Intervenons-nous

    À Bukavu, des maisons et parcelles de l’État sont vendues et spoliées à grande échelle. Plus d’une cinquantaine des maisons de l’Etat ont été spoliées au cours de dix dernières années à Bukavu et d’autres seraient dans le viseur des spoliateurs pour priver l’Etat congolais de ses biens.

    Le lac Kivu (un bien public) est repoussé à plusieurs endroits où sont érigées des maisons qui, demain ou après-demain, avec le changement climatique, peuvent se retrouver englouties dans le lac. Les 10 mètres de rives qui sont des espaces protégés sont vendus sans peur, au vu et au su de tout le monde.

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    Dans les tous récents rapports publiés par les structures de la Société Civile, on note que ces spoliations des maisons de l’Etat se font par et avec la complicité des fonctionnaires payés par l’Etat congolais.

    Les plus indexés dans cette pratique sont les agents de l’administration foncière en province, les services de l’Urbanisme et surtout les magistrats.

    Qui sont les architectes des spoliations des biens de l’Etat au Sud-Kivu?

    Dans le rapport de septembre 2023 publié par le Bureau de Coordination de la Société civile du Sud-Kivu, son président avait d’ailleurs fait référence à certains magistrats « bien connus » qui se sont transformés en avocats des spoliateurs.

    « Certains sont à Kinshasa à la Cour et Parquet de Cassation et donnent des injonctions à leurs collègues se trouvant ici à Bukavu. Nous nous demandons pourquoi l’Etat congolais ne gagne jamais de procès contre ces spoliateurs qui viennent avec des jugements cousus de toutes pièces pendant qu’il a des magistrats et avocats payés et logés par lui-même ? », s’interrogeait le bureau de Coordination de la Société civile du Sud-Kivu. 

    Lire aussi : Spoliation des biens de l’Etat au Sud-Kivu : l’Assemblée Nationale saisie !

    La Société Civile avait noté que dans cette sale pratique, des magistrats notamment comme des protecteurs de spoliateurs au détriment de l’Etat jusqu’à autoriser souvent de déloger, d’humilier et de ridiculiser l’Etat en déguerpissant de manière honteuse et inhumaine ses hauts fonctionnaires y compris leurs propres collègues.

    « Un État sérieux peut-il prendre des jugements contre lui-même pour se faire ravir ses propres biens en faveur des privés en jetant sur la rue ses propres agents et services publics? », s’interrogeait la Société civile du Sud-Kivu. 

    Des autorités politiques sont également citées dans certains cas de spoliation. 

    « Nous avons les politiciens qui gèrent la province, les services fonciers et cadastraux, nous avons les cabinets d’avocats qui justement, à cause de l’argent, acceptent d’accompagner ces spoliateurs et un réseau de commerçants des minerais qui sont intouchables qui achètent les maisons de l’Etat », soutenait Adrien Zawadi, alors Président du bureau de Coordination de la Société civile.

    Il avait également affirmé que la Société Civile détenait des informations sur une autre vingtaine de maisons en cours de spoliation dans la ville de Bukavu.

    Des fonctionnaires payés par l’Etat pour lui arracher son patrimoine en contrepartie !

    En effet, cette situation qui s’est étendue sur toute l’étendue de la province a vu plusieurs concessions du domaine privé de l’Etat et d’autres immeubles faire objet de spoliation ou de tentative de spoliation. Comme dans d’autres cas de spoliation connus par le passé, les méthodes sont les mêmes : désaffectation pour telle ou telle autre cause ou encore des terrains « ravis » à l’Etat sous un Contrat de « Partenariat Public-privé ».

    Un rapport publié par la commission d’enquête  instituée par l’Assemblée provinciale de la législature passée avait cité plusieurs fois le Gouverneur de l’époque Théo Ngwabidje qui, soit par son nom direct ou par personnes interposées aurait réussi à dépouiller l’Etat congolais de ses immeubles notamment en ville de Bukavu comme à l’intérieur de la province.

    La commission d’enquête de l’Assemblée Province avait révélé ce qui pourrait être une infime partie de l’iceberg sous la gouvernance de Théo Ngwabidje Kasi.

    Un nouveau leadership protecteur des domaines publics de l’Etat à la tête de la province ?

    En effet, depuis 2012 jusqu’à nos jours, la Société Civile ne fait que dénoncer tous les stratagèmes mis en place par les agents fonciers et cadastraux, les magistrats et les politiciens pour dépouiller l’Etat congolais de ses biens.

    Différentes alertes ont fait qu’en 2012, sous les auspices du Gouverneur Marcellin Cishambo, le Procureur Général Mukonkole et le Commissaire Provincial de la Police Nationale Congolaise Gaston Luzembo initient à l’époque une opération de récupération des biens de l’Etat spoliés au Sud-Kivu. On se demande qu’est-ce qui reste de cette opération? Pourquoi elle n’a pas pu continuer jusqu’au bout? 

    Avec l’engagement et la détermination exprimés par la nouvelle autorité provinciale il y a-t-il lieu d’espérer à une fin de cette pratique ? Surtout qu’on le sait, le nouveau Gouverneur Jean-Jacques Purusi ne cesse de promettre une solution quant à ce. A chaque prise de parole, le nouveau locataire de Nyamoma ne cesse de promettre de « coincer » les spoliateurs et leurs complices.

    Mardi 2 juillet dernier, une mise en garde a été adressée aux spoliateurs des domaines publics et privés de l’Etat par le gouvernement provincial du Sud-Kivu.

    Lire aussi : Présumée implication de Ngwabidje dans la spoliation de la concession Murhala : ses proches dénoncent une « manipulation »

    Le Vice-Gouverneur avait d’ailleurs annoncé la mise sur pied d’une commission qui, selon lui, va étudier la situation au cas par cas. Me Jean-Jacques Elakano avait sollicité pour ce faire l’appui de la population dans cette démarche. Ceci constitue pour plus d’un Sud-Kivutien une lueur d’espoir de voir les nouvelles autorités de la province sur ce terrain pour que ceux qui gèrent les biens de l’Etat ne soient plus ceux qui les vendent. Ce sont les biens de tous et personne ne devrait s’en accaparer pour son propre enrichissement.

    Jean-Jacques Purusi parviendra-t-il à lier la parole à l’acte dans ce secteur qui enrichit des acteurs impliqués dans un laps de temps ? Ce sera un autre test.

    Bertin Bulonza

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