Intervenons-nous

Jamais un Gouverneur n’a été autant désavoué en province du Sud-Kivu en seulement moins de 2 ans de gouvernance. Théo Ngwabidje Kasi est au cours de la polémique depuis plusieurs mois déjà. Sa gouvernance est fortement critiquée par la quasi-totalité des structures citoyennes et politiques au Sud-Kivu.

Fortement soutenu depuis son arrivée à la tête de la province, Ngwabidje fait face à un désaveu sans pareil au courant des dernières semaines à Bukavu et sur l’ensemble de la Province du Sud-Kivu. Des pétitions des structures citoyennes, des lettres des simples citoyens, des prises des positions des acteurs sociaux et politiques jusqu’à la motion de défiance à l’Assemblée Provinciale; l’homme fort de Nyamoma ne se plus à quel saint se vouer.

Alors que l’Assemblée Provinciale s’apprête à examiner une motion de défiance contre Théo Ngwabidje, des acteurs sociaux, politiques et autres activistes s’organisent pour faire entendre leurs voix. Nombreux, du moins les grandes figures demandent que l’actuel Gouverneur quitte la tête de la province pour laisser la chance à une nouvelle personne plus « compétente ».

Des mouvements citoyens et activistes en première ligne

En première ligne pour apporter leur soutien à Ngwabidje alors que le FCC demandait aux Gouverneurs qui ne se sont pas exprimé sur leur appartenance à la plateforme de laisser leurs postes, les principaux mouvements citoyens et activistes du Sud-Kivu ont vite déchanté. Pour nombreux, ils ont été été « floués » par celui qu’ils croyaient « technocrate » et digne de confiance.

« Nous encourageons toutes les démarches non violentes pouvant conduire à un départ forcé du Gouverneur Théo Ngwabidje Kasi. Son départ ne suffira pas, nous saisirons la justice pour qu’il réponde de ses actes parce que la province est sérieusement ruinée. Ngwabidje must go », écrit par exemple le mouvement citoyen « Réveil des Indignés », l’un des mouvements en vue au Sud-Kivu,

Avant de poursuivre:

«La seule porte encore ouverte par laquelle peut sortir le Gouverneur Théo Ngwabidje Kasi et sauver son honneur, c’est une démission suivie d’un aveu d’échec. Nous le tenons responsable d’un endettement opaque de la province de 3. 500 000$ que nous considérons comme un vrai détournement. Justice ».

Remy Kasindi, un autre activiste du Collectif des mouvements citoyens  réunis au sein de « Amka Congo », appelle la jeunesse Sud-Kivutienne à s’aligner, être sur la même lignée et permettre « le triomphe d’une nouvelle ère » au Sud-Kivu. Ainsi, dit-il, suivra « la vérité, la gloire et le relèvement de notre héritage commun pour un avenir radieux ».

« Les députés provinciaux du Sud-Kivu que nous remercions pour l’organisation de cette session n’ont que deux choix : faire partir le Gouverneur et les initiatives sur le relèvement de la province prendront bon chemin, pérenniser la défaillance et la mauvaise gouvernance en province par le maintien de ce dernier. J’aurais voulu que la jeunesse prenne conscience de l’insécurité qui caractérise nos milieux, l’impraticabilité des routes, les non-paiement dont souffre nos compatriotes au gouvernorat, le népotisme et le dysfonctionnement de la DPMER et le budget 2021. En ceci, s’ajoute la spoliation des maisons de l’Etat, l’assainissement de la ville et la démagogie »,  écrit Remy Kasindi.

Cynisme, flou dans la gestion

Cette demande est également relayée par Judith Maroy, militante du mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA).  Evoquant plusieurs raisons qui font qu’elle soit convaincue que le Chef de l’Exécutif provincial devrait quitter son poste, la militante évoque l’affaire Kamituga et la dette de 3.5 millions de dollars.

« Le degré du cynisme de Kasi atteint l’intolérable quand il décida de ne pas faire parvenir l’aide du gouvernement central aux sinistrés de l’incendie de Kamituga. Jusqu’à l’heure où je griffonne ces mots, il a fui cette question à l’Assemblée Provinciale hier. Theo est le flou dans la gestion c’est collé serré. À peine arrivé, il emprunte 3,5M et quand on lui pose la question ..il dit, l’argent a financé la route frontière et payer certaines dettes. Mais comme si on était tous des cons, il reprogramme cette route pour le budget 2021 », écrit-elle parmi la multitude des griefs qu’elle met sur Ngwabidje.

Ces prises de positions s’ajoutent à plusieurs autres issus des acteurs de la Société Civile, toute tendance confondue.

Les structures des jeunes s’invitent dans la danse

Alors que des structures des jeunes ont été à l’avant-plan dans la défense de plusieurs autorités, Théo Ngwabidje voit perdre également le soutien des conseils urbain et provincial de la Jeunesse.

En effet, dans différentes sorties ce week-end, le Conseil Urbain de la Jeunesse dans la ville de Bukavu ne cache pas les mots pour appeler le Gouverneur Ngwabidje à démissionner, se joignant ainsi au même appel du Conseil Territorial de la Jeunesse de Kabare.

« Nous lui proposons de bien vouloir déposer sa démission à la tête de la province afin que nos élus nous fassent un Gouverneur qui prendra en compte les désidératas de la jeunesse en province tel que voulu par le chef de l’État qui fait la question de la jeunesse son cheval de bataille. », a indiqué Espoir Biteza président du Conseil urbain de la Jeunesse, cité par InfoRDC.

Le Conseil Provincial de la Jeunesse n’a pas attendu pour prendre parole. Dans un communiqué signé par son Secrétaire Exécutif, la faitière des jeunes appelle également à la démission de Théo Kasi.

Lire aussi: Sud-Kivu: les Communicateurs de l’Opposition demandent aux députés de pousser le Gouverneur à la démission

« Le Conseil provincial de la jeunesse du Sud-Kivu soutient vigoureusement la démarche de ses organisations membres œuvrant sur toute l’entendue de la province et à laquelle se sont jointes les organisations de la Société Civile et des mouvements citoyens demandant à travers une pétition le départ de son Excellence monsieur le Gouverneur , dynamique relayée par un groupe des députés provinciaux visionnaires à travers une motion de défiance », lit-on, avant de peindre une gestion de « démagogie ».

Société Civile, mais pas seulement……

Dans cette quête d’un Gouverneur plus « compétent » et dynamique, on note le nom de Me Heri Kalemaza. Emprisonné durant des mois pour avoir critiqué la Gouvernance Ngwabidje, ce porte-parole provincial du Parti Congolais pour le Progrès (PCP), fortement allié à l’UDPS –Tshisekedi est à la tête d’une pétition avec d’autres activistes et politiques. Il estime que faire partir Ngwabidje serait un meilleur cadeau de Noël et de nouvel an

« Le vote de cette motion à la majorité absolue pour le départ du Gouverneur est le plus beau cadeau de Noël et nouvel an que les députés provinciaux devraient donner à la population du Sud-Kivu », écrit sur les réseaux sociaux, Me Heri Kalemaza.

L’opposition favorable à « l’Union Sacrée » également

Il y a quelques jours, le Caucus des Communicateurs de l’Opposition au Sud-Kivu (CACOOP) disaient fustiger l’attitude du Gouverneur de province; qui selon lui ne s’occupe que de sa santé politique, «au lieu de s’occuper du bien-être de la population.»

« Union Sacrée » de Tshisekedi comme blanchisserie?
Fortement secoué par cette grogne dans sa province, Théo Ngwabidje annoncera dans l’urgence son « adhésion » à « l’Union Sacrée » prônée par le président Tshisekedi. Pour nombreux, il s’agit d’une nouvelle stratégie de celui qui aura changé au moins 3 fois de camps politique dans moins de deux ans.  
Plusieurs autres acteurs politiques soutenant Théo Ngwabidje ne cachent pas leur embarras face au manque de résultat palpable de celui qui se présentait pourtant comme l’homme du « gouverner autrement par le travail ».
Nombreux à l’UDPS, UNC, FCC ou dans d’autres structures rappellent à l’actuel Chef de l’Exécutif provincial que son adhésion à cette nouvelle philosophie politique de l’actuel Chef de l’Etat ne devrait pas le dédouaner du devoir de redevabilité envers ses administrés; battant ainsi en brèche l’argument selon lequel, il est poursuivi parce que n’étant plus du FCC.
« La critique est aisée mais l’art est difficile ! »

Sur son compte Twitter Théo Ngwabidje préfère partager une vidéo, visiblement conçue par sa cellule de Communication depuis plusieurs semaines avec un commentaire « la critique est aisée mais l’art est difficile« . Il demande à travers la vidéo à ses concitoyens s’ils pensent, eux, être compétents s’ils accusent les dirigeants d’incompétents. 

En plus de cette « réponse », les communicateurs de Ngwabidje sont sur les nerfs sur les réseaux sociaux. Insultes, dédain, menaces…(comme d’habitude) pour répondre à ceux qui osent commenter dans le sens du soutien à l’initiative des députés provinciaux. Des députés comme des membres du Bureau Permanent de l’Assemblée provinciale ne sont pas épargnés.

Jusqu’où ira cette situation? Les députés provinciaux pourront-ils s’assumer et aller jusqu’au bout de cette action parlementaire? Quelque soit l’issue, il est bien clair que la province du Sud-Kivu vomit clairement son Gouverneur; celui en qui les espoirs de plusieurs étaient couchés, il y a près de deux ans.

Jean-Luc M.
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