L’approche du premier anniversaire de son accession au pouvoir comme chef de l’Etat le 24 janvier 2020 courant, était l’occasion propice pour le Chef de l’Etat ; Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo de faire le bilan de son action. Pour se faire, Notre confrère Symphorien Katende, producteur de l’émission « Dead Line » sur Kin 24 TV a ouvert son micro au professeur Tharcisse Henri Kasongo Mwema Yamba Yamba, porte-parole du président de la République. Débutant par son programme d’urgence dit des « 100 Jours » en passant par la coalition formée avec le FCC et son action diplomatique ainsi que ses nombreux voyages à l’étranger pour terminer par son projet de gratuité de l’enseignement de base et les perspectives pour l’année qui débute. Rien n’a été laissé de côté au cours de cet entretien.
Commençant par dresser la personnalité du président Félix Tshisekedi, M. Kasongo Mwema considère que forcément la dimension de la personne a naturellement changé depuis sa prise de pouvoir. « Le poids qu’il avait en tant qu’opposant et en tant que président de l’UDPS, et le poids qu’il a maintenant en tant que président de la République Démocratique du Congo sont des choses extrêmement différentes. Il est évident aujourd’hui, avec sa prise de fonction, il a pris lui-même une nouvelle dimension. Et cette dimension n’a rien à voir avec la dimension qu’a un chef de parti. »
Néanmoins, malgré la hauteur de sa fonction, le président reste fondamentalement attacher à ce qui touche la population, dixit son porte-parole. Il « a gardé ses bases idéologiques qui le mettent tout près de la population » puisque à plusieurs reprises dans les réunions et devant des auditoires ou des personnalités, « il n’arrête pas de rappeler que son moteur de fonctionnement c’est « le Peuple d’abord ! »
Sur le programme d’urgence dit des « 100 Jours »
Concernant le lancement du programme d’urgence des 100 jours, Kasongo Mwema explique que le chef de l’Etat a décidé de mener ce programme d’urgence parce qu’il savait que la décision de faire une coalition (plutôt qu’une cohabitation) dans la formation du futur gouvernement – même si c’était la meilleure solution – allait prendre du temps à se mettre en place en raison des discussions qui devaient avoir lieu. Mais en attendant que le gouvernement entre en fonction, le président n’a pas voulu rester les bras croisés, d’où le lancement du programme d’urgence des 100 jours.
« Le chef de l’Etat a eu cette idée lumineuse de commencer et le gouvernement viendra poursuivre puisque le programme qu’il a est pour 5 ans (voir plus…) mais, dans l’immédiat, en attendant que le gouvernement entre en fonction, il faut montrer à la population que nous sommes là pour changer les choses ; pour construire », a expliqué le porte-parole du président qui appelle, en outre, à faire une analyse secteur par secteur pour se faire une meilleure idée de l’évolution de ce programme. « Il y a des secteurs effectivement où les choses se sont très bien passées comme la décrispation, des prisonniers libérés… et d’autres moins bien […] Avant de révéler l’objectif réel poursuivi avec ce programme. « Dans ce programme des 100 jours l’idée était de montrer ce que nous étions capables de faire […] et de montrer qu’il [le Président] avait confiance dans l’expertise congolaise. »
Pour ce qui est du respect des délais de 100 jours, le porte-parole explique que « Le programme d’urgence n’élimine pas le programme du quinquennat mais il est tiré du quinquennat à savoir voir ce qui peut rapidement être fait en attendant que le gouvernement prenne le relais pour la durée du quinquennat. » Bref, il s’agissait plutôt d’un calendrier global que le président de la République a donné à cette action « car il ne fallait pas non plus que cela dure ad vitam aeternam ». C’est ainsi que même « le début des travaux des 100 jours n’a pas coïncidé avec le lancement de ce programme », justifie Kasongo Mwema.
S’agissant de l’impact de ces 100 jours sur le quotidien social des Congolais dont certains considèrent que le chef de l’Etat n’a pas encore touché du doigt, M. Kasongo considère que le social « ne peut se faire sans route. » Et de poursuivre son raisonnement par une réflexion « pourquoi les denrées alimentaires coûtaient si chère ? Parce qu’il n’y avait pas de route […] Prenez simplement le pont de la Tshopo qui permet de relier plus ou moins 3 provinces. Ce petit pont permet l’acheminant des denrées alimentaires.. […] C’est vrai que l’on peut critiquer: « Oui mais pourquoi avoir commencé par le pont ? » Oui mais par le pont arrivent tous les biens dont le Congolais a besoin… Lorsqu’on parle du social, il ne faut pas se limiter à ce qui arrive dans l’assiette, mais il faut se dire aussi que ce qu’on fait comme route c’est pour préparer le social… »
Felix Tshisekedi « initiateur de la coalition FCC-CACH »
Abordant la coalition formée avec le FCC, Tharcisse Kasongo Mwema considère que le président de la République est l’initiateur de la coalition car c’est lui « qui a voulu cette coalition » afin de d’éviter une cohabitation où l’on risquait de passer son « temps à se tirer dessus et à s’empoigner » et donc, comme il est en quelque sorte l’initiateur de cette coalition, afin de préserver l’unité de la RDC, il ne peut qu’être le premier à la protéger et à vouloir la consolider.
Néanmoins, il concède que Felix Tshisekedi est conscient que « même dans son propre camp, dans sa propre famille politique, il y a encore des gens qui rechignent à être à la même table avec ceux qui leur courraient après avec des bombes lacrymogènes » mais, il essaye de faire de la pédagogie et faire comprendre le bien-fondé de l’action qui est en train d’être menée et puis on essaye d’avancer « Mais naturellement après un certain temps le chef de l’Etat va faire une évaluation. »
Etant une situation nouvelle qui ne s’était jamais produite en RDC, tout le monde est dans l’apprentissage. « Il est normal qu’il y ait des couacs, c’est normal qu’il y ait des retards ; c’est normal qu’il y ait de l’incompréhension… », a expliqué le porte-parole de la Présidence.
« Il n’y a jamais d’ennemis éternels »
Parlant de la diplomatie et des voyage à outrance du chef de l’Etat, Tharcisse Kasongo Mwema, a, tout d’abord, tenu à rappeler qu’au moment de la prise de pouvoir de Felix Tshisekedi les rapports avec les voisins et certaines puissances occidentales étaient « exécrables ». Et que la première chose que Felix Tshisekedi a fait fut de rassurer les voisins en montrant que le « pouvoir à changer de mains… Il y a un nouveau président qui « veut travailler la main dans la main avec les voisins. » C’est ainsi que les premières déplacements furent faite dans les pays voisins, affirme le porte-parole.
Concernant les accointances du président Tshisekedi avec Paul Kagame et son rapprochement avec le Rwanda, le porte-parole a tenu à signifier que « C’est vrai que nous avons un passé avec certains de nos voisins » mais « Il n’y a jamais d’ennemis éternels ». Et de prendre l’exemple de la France et l’Allemagne dans la construction européenne.
« La France et l’Allemagne se sont fait la guerre pendant des années, aujourd’hui la France et l’Allemagne sont les locomotives de l’Europe, d’une Europe qui marche d’une Europe qui rivalise avec les Etats-Unis. Si les pères fondateurs de l’Europe étaient resté dans le ressenti historique, l’Europe ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. » Et de poursuivre, « Je ne sais pas ce qu’on gagne en se faisant la guerre… Rechercher la paix n’est pas un aveu de faiblesse… Là où l’on peut gagner le voisin sans lui faire la guerre, j’imagine qu’il y a beaucoup plus intérêt à utiliser cette méthode… Et nous avons l’impression que cette méthode marche… », fait-il savoir.
Selon lui, « ces voyages rapportent beaucoup à la République Démocratique du Congo même si cela n’est pas en espèce sonnante et trébuchante » et même à ce sujet, le chef de l’Etat y avait déjà répondu « à ceux qui font les calculs », insiste-t-il.
Gratuité de l’enseignement, « le socle du développement » dans l’esprit du président
Abordant la problématique de la gratuité de l’enseignement, M. Kasongo Mwema ne considère pas la gratuité comme « un essai erroné » d’autant plus que dans l’esprit de Felix Tshisekedi « le socle du développement c’est : l’homme. Un homme qui est instruit, qui est bien éduqué, qui a étudié dans des bonnes écoles et qui a été bien forme. C’est cet homme-là que l’on va retrouver à la tête des entreprises. » Donc, on ne doit pas négliger la formation de nos enfants et c’est ce qui a motivé le choix du président dans les dispositions de la Constitution à mettre en œuvre.
« L’une des grosses erreurs que l’on a commises dans notre pays est d’avoir négligé l’enseignant du primaire […] or en négligeant l’enseignant, on négligeait aussi l’enseigné…», a expliqué le porte-parole du président.
Certes la mesure de la gratuité « même si elle ne fonctionne pas correctement partout », reconnait-il, il s’agit, toutefois, d’un grand chantier et « Le président Felix Antoine Tshilombo a décidé que son quinquennat allait être marqué par la mise en pratique de la gratuité dans l’enseignement d’abord au niveau primaire car c’est la base… le fondamental de l’enseignement dans un pays, ensuite les moyens entrants, on va envisager le secondaire et pourquoi pas le supérieur… », conclut-il à ce sujet.
Finalement, pour ce qui est des perspectives de l’année 2020, d’après M. Kasongo Mwema, la vision du président de la République est de mettre « L’Homme, dans toutes ses dimensions, au centre de son action ». Ainsi, il va notamment se focaliser sur plusieurs caps dont : la couverture maladie universelle, qui est quelque chose à laquelle le chef de l’Etat tient ; la numérisation de la chaîne des dépenses et des recettes ; et la mise en place des 5 zones agro-industrielles.