Intervenons-nous

Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités congolaises de prendre les mesures nécessaires pour identifier et arrêter les hommes armés ayant pénétré les locaux d’une radio de la province du Sud-Kivu et pour assurer la sécurité du directeur de la station menacé de mort.

 Masqués et armés de kalachnikov, trois hommes ont fait irruption dans les locaux de la radio congolaise Ngoma ya Amani RNA, dans la nuit du 27 au 28 septembre. Les assaillants recherchent alors le directeur de cette petite station qui émet à Fizi dans la province du Sud-Kivu à l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Heureusement pour Byobe Malenga, qui est par ailleurs le correspondant en Swahili de la BBC dans la région, il n’était pas sur place. Pas plus qu’à son domicile où les hommes armés se sont rendus dans la foulée.

Le lendemain, le journaliste dépose plainte et alerte des responsables sécuritaires. L’un d’entre eux lui conseille de “prendre ses dispositions ». Craignant pour sa vie,  Byobe Malenga décide de prendre la fuite en pirogue. Joint par RSF, il affirme avoir reçu de nombreux messages menaçants que nous avons pu consulter. Sur les réseaux sociaux, certains lui reprochent d’avoir dénoncé sur les ondes “l’enrôlement de réfugiés burundais dans des groupes armés”. D’autres, comme l’actuel ministre congolais de la Décentralisation Azarias Ruberwa, l’accusent publiquement d’être “au service des Maï Maï”, une milice active dans la région.

“Face à des menaces de mort aussi importantes, il n’est pas normal que le journaliste reçoive pour seule réponse une invitation à fuir pour assurer sa sécurité, déplore Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. La lutte contre les groupes armés qui sévissent dans l’est de la RDC ne peut pas s’opérer sans un soutien effectif aux journalistes et médias qui en témoignent et diffusent des messages pour décourager l’enrôlement dans les milices. Nous demandons aux autorités d’assurer la sécurité de ce journaliste et de mener une enquête sérieuse pour identifier et retrouver les auteurs des menaces. La mise en place d’un mécanisme d’alerte et de réponse rapide dédié à la protection et à la sécurité des journalistes comme le propose RSF depuis plus d’un an est incontournable pour améliorer la prise en charge de ces cas et dissuader ceux qui cherchent par tous les moyens à réduire au silence les journalistes et médias qui dérangent leurs dessins guerriers ou criminels.”

Contacté par Reporters sans Frontières (RSF), le colonel Mukaz Davi opérant pour les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dans la région a assuré qu’une enquête était “en cours” mais que les hommes armés n’avaient pas encore été identifiés.

C’est la deuxième fois cette semaine que RSF alerte sur la situation de journalistes contraints de fuir et de se mettre à l’abri après avoir reçu des menaces de mort. La rédactrice en chef de la radio Pole FM Rozenn Kalafulo vit cachée depuis plus d’une semaine après avoir été informée que des responsables militaires projetaient de s’en prendre à elle.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi il y a deux ans, le discours a radicalement changé en faveur de la liberté de la presse mais faute de réformes institutionnelles, les exactions commises contre les journalistes et les médias se maintiennent à un niveau extrêmement préoccupant caractéristique l’ère de Joseph Kabila, considéré par RSF comme un prédateur de l’information.

La RDC occupe la 150e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters Sans Frontières (RSF) en 2020.

Avec RSF

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