Les enseignants des écoles primaires publiques et conventionnées catholiques du Nord-Kivu et du Sud-Kivu dénoncent un abandon total de la part du gouvernement congolais. Depuis plus de quatre mois, ils affirment ne plus percevoir les frais de fonctionnement, ce qui aggrave leur précarité et compromet sérieusement le fonctionnement des établissements scolaires dans cette région déjà fragilisée par l’insécurité.
Une alerte lancée par le SYNECATH
Mardi 13 mai 2025, le Syndicat National des Enseignants des Écoles Conventionnées Catholiques (SYNECATH) du Sud-Kivu a tiré la sonnette d’alarme. Le coordinateur des leaders syndicalistes des provinces, Jacques Cirimwami, a exprimé son indignation face à ce qu’il qualifie de « souffrance inhumaine ».
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« Notre souffrance dépasse l’humanisme. Cela fait plus de quatre mois que les écoles du Nord et du Sud-Kivu n’ont pas reçu un seul franc de frais de fonctionnement », déplore-t-il.
Il s’interroge sur le silence du ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST) et du Comité de suivi et de la paie, face à cette situation jugée intenable pour les enseignants.
Des salaires non payés et une situation critique
Le syndicat fustige également la délocalisation des salaires de certains enseignants vers d’autres provinces, une mesure du ministère jugée incompréhensible dans un contexte d’instabilité.
« Les enseignants de Shabunda, Mwenga, Fizi et Kalehe doivent être payés. Ce sont des humains, ils enseignent chaque jour. Ils méritent leurs droits », insiste Jacques Cirimwami.
Une proposition ignorée par le gouvernement
Pour remédier à cette crise, le SYNECATH avait proposé que les frais de fonctionnement et primes de gratuité soient directement versés dans les comptes des chefs d’établissement. Une solution simple, selon eux, pour éviter les blocages liés aux circuits bancaires dans des zones en conflit. Une proposition qui, à ce jour, n’a pas été prise en compte par le gouvernement.
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Une crise aggravée par le conflit armé
Dans un contexte de dégradation sécuritaire marquée par l’occupation de certaines zones par les rebelles du M23-AFC, soutenus par le Rwanda selon l’ONU, la situation socio-économique se détériore davantage. La fermeture de plusieurs banques dans la région rend les paiements encore plus difficiles, d’où l’appel urgent lancé au gouvernement de trouver des mécanismes alternatifs pour le paiement des enseignants.
« Trop c’est trop. Soit le ministre de l’Éducation se soucie de ce secteur, soit il en tire les conséquences. Nous attendons de voir comment les choses vont évoluer », conclut le syndicaliste.