Intervenons-nous

Le Groupe d’experts a réuni des preuves que les combattants du M23 avaient commis de multiples violations du droit international humanitaire et de graves atteintes aux droits humains dans les zones qu’ils contrôlaient y compris des meurtres et des viols. C’est ce que confirme le récent rapport de ces experts de l’ONU consulté par LaPrunelleRDC.CD.

Les actes énumérés ci-après constituent des actes sanctionnables en vertu du paragraphe 7 e) de la résolution 2293 (2016) du Conseil de sécurité, qui en a reconduit les dispositions dans sa résolution 2641 (2022).

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« Les civils qui se trouvent dans les zones occupées par le M23 ont indiqué qu’ils vivaient dans la crainte de persécutions, car les personnes soupçonnées de collaborer avec les autorités congolaises, les FARDC ou les « groupes armés ennemis » étaient arbitrairement arrêtées, détenues ou parfois torturées à mort. Certains individus capturés par le M23 ont disparu sans laisser de traces. Des témoins vivant dans des zones contrôlées par le M23, dont un chef local installé par le M23, ont parlé d’un « devoir » de dénoncer les personnes soupçonnées de collaborer avec les FARDC ou les groupes armés ennemis », lit-on dans le rapport.

Le Groupe d’experts a constaté que le M23 commettait des meurtres « indiscriminés » et « ciblés » de civils, ce qui constitue un changement de tactique par rapport à la période précédente.

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« En particulier, les opérations contre les bastions des FDLR ont coïncidé avec des meurtres de civils, punis parce qu’ils étaient soupçonnés d’être des proches ou des sympathisants des FDLR, ou d’autres groupes armés hostiles au M23, surtout lorsque la population locale résistait à l’occupation du M23. Le Groupe d’experts a documenté des exécutions sommaires de civils et de combattants capturés ou de combattants présumés par le M23 ainsi que le viol de dizaines de femmes », affirme le document.

Le M23 a également pillé systématiquement les biens et les récoltes de la population locale et forcé les habitants à contribuer aux rations de ses combattants.

 Tueries à Kishishe le 29 novembre 2022

Le 29 novembre 2022, le M23 a perpétré une série de représailles sanglantes contre des civils dans la ville de Kishishe, à la suite d’une confrontation armée avec des groupes armés locaux, notamment les FDLR et les Maï-Maï. Le M23 a nié avoir tué des civils, affirmant que « seulement » huit d’entre eux avaient péri dans des tirs croisés.

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« Cependant, les enquêtes menées par le Groupe d’experts ont révélé que plus de 100 personnes avaient été tuées après que le M23 eut procédé à une fouille de maison en maison, exécutant des civils non armés, principalement des hommes et des garçons, dont certains n’avaient pas plus de 12 ans, sous prétexte qu’ils étaient des combattants ou des partisans de groupes armés ennemis – sans toutefois vérifier leur identité. Après la prise de Kisheshe, les combattants du M23 ont systématiquement pillé les biens des civils et violé plusieurs femmes » affirme le rapport.

Tueries à Kazaroho en février 2023 

Les preuves recueillies par le Groupe d’experts ont confirmé le meurtre d’au moins 11 personnes, dont une femme et deux enfants, à Kazaroho, le 26 février 2023 ou autour de cette date. Selon des témoins cités dans ce document, les victimes ont été tuées par le M23 alors qu’elles travaillaient dans des champs agricoles précédemment contrôlés par les FDLR.

Kazaroho, ancien siège de l’état-major de secteur des FDLR, a été une cible clé des opérations du M23 et de la RDF.

Selon des témoins les meurtres ont manifestement été commis par le M23 pour punir des présumés membres des FDLR et leurs proches, étant donné qu’aucun affrontement armé n’avait eu lieu avec les FDLR avant ces meurtres.

Des photographies obtenues par le Groupe d’experts montrent des corps de victimes, certaines tuées avec les bras attachés dans le dos. De nombreuses maisons ont été incendiées, dont certaines ont été confirmées comme appartenant aux FDLR ou à leurs dépendants.

.Viols dans les zones contrôlées par le Mouvement du 23 mars

De nombreux viols ont été signalés dans les zones contrôlées par le M23, commis par des combattants du M23.

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Des personnes travaillant avec des survivantes de violences sexuelles ont recensé au moins 60 femmes, dont huit filles mineures, qui ont été violées par des combattants du M23 dans le territoire de Rutshuru depuis novembre 2022. Le Groupe d’experts a interrogé 12 femmes, dont trois mineures, qui ont été violées alors qu’elles retournaient chez elles chercher de la nourriture.

« Les femmes ont décrit les assaillants comme étant des combattants du M23 en tenue militaire complète, bien armés et parlant le « kinyarwanda du Rwanda ». Le Groupe d’experts a également documenté le viol de plus de 20 femmes et filles à Bambo ou dans ses environs, dans la chefferie de Bwito, pendant ou après la prise de contrôle de la ville par le M23 le 21 novembre 2022. Le Groupe d’experts a interrogé trois femmes qui avaient été soumises à un viol collectif par des combattants du M23 dans des circonstances similaires. Une jeune femme a été victime d’un viol collectif alors qu’elle s’était réfugiée dans une maison avec six autres femmes. Douze hommes, qu’elle a identifiés comme des combattants du M23 parlant le kinyarwanda, les ont violées à tour de rôle », explique les Experts de l’ONU.

Le plus frappant est que les trois femmes ont toutes déclaré qu’on leur avait demandé où se trouvait leur mari avant de les violer. L’une d’entre elles s’est fait traiter d’« épouse Nyatura » en raison de ses cheveux tressés.

Sur la base des preuves recueillies, le Groupe d’experts a noté une tendance à recourir au viol pour punir ou humilier les femmes présumées être des proches de combattants ennemis.

Travail forcé

Ce n’est pas tout. Les combattants du M23 ont systématiquement utilisé des civils pour effectuer des travaux forcés, notamment pour transporter des munitions et des biens pillés, ou accomplir le « salongo », c’est-à-dire des travaux d’intérêt général obligatoires. Les personnes qui refusaient étaient punies ; certaines ont été tuées.

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3 commentaires

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