Alors qu’il annonçait sa candidature à l’élection présidentielle de 2023, le Prix Nobel congolais n’a pas raté l’occasion pour critiquer la gouvernance actuelle en République Démocratique du Congo.
Dans son discours, celui qu’on appelle les « réparateur des femmes » a dénoncé la situation que traverse le pays. Une situation caractérisée par l’insécurité, la faim, la maladie, le chômage, l’humiliation et plusieurs autres maux.
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Celui-ci a déploré l’humiliation que subi le pays sur le plan mondial, et ce malgré son potentiel. Tout cela est lié, selon lui, aux gouvernants « incompétents » et « irresponsables. »
« En dépit du torrent de promesses qui lui sont faites par des gouvernants inconséquents, irresponsables et incompétents, l’insécurité, la faim, la maladie, le chômage, l’humiliation sont le lot quotidien de notre peuple. Bien que doté d’un potentiel incommensurable de développement, notre pays est devenu la honte du continent et la risée du monde. Terrassé de l’intérieur par la mauvaise gouvernance et de l’extérieur par des rapaces qui depuis trop longtemps font main basse sur ses richesses, il est plus que jamais menacé d’implosion et de balkanisation. Oui, notre pays est menacé dans son unité, menacé dans son intégrité, menacé dans ses fondations même », a déploré Denis Mukwege.
Une crise existentielle
Le désormais candidat Président de la République a parlé d’une crise « existentielle » que traverse le Congo et qui menace le vivre ensemble.
« Nous sommes devant une crise existentielle sans précédent caractérisée par des violations répétées des textes règlementaires, y compris la Loi fondamentale, menaçant même le vivre ensemble, le débauchage politique, les interventions des forces étrangères sur le territoire national sans débat, ni autorisation du Parlement, la désignation par défi des magistrats de la Cour constitutionnelle. Cette crise existentielle concerne également la prédation des ressources nationales. A titre d’exemple, des accords léonins ont permis de brader 75% des minerais du Katanga à certaines entreprises étrangères dont l’impact sur le développement de notre pays est hypothétique », a-t-il soutenu.
Mukwege qui propose le travail et la discipline pour sortir le pays du gouffre, pense au peuple qui manque de tout.
« Il manque des infrastructures (routes, aéroports, voies ferrées, voies aériennes), il manque d’énergie, il manque d’eau potable alors que nous avons l’une de plus grandes réserves d’eau douce au monde, il meurt de faim en dépit du potentiel agricole exceptionnel de notre pays condamné honteusement à importer de la nourriture faute de production locale », a-t-il dénoncé.
Abordant l’aspect situation sécuritaire que traverse le pays, Mukwege a fait observer que la balkanisation est désormais une réalité « dangereuse ». Il a évoqué la sous-traitance de la sécurité du territoire congolais.
« Cette crise est aussi sécuritaire : la balkanisation de notre pays n’est plus une vue de l’esprit. Elle est une réalité dangereuse avec les désastres causés par la présence de centaines de groupes armés locaux et étrangers dans notre pays, la sous-traitance de la sécurité du territoire à des armées étrangères de l’East African Community et bientôt SADC, sans oublier le M23, une milice supplétive du Rwanda en RDC qui commet des graves crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Théoriquement nous sommes en guerre contre le Rwanda. Mais dans les faits, notre gouvernement lui a bradé notre souveraineté douanière en permettant aux marchandises venant du Rwanda d’entrer sur notre territoire sans payer les taxes et faute d’une politique bancaire incitative, l’argent des congolais est gardé dans des banques Rwandaises. C’est une évidence que nous ne gagnerons jamais la guerre qui nous est imposée en laissant notre gouvernement de continuer à financer nos agresseurs en sous-main », a dénoncé le Prix Nobel de la Paix 2018.
Pour Mukwege, la crise est aussi politique. Allusion faite la désignation du bureau de la CENI non consensuelle, les « assassinats politiques » et « crimes d’Etat », la restriction de l’espace des libertés et la violation des droits, les arrestations arbitraires des militants de la société civile, des journalistes, des opposants politiques.
« Certes notre pays va mal, le risque de le voir disparaitre de la carte du monde est élevé mais cette tragédie n’est pas une fatalité », a-t-il dit, soutenant que le moment est là pour renverser la vapeur et changer de direction.
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Ensemble, Mukwege appelle à s’attaquer au « mal qui ronge l’édifice de notre Nation ».
« Nous sommes capables d’éloigner le danger et de résoudre ces problèmes, a laissé entendre le Nobel congolais, qui soutient que les congolais ne doivent pas attendre la disparition de leur pays pour agir.
« Demain sera tard ! C’est aujourd’hui, C’est pourquoi je suis prêt et que j’y vais maintenant », a-t-il martelé.
2 commentaires
Vraiment tout et possible pour ilya rive, et merci beaucoup pour être Président de la République Démocratique du Congo
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