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Après sa visite en RDC, où il est arrivé ce mardi 9 août 2022, le Secrétaire d’État américain Antony Blinken est attendu au Rwanda, du 10 au 12 août 2022, dans un contexte où ce pays est une nouvelle fois accusé de soutenir les rebelles du M23, lors de ses différentes attaques contre l’armée congolaise depuis novembre dernier au Nord-Kivu.

Dans une déclaration rendue publique lundi, Human Rights Watch (HRW) a indiqué que cette visite est l’occasion de « condamner » à la fois ces attaques, notamment les crimes de guerre, et tout soutien avéré du Rwanda qui contribue à des pratiques « abusives ».

«Les Etats-Unis devraient exprimer leurs préoccupations en matière de droits humains et vis-à-vis des abus commis par le M23. La visite devrait également être utilisée pour dénoncer les violations systématiques des droits humains, notamment les campagnes de répression contre les opposants et la société civile, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières du Rwanda. Le Secrétaire d’État Blinken devrait faire pression sur les autorités pour qu’elles libèrent les dissidents et opposants qui ont été emprisonnés pour avoir exercé leurs droits fondamentaux,» indique Human Rights Watch.

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Lewis Mudge, Directeur pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch, affirme que l’absence de conséquences malgré un bilan « catastrophique » en matière de droits humains au Rwanda, a encouragé les responsables du pays à « poursuivre leurs abus, même au-delà de ses frontières. »

«Le parti au pouvoir au Rwanda, le Front patriotique rwandais (FPR), mène depuis des années une campagne brutale contre les critiques réels ou supposés du gouvernement. Récemment, des critiques de premier plan, notamment des blogueurs, ont été arrêtés et menacés. Certains ont récemment dit avoir été torturés en détention. Les autorités enquêtent rarement de manière crédible sur les disparitions forcées ou les morts suspectes d’opposants. Les détentions arbitraires et les mauvais traitements dans des centres de détention non officiels sont fréquents, notamment à l’occasion de visites très médiatisées ou de grands événements internationaux tels que la récente Réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth (CHOGM),» fustige cette structure.

Selon HRW, Anthony Blinken a prévu d’évoquer le cas de Paul Rusesabagina, dont l’arrestation et la détention en août 2020, font partie d’un ensemble de pratiques et d’abus « bien documentés » et ont suscité de « graves inquiétudes » quant à la politisation du système judiciaire rwandais.

Rusesabagina, aujourd’hui détenteur de la nationalité belge, vivait aux États-Unis lorsqu’il s’est rendu à Dubaï, aux Émirats arabes unis. Il a été victime d’une disparition forcée jusqu’à ce que le Bureau d’enquêtes rwandais (Rwanda Investigation Bureau, RIB) annonce qu’il détenait Rusesabagina à Kigali. «Human Rights Watch a documenté plusieurs violations de la procédure régulière et du droit à un procès équitable tout au long du procès de Rusesabagina, qui a finalement abouti à une lourde peine,» indique-t-il.

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Cette ONG internationale indique que Blinken devrait également aborder les cas de journalistes, de commentateurs et d’activistes de l’opposition emprisonnés, pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’association et d’expression.

«Des commentateurs, journalistes, activistes de l’opposition ainsi que d’autres personnes qui prennent position sur des questions d’actualité et critiquent les politiques publiques menées au Rwanda ont été victimes de disparitions forcées, et certains sont morts dans des circonstances suspectes. Le gouvernement rwandais n’enquête jamais de manière efficace sur les allégations d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions forcées, de décès en détention, de détention arbitraire, de torture et d’autres mauvais traitements, et ne veille pas à ce que les responsables de tels faits rendent des comptes. Dans bon nombre de ces cas, les preuves révèlent l’implication des forces de sécurité de l’État. Cela a instauré un climat de peur au sein de la population ainsi qu’une impunité généralisée,» rapporte HRW.

Blinken devrait demander des précisions concrètes sur les enquêtes et les mesures prises par les autorités pour que justice soit rendue dans ces affaires, a déclaré Human Rights Watch, qui ajoute que les États-Unis devraient de toute urgence signaler au Rwanda que la répression et les abus commis par le gouvernement sur le territoire national, mais également au-delà de ses frontières auront des conséquences.

Museza Cikuru

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