau potable. La REGIDESO explique ce rationnement par la saison sèche, instaurant une distribution alternée pour garantir une certaine équité, rapporte Kivu Times.
À Bukavu, la pêche clandestine des alvins sur le lac Kivu, strictement interdite, prospère. Ce pillage menace la reproduction des poissons et l’équilibre écologique, alerte Radio Svein, qui appelle à un renforcement des contrôles et à la protection des berges, menacées par des constructions anarchiques.
Mama Radio, elle, choisit de parler de la crise sécuritaire qui affecte aussi l’économie locale : les coopératives d’épargne et de crédit ont fermé leurs portes, contraintes par la Banque centrale face à l’insécurité et aux risques financiers. « Les agents sont au chômage, les clients ne peuvent ni épargner ni rembourser leurs crédits », déplore Augustin Biregeyi, spécialiste en microfinance, cité par Mama Radio.
À l’étranger, une plainte en Belgique secoue le pouvoir congolais. Neuf membres de la famille du président Félix Tshisekedi sont accusés de pillage organisé des sites miniers dans le Haut-Katanga et le Lualaba, au profit de réseaux opaques, rapporte Radio Svein. Les ONG katangaises à l’origine de la plainte évoquent des détournements mensuels de dizaines de millions d’euros.
Enfin, dans la région des Grands Lacs, la tension diplomatique ne faiblit pas. Le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, accuse la BBC de « blanchir » les FDLR, groupe armé qualifié de terroriste à Kigali. Cet échange intervient alors que l’accord de Washington engage Rwanda et RDC à démanteler les FDLR en 90 jours. « Il n’y aura jamais de négociations avec les FDLR », martèle le président Kagame, selon Grands Lacs TV. Mais le chemin vers la paix reste semé d’embûches, alors que des pourparlers entre Kinshasa et le M23 sont prévus à Doha.
Face à ces défis multiples, la question demeure : la communauté internationale et les autorités congolaises sauront-elles conjuguer leurs efforts pour transformer ce cycle de violences et d’impunité en un véritable tournant vers la paix et la justice ? Car, pour les populations du Sud-Kivu et au-delà, l’attente d’un avenir meilleur ne peut plus être différée.
C’est la fin de cette revue de presse de Sylvie Bahati, on se retrouve très prochainement pour l’actualité de deux Kivu et de l’Est de la RDC.