Personne ne pouvait s’imaginer un tel scénario. Paul Kagame et plusieurs officiels rwandais dans la peur ! Oui, c’était peut-être surréaliste, il y a quelques années. Mais depuis 2018, on le sait, le régime de Kigali ne sait plus dormir à chaque fois qu’il entend le prix Nobel de la paix congolais Denis Mukwege crier à haute voix : il faut déterrer le rapport mapping de l’ONU !
En effet, le rapport mapping de l’ONU répertorie des nombreux crimes commis en République Démocratique du Congo et spécialement dans sa partie orientale entre 1993 et 2003. 10 ans des graves exactions par des rebellions en majorité soutenues par les pays voisins comme le Rwanda et l’Ouganda mais également des troupes de ces pays.
Viols, assassinats, meurtres à grande échelle, et d’autres crimes qui peuvent, selon ce document de l’ONU être constitutif des crimes de génocide.
Et voilà, le Docteur Mukwege qui soigne les séquelles de ces atrocités notamment en prenant en charge les femmes violées a refusé de se taire face à la distraction et au silence parfois coupable des autorités congolaises qui se sont succédées à la tête du pays.
Déjà avant qu’il soit nominé Prix Nobel de la paix en 2018, le médecin Directeur de l’Hôpital Général de Référence de Panzi avait résolu plusieurs années avant de quitter le bloc opératoire pour alerter le monde sur le drame congolais. Justice pour des millions des congolais, justice pour les survivants, ne cessent-ils de répéter à chaque occasion, à chaque tribune.
Cet activisme lui avait déjà attiré d’énormes ennuis depuis très longtemps. En effet, le Fondateur de l’Hôpital de Panzi ne pouvait plus circuler librement après la tentative d’assassinat dont il a été victime en 2012 et qui avait conduit à la mort de sa sentinelle.
Depuis, il vit dans la peur, les menaces venant de tous les côtés. Surtout de ceux qui se sentent gênés par ses discours militants sur la situation de la République Démocratique du Congo depuis plus de 25 ans déjà.
En 2018, quand il est désigné prix Nobel de la paix, Denis Mukwege revient encore une fois sur ses célèbres interrogations : « Comment construire la Paix sur des fosses communes, Comment construire la Paix sans vérité ni réconciliation ? Comment construire la Paix sans Justice ni Réparation ? ».
Au moment même où je vous parle, rappellera-t-il, un rapport est en train de moisir dans le tiroir d’un bureau à New York.
« Qu’attend le monde pour qu’il soit pris en compte ? Il n’y a pas de paix durable sans justice. Or, la justice ne se négocie pas. Ayons le courage de jeter un regard critique et impartial sur les événements qui sévissent depuis trop longtemps dans la région des Grands Lacs. Ayons le courage de révéler les noms des auteurs des crimes contre l’humanité pour éviter qu’ils continuent d’endeuiller cette région » avait-il appelé sous une grande émotion de l’assistance.
Pour Paul Kagame et son régime, faire de Denis Mukwege un prix Nobel était déjà une claque insupportable. C’est qui est encore insupportable c’est quand Mukwege multiplie la mobilisation sur le plan national et international pour que les coupables de tous ces crimes soient poursuivis et punis conformément aux lois.
Comme dans ses habitudes, le régime rwandais a agi dans l’ombre dans plusieurs circonstances, tentant de bloquer l’expression du « réparateur des femmes » dans des agendas politiques et diplomatiques de haut niveau. Mais tout, c’est sans compter sur la vigueur de l’homme de Panzi quand il s’agit de défendre la justice et la paix. Mukwege s’en est toujours tiré tête haute, portant haut la voix des millions des sans voix congolais qui réclament justice et réparation avant toute réconciliation.
La fureur et la peur de Kigali
On le sent dans les réactions de Kigali. L’émotion et la peur à chaque fois qu’on répond sur le rapport mapping et les nombreux crimes commis en République Démocratique du Congo. Colère surtout quand le Docteur Mukwege refuse de céder à l’intimidation et à la panique.
De l’ambassadeur Rwandais en République Démocratique du Congo en passant par le ministre Rwandais des affaires étrangères jusqu’à James Kabarebe, les hommes de Kigali suffoquent à cause la peur de voir les congolais prendre conscience que ces massacres ne doivent jamais restés impunis.
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James Kabarebe s’est même permis de traiter le docteur Mukwege de « propagandiste » pour avoir exigé l’application des recommandations du rapport mapping.
« La propagande selon laquelle des troupes rwandaises sont allées massacrer des congolais revient aux personnes qui ont été contre la libération du Rwanda comme Denis Mukwege et ses partenaires se trouvant en Europe. Ils ont même mis un éventail qu’ils appellent Congo mapping report » selon lesquels, plus de 6 millions des congolais sont morts pourtant ils n’ont laissé aucune trace. Ces organismes prennent en otage même des réfugiés rwandais à cause de cette propagande, » disait James Kabarebe, rappelant même l’appartenance tribale « shi » du Nobel de la paix Congolais.
Pas très loin en tout cas de son maître, Paul Kagame le numéro Un Rwanda qui, sur RFI et France 24 a estimé que Mukwege était soutenu par des forces invisibles.
« Mukwege est devenu le symbole, l’outil de ces forces que l’on n’aperçoit pas. Il reçoit un Prix Nobel et on lui dit quoi dire. Il n’y a pas eu de crime en RDC. AbsoluMent pas. Il y a pourtant d’autres rapports qui sont sortis et qui contestent le rapport mapping. » s’exclame-t-il ; visiblement avec mépris.
Le Rwanda au bout ?
Ces différentes sorties médiatiques contre le Docteur Denis Mukwege et le rapport Mapping sont extrêmement importantes pour des millions des congolais. En effet, durant des années, le régime de Kigali ne voulait presque pas s’exprimer sur la situation en République Démocratique du Congo ; surtout quand son pays était accusé de faire partie de ceux qui ont des comptes à rendre.
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Des années plus tard, Paul Kagame et ses poulains sont obligés de se justifier partout dans le monde sur des crimes commis en RDC à cause notamment de la pression incessante de Denis Mukwege et d’autres partenaires du monde qui veulent voir la situation de l’impunité des crimes commis en RDC être définitivement traitée.
Bien plus, ces fracassantes sorties médiatiques signifient pour plus d’un congolais que la peur n’a cessé d’envahir le camp de Kagame.
« Avec une seule personnalité comme Denis Mukwege, Kigali ne sait plus tenir son calme d’avant et devient agité. Imaginez-vous ses réactions si les gouvernants décidaient de réclamer justice comme le fait le prix Nobel. Si seulement l’actuel gouvernement peut être l’allié de ce digne fils du pays, tout changerait et les lignes bougeraient dans le monde », explique un acteur de la Société Civile du Nord-Kivu.
Malheureusement, fait-il remarquer, l’homme de Panzi est seul sur le ring face à des officiels qui font des calculs et arrangements avec des « bourreaux » qui sont du coup devenus des alliés de taille.
En République Démocratique du Congo, les officiels répondent très peu avec fermeté aux provocations des officiels rwandais. Félix Tshisekedi, l’actuel président est d’ailleurs au même sommet en France avec Paul Kagame quand il a tenu ces propos mais aucune réaction n’est encore enregistrée jusqu’à ce jour.
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Ce qui est sûr est que seul, Mukwege fait peur à tout un régime réputé semeur de terreur. Il suffit donc que tous les congolais s’indignent et montent au créneau pour réveiller le monde que ce qui se passe et s’est passé en RDC n’est pas acceptable.
En attendant, le régime de Kigali est aux abois et dans son allocution d’Oslo en 2018 alors qu’il recevait le prix Nobel de la paix, Denis Mukwege insistait : « Ayons le courage de révéler les noms des auteurs des crimes contre l’humanité pour éviter qu’ils continuent d’endeuiller cette région ».
C’est tout ce que tous les congolais attendent. Pareilles agitations de Kigali n’étoufferont jamais la soif des générations à avoir justice et réparation !
Jean-Luc M.