20 journalistes de Bukavu bénéficient d’une formation de la Coalition 14 en collaboration avec Pathfinder International; depuis ce lundi 14 septembre 2020. Cette session de 3 jours, vise à sensibiliser ces chevaliers de la plume, sur les techniques de communication en droits à la sante sexuelle et reproductive; et la clarification des valeurs et transformation de leur attitude face à l’avortement.
Les organisateurs de cette formation ont tout d’abord conscientisé les journalistes sur leur traditionnel rôle de conscientiser; sensibiliser et éduquer la population. Une fois capacités, ces derniers devront contribuer efficacement à la promotion des droits de la santé sexuelle et reproductive; et d’éradiquer des stigmas à l’égard des bénéficiaires des soins complets et sécurisés d’avortement.
«Le présent atelier vise à renforcer les capacités de professionnels des médias; de manière à les doter des moyens leur permettant de contribuer à la vulgarisation du protocole de Maputo en général; et en particulier au respect et l’application de l’article 14 de ce protocole en RDC.» a dit Béatrice Mayo, project manager chez Pathfinder.
Avortement pour limiter le taux de mortalité maternelle ?
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la moitié des grossesses non-désirées dans le monde, se soldent par un avortement. Et puis, les grossesses non désirées sont majoritaires dans les pays en voie de développement; et où les lois sur l’avortement sont plus restrictives.
En RDC, il est de plus en plus constaté le faible taux d’utilisation des méthodes contraceptives. Ce qui est à la base de plusieurs grossesses non désirées, qui impliquent également des adolescentes de moins de 18 ans.
La Coalition 14 a ainsi rappelé aux journalistes que le taux de mortalité maternelle de la RDC est parmi les plus élevées au monde, avec 846 morts sur 100.000 naissances vivantes; 26.328 femmes meurent chaque année pendant la grossesse ou l’accouchement; sachant que les avortements non sécurisés représentent la 2ème cause de la mortalité maternelle.
En dehors de cette situation, la RDC est confrontée depuis plusieurs années à une insécurité grandissante, suite à l’activisme des groupes armés locaux et étrangers. En plus des morts, les hommes armés utilisent sans doute le viol comme arme de guerre.
Selon la «Coalition 14», toutes ces femmes violées devraient avoir le choix de garder ou non les grossesses issues de ces actes sexuels. «Ces grossesses non désirées peuvent avoir un impact très négatif sur la vie de cette femme; qui en plus du traumatisme, sera encore obligée de garder cet enfant, dont elle ne connait même pas le père.» ajoute Huguette Kasongo.
Elle pense ainsi que l’accès à un avortement sécurisé, devrait permettre de limiter la mortalité maternelle; et tous les risques que présentent les grossesses non-désirées, surtout chez les adolescents.
Vulgariser à tout prix le Protocole de Maputo
L’Union Africaine a adopté en juin 2003 le Protocole à la charte africaine des droits de l’Homme et des peuples; relative aux droits de la femme en Afrique, à Maputo (Mozambique). L’objet de l’adoption de ce protocole, appelé communément protocole de Maputo, est de contribuer à la réduction des effets de l’avortement non sécurisé; et de promouvoir les droits des femmes en Afrique.
Ce Protocole de Maputo, en son article 14, garantit le droit de la femme à la santé sexuelle et reproductive; et demande en particulier aux États africains d’appliquer les mesures appropriées pour permettre l’avortement médicamenteux dans certaines circonstances (viol, inceste, ou autres complications de la grossesse).
En 2008, la RDC a ratifié ledit protocole, qui a été publié au Journal Officiel en 2018. Mais le pays tarde à modifier sa législation nationale qui demeure contraignante, pour prendre en compte cette dimension.
Museza Cikuru