Les épouses et veuves des militaires, les femmes militaires et les femmes autochtones révèlent au Centre d’Excellence Denis Mukwege des conditions difficiles dans lesquelles elles vivent.
Le Centre d’Excellence Denis Mukwege de l’Université Évangélique en Afrique (CEDM /UEA) a échangé avec les femmes militaires, les épouses et veuves des militaires et les femmes autochtones sur leurs conditions de vie ce mercredi 21 juillet 2021. Objectif: épingler les problèmes qu’elles rencontrent au quotidien et voir dans quelle mesure elles peuvent être accompagnées dans le cadre de la capacitation.
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Avant de discuter sur les difficultés que traversent cette catégorie de femmes du territoire de Kabare, dans le camp militaire de Nyamunyunyi et Buyungule, les organisateurs de cette séance ont outillé ces femmes sur les différentes formes de violences et le rôle que doit jouer chaque membre de la famille pour le foyer.
Dans des « focus groups », ces femmes affirment vivre beaucoup des difficultés dans leurs foyers et dans la société.
Par exemple, les femmes militaires vivent dans la discrimination et ne reçoivent pas tous les avantages comme leurs collègues hommes.
« Les femmes militaires nous ont révélé qu’elles travaillent mais ne reçoivent jamais la ration. Elles ont droit seulement à leur salaire. Elles ont affirmé que ça fait beaucoup d’années qu’elles n’ont pas d’avantages sociaux comme leurs collègues hommes. Je pense que c’est un problème qui n’est pas de moindre taille. », regrette madame le Professeur Ngongo Fatuma, Secrétaire Générale Académique de l’Université Évangélique en Afrique (UEA).
Des problèmes sont légion, constate Agino Cecilia qui a accompagné les épouses et veuves des militaires dans leur groupe de discussion.
« Elles ont d’abord soulevé un problème d’insuffisance des moyens pour subvenir aux besoins de leurs familles. Elles ont dit que les salaires des maris sont insuffisants alors que les femmes n’exercent pas des activités génératrices des revenues pour appuyer leurs maris. Les femmes des militaires ne participent pas aux décisions importantes de la famille. Il existe aussi plusieurs stéréotypes sur les veuves des militaires qui sont taxées d’avoir jeté un mauvais sort à leurs maris pour qu’ils soient tués sur les champs de bataille », note Agino Cecilia, responsable de l’Académie des Compétences au CEDM.
«Les femmes Autochtones, elles, volent, dans les champs et maisons de leurs voisins pour survivre », regrette Blandine Mushagalusa, assistante à l’UEA.
Elle ajoute que l’Etat Congolais devrait octroyer des terres à ces femmes pour l’agriculture, car, rappelle-t-elle, une femme ne peut pas prendre en charge sa famille en volant quotidiennement dans les champs des autres.
« Les femmes autochtones n’accèdent pas aux soins de santé, leurs maris n’ont pas de travail, leurs enfants ne sont pas scolarisés, elles n’ont pas d’eau potable, ces femmes disent que suite au manque d’eau, elles ne se lavent qu’une fois tous les sept jours. Vous ne pouvez pas vous imaginer combien ces femmes sont exposées aux maladies », explique-t-elle.
Ces femmes remercient le CEDM de les avoir outillées sur comment vivre dans la famille et comment éviter toute sorte de violence.
Elles recommandent que les hommes et surtout des officiers militaires puissent être aussi formés sur la question des violences sexuelles, celles basées sur le genre et la masculinité positive.
Elles ont aussi exprimé le besoin d’être formées dans la Coupe et Couture et autres métiers pouvant leur permettre de subvenir aux besoins de leurs familles.
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Cet atelier de réflexion s’est tenu à l’Église 8ème CEPAC Kashusha Penuel dans le territoire de Kabare au nord du Sud-Kivu.