Le drame survenu sur l’axe Masimanimba–Kenge, dans la nuit du 5 au 6 décembre 2025, a plongé le Kwango dans le deuil. Cinq enseignants y ont perdu la vie alors qu’ils tentaient de rejoindre une ville éloignée pour percevoir leurs salaires, faute d’infrastructures bancaires de proximité. Cette tragédie a ravivé un débat déjà brûlant : celui de l’exclusion financière qui continue de fragiliser les populations du Kwango.
L’émotion reste vive au sein de la communauté éducative comme dans toute la province. Le Gouverneur Willy Bitwisila a exprimé sa profonde compassion.
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« La perte de ces vaillants enseignants, porteurs de savoir et d’espoir pour notre jeunesse, constitue une douleur immense pour toute la province », a-t-il déclaré.
Mais derrière l’hommage, un constat implacable se dessine. Ce drame n’a rien d’une fatalité : il révèle les conséquences directes d’un manque criant de services bancaires dans la région.
Des milliers d’agents de l’État sont contraints à des déplacements longs, coûteux et dangereux pour accéder à leur rémunération. Chaque fin de mois devient une épreuve, exposant travailleurs et fonctionnaires aux risques routiers et à l’insécurité.
Face à cette réalité, le Gouverneur Bitwisila a transformé son message de condoléances en un appel pressant aux institutions financières du pays.
« Ceci vient nous rappeler à tous l’extrême nécessité de faire installer ici, dans notre province, des banques crédibles, pour éviter que ces drames se reproduisent encore. Je prends l’engagement de travailler pour que cette situation change », a-t-il affirmé.
L’autorité provinciale veut désormais faire de l’implantation de succursales bancaires un axe prioritaire de son action. Selon lui, il en va de la sécurité des populations, mais aussi de la stabilité économique du Kwango.
Au-delà de la perception sécurisée des salaires, l’installation de banques permettrait de dynamiser l’économie locale. L’inclusion financière ouvre la voie à l’épargne formelle, au crédit, à l’investissement, à l’entrepreneuriat et à la modernisation des échanges économiques. Elle réduit également les risques liés à la manipulation de liquidités, encore largement dominante dans cette province enclavée.
Le Gouvernement provincial promet de mobiliser toutes les ressources politiques nécessaires pour convaincre les établissements bancaires que le Kwango représente un marché viable, doté de fortes potentialités.
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Alors que le Gouverneur a assuré aux familles endeuillées le « soutien moral et institutionnel » de son administration, les regards se tournent désormais vers la traduction concrète de ces engagements. Pour la population, le meilleur hommage à rendre aux cinq enseignants disparus serait de mettre fin à cet isolement financier qui coûte des vies.
Joseph Aciza

