Intervenons-nous

Dans cet article, Nicolas Kyalangalilwa, un influent acteur de la Société Civile analyse le discours du Chef de l’Etat sur l’état de la Nation avec un accent particulier sur la situation sécuritaire à l’Est de la RDC. Quid de l’état de siège ainsi que du partenariat entre l’armée congolaise et celles de l’Ouganda et du Rwanda ? Voici l’analyse dans la nouvelle chronique « Mon point de vue ».

« Dans son discours sur l’état de la Nation, prononcé devant le congrès (L’assemblée Nationale et le Senat) réunis le lundi 13 décembre 2021 à Kinshasa, un discours qui a duré plus de 90 minutes, le Président de la République Son Excellence Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo est revenu sur plusieurs sujets dont la diplomatie (son mandat à la tête de l’Union Africaine et multiples voyages), la sécurité (état de siège, banditisme urbain et collaboration avec les armées de la région-l’Ouganda et le Rwanda), la Justice, l’économie, les infrastructures, la politique (la CENI, les élections et l’Union Sacrée) et le social de la population.

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Pour un discours à mi-mandat, il faut quand même reconnaitre que les réalisations (et il y en a beaucoup) sont vagues et faibles. Le Président est revenu sur beaucoup d’objectifs à réaliser en 2022.

Le discours sur l’Etat de la Nation, donne l’impression à un observateur non-averti que 2022 sera l’année de toutes les réalisations.

Une telle position est-elle réaliste ? J’émets des réserves quant à la réalisation de tout ce qui a été promis durant la seule année 2022 (routes, développement des territoires, etc.).

Il y a beaucoup des points qui n’ont pas été mentionnés dans le discours du Président, qui pourtant, sont des sujets à débat de la vie quotidienne des congolais : la question de la taxe RAM, les grèves à répétition dans presque tous les secteurs (enseignement, médical, justice, etc.) et plus particulièrement celui de l’enseignement primaire (avec le dossier de la gratuité de l’enseignement qui était supposée être la plus grande réalisation du quinquennat du President Félix).

Un des points sur lequel le Président est revenu longuement est celui de la sécurité.

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On se souviendra tous de la fameuse phrase : « je suis prêt à donner ma vie pour que la paix revienne à l’Est du Congo » ou cette autre : « je mettrai mon quartier général à l’Est- Beni ».

Il s’agit ici d’un des sujets clés que le Président prend très au sérieux. Il sait qu’il sera évalué sur cette question lors des prochaines élections (et qui sait quand celles-ci se feront ? Malgré les promesses de les tenir dans le délai constitutionnel, encore faut-il définir ce que l’on entend par ce terme « délai constitutionnel ».

On rapporte déjà dans certains salons politiques, des bruits d’un probable glissement et d’un dialogue en téléchargement.

Tous les acteurs majeurs seraient d’accord avec cette idée. C’est dans ce sens d’ailleurs que certains interprètent la libération provisoire de Monsieur Vital Kamerhe. Mais qui sait, l’avenir nous le dira, après tout il n’y pas de secret sous le soleil !).

Le Président a décrété l’Etat de siège, il y a de cela plus de six mois. Cette proclamation de l’Etat de siège a d’abord fait l’objet d’un vaste consensus de la part des toutes les couches politico-sociales. Les gens étaient fatigues des tueries quotidiennes. Cependant ces derniers temps, un remous s’observe surtout quand les résultats de l’état de siège semblent mitigés sur terrain. Des appels notamment de la Société civile et des politiques s’élèvent pour revendiquer que l’on mette fin à l’Etat de siège ou alors simplement que l’on procède à sa requalification.

Pendant que le débat sur l’Etat de siège n’est pas encore clos, c’est l’armée Ougandaise qui est appelée à la rescousse des FARDC.

D’abord, on essaye de cacher cette réalité mais face à des faits têtus (et grâce aux réseaux sociaux principalement), on reconnait la présence des troupes Ougandaises, venue en renfort au FARDC, pour éliminer le danger ADF.

Pourquoi on vient en aide à une équipe qui avait déjà le dessus sur son adversaire, tel que l’a martelé le Président dans son discours ?

Entre ceux qui se remémorent des affres du passé et ceux qui veulent à tout prix que prennent fin ces atrocités, quitte à pactiser avec le diables, les cris s’élèvent dans les deux sens certains soutiennent cette arrivée des troupes Ougandaises (surtout ceux originaires du Nord-Kivu et de l’Ituri), d’autres rejettent cette collaboration, et y voient une sorte de réplique moderne de cheval de Troie.

Et pour résoudre le banditisme urbain, c’est la police rwandaise qui est invitée à Goma pour aider la police congolaise. Là encore, on commence par nier les faits, mais on est rattrapé par les réseaux sociaux et le temps ! Les bruits courraient déjà ce week-end que les Burundais seraient aussi entrés dans la partie sud de la Province du Sud-Kivu pour aider à combattre les différentes milices et groupes armés dans la Plaine de la Ruzizi et les Hauts et Moyens Plateaux.

Si ces informations ci-hauts s’avéraient être vraies (au moins pour l’armée Ougandaise, l’information est confirmée par les sources officielles), comment interpréter ces actes sans faire allusion à l’histoire récente de la RDC et les guerres d’invasion qu’elle a connue ?

N’est-ce pas un aveu déguisé de l’échec de l’état de siège et de l’impuissance (ou dirai-je incapacité) de notre armée et police à résoudre nos propres problèmes ?

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Personne ne connait la réponse exacte si ce n’est ceux qui ont pris la décision d’inviter ces armées étrangères sur le sol congolais.

Plusieurs analystes (moi, y compris) pensent que le recours à des mercenaires ne serait au mieux qu’une solution de courte durée et au pire une complication d’une situation déjà alambiquée.

Il faudra que le Président de la République et son équipe pensent à des solutions locales et durables, comme par exemple la réforme de l’armée et de la police. 

Et pendant ce temps, le Sud-Kivu dans les Hauts et Moyens Plateaux la situation sécuritaire et sociale ne fait que se détériorer au point où on s’en prend à des militaires de l’armée régulière (le Major Joseph Nkamihoze tué et brulé vif à Lweba par un groupe se nommant les Wazalendo). Un peu comme pour dire que l’on pas encore fini avec cette question sécuritaire à l’est de la RDC.

Rév. Kyalangalilwa M Nicolas

Acteur de la Société Civile du Sud-Kivu »

A propos de « Mon point de vue » 

« Mon Point de vue » est une chronique d’analyse de l’actualité provinciale, nationale et régionale animée par Nicolas Kyalangalilwa, célèbre, fervent acteur de la Société Civile et diffusée sur la radio Jambo FM émettant sur 92.0 MHz à Bukavu au Sud-Kivu. Elle est diffusée tous les lundis, jeudis et dimanches à 20 heures 15. La rediffusion de ces épisodes se fait les mardis, vendredi et lundi à 8 heures du matin. LaPrunelleRDC vous les proposera également en écrit et en audio.

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