Depuis plusieurs semaines, le territoire de Shabunda, dans la province du Sud-Kivu, subit de graves perturbations sur les réseaux de télécommunications, en particulier ceux de Vodacom et Airtel. Cette situation impacte lourdement la vie socio-économique locale, entravant communication, transactions financières et activités quotidiennes des habitants.
Selon le Cadre Permanent de Réflexion pour le Développement de Shabunda (CPRDS), le problème majeur concerne la connexion internet, souvent instable et de mauvaise qualité. Les appels et SMS restent fonctionnels, mais sont fréquemment inaudibles ou coupés. Les zones les plus touchées sont Shabunda Centre, Penekusu et parfois Matili. Les utilisateurs se plaignent également de forfaits internet inutilisés, aggravant leur frustration. Les transactions mobiles, vitales pour les petits commerçants et la population, deviennent un véritable cauchemar.
« On active des forfaits internet qui ne passent jamais. Même envoyer un simple message est devenu un luxe à Shabunda. La population mérite de vivre dans des conditions normales, avec une communication fluide et fiable. Ce silence numérique affecte gravement notre développement local », déclare Akilimali Kaningini, membre du CPRDS.
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Face à ce désarroi, le CPRDS lance un appel pressant aux responsables des opérateurs télécoms pour réparer rapidement leurs infrastructures et rétablir un service stable. Lors d’une réunion élargie du conseil de sécurité locale le 7 juillet, la société civile et les autorités ont donné un ultimatum de 10 jours aux opérateurs. À défaut d’amélioration, la population menace de couper les générateurs alimentant leurs sites.
« L’inquiétude a pris une tournure plus sérieuse après cette réunion. La population est indignée. Si rien n’est fait, elle envisage d’intervenir directement en éteignant les générateurs des antennes locales », ajoute Akilimali Kaningini.
Des accusations graves circulent aussi : selon des témoignages recueillis par le CPRDS, certains agents de Vodacom et Airtel seraient impliqués dans la gestion de systèmes Wi-Fi privés. Ce double-jeu présumé pousserait la population à croire que l’instabilité des réseaux serait entretenue volontairement pour favoriser ces activités parallèles.
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Déjà confrontée à un contexte socio-économique fragile, aggravé par l’enclavement et les conflits armés, la population de Shabunda espère que cette mise en garde sera prise au sérieux afin de restaurer un accès fiable aux télécommunications, indispensable à son développement et à sa cohésion sociale.
Pour des défenseurs des consommateurs, il faut que les opérateurs respectent leurs engagements, notamment envers les zones enclavées.
« La fracture numérique ne doit plus être la norme pour des millions de Congolais. Si rien n’est fait dans les prochains jours, cette crise pourrait dégénérer en une crise sociale plus grave », commente un autre acteur de la Société Civile.
Abdallah Mapenzi