Intervenons-nous

Dans une lettre adressée au Président de l’Assemblée Nationale de la Démocratique du Congo (RDC), plusieurs jeunes citoyens originaires du Sud-Kivu expriment leur profonde indignation face à des violences et discriminations dont sont victimes leurs compatriotes dans la province voisine du Nord-Kivu. Depuis mars 2024, des centaines d’habitants du Sud-Kivu, principalement des membres de certaines tribus de la région, sont arrêtés, maltraités, tués et incarcérés sans raison apparente, dans des conditions jugées inhumaines et dégradantes.

Les actes de violence, décrits comme des agressions tribales, se concentrent particulièrement dans les zones du Grand Nord-Kivu, incluant les villes de Beni, Butembo et Lubero.

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« Depuis le mois de Mars 2024, de centaines d’originaires du Sud-Kivu sont agressés, insultés, tabassés, tués et emprisonnés sans motifs ni jugement, comme des vulgaire bêtes dans les grand coins du grand Nord (Butembo, Beni, Lubero, etc…) ».

Ces exactions, selon les dénonciations, sont motivées par des différences ethniques, où les personnes originaires du Sud-Kivu sont visées en raison de leur appartenance à des groupes ethniques différents de ceux dominants dans ces régions du Nord-Kivu.

« Honorable président, nous réclamons : dignité pour toutes ces personnes déshonorées dans leur propre patrie, justice pour nos frères qui sont mort dans les prisons de Béni et de Bembo sans jugement Libération sans conditions et sans délais de nos frères du Sud-Kivu arrêtés illégalement et arbitrairement et qui sont dans des prisons à Beni, Butembo et Lubero », lit-on.

Les jeunes citoyens signataires de la lettre lancent un appel désespéré aux autorités du pays, notamment au président de l’Assemblée nationale, aux gouverneurs des provinces du Nord et du Sud-Kivu, ainsi qu’aux représentants de la société civile et des médias.

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Ils dénoncent ce qu’ils qualifient de « guerre tribale » en gestation, avertissant que si des mesures urgentes ne sont pas prises, ces violences pourraient se transformer en un conflit meurtrier. Selon eux, la situation actuelle pourrait être la plus grande tragédie tribale de ce 21e siècle en Afrique.

« Nous sommes prêts pour la vengeance », affirment-ils, un cri de détresse qui montre à quel point la situation est tendue et le sentiment de révolte qui gronde parmi les jeunes du Sud-Kivu face à l’inaction apparente des autorités publiques.

Les accusations de violences comprennent des agressions physiques, des arrestations arbitraires, des exécutions sommaires et une détention sans jugement, des actes qui violent directement les principes de la Constitution congolaise, notamment l’article 51, qui garantit la protection de toutes les communautés ethniques du pays.

Les signataires de la lettre rappellent que la Constitution de la République Démocratique du Congo engage l’État à assurer la coexistence pacifique entre les groupes ethniques et à promouvoir la dignité humaine. Cependant, dans le contexte actuel, les autorités congolaises semblent impuissantes face à l’escalade des violences tribales et à la persistance de ces abus, souvent perpétrés en toute impunité.

Ces jeunes du Sud-Kivu exigent des mesures concrètes et immédiates : la libération sans condition de tous les détenus originaires du Sud-Kivu emprisonnés illégalement, la justice pour ceux qui ont perdu la vie sous les coups des forces de sécurité, et la fin des traitements cruels et inhumains infligés à leurs concitoyens dans les prisons du Nord-Kivu. Ils interpellent le gouvernement sur le caractère urgent de la situation, et dénoncent l’indifférence qui pourrait, selon eux, précipiter le pays dans un chaos encore plus profond.

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À travers cette lettre, ces jeunes du Sud-Kivu lancent également un appel à l’unité et à la solidarité nationale.

Ils soulignent que la lutte contre le tribalisme et les discriminations ne peut se réduire à de simples discours, mais doit se traduire par des actes concrets et une volonté politique de mettre fin à l’impunité.

« Lutter contre le tribalisme par le discours en lieu et place de rendre effectivement justice, c’est aussi de l’indifférence », déclarent-ils. 

Eliane Mufungizi

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