Le Professeur Bily Bolakonga, Spécialiste en Gestion des Risques Naturels de l’Université de Liège, Professeur à l’IFA Yangambi et Recteur de l’Université Mariste du Congo à Kisangani, félicite et encourage les mesures prises par le Président de la République Démocratique du Congo en rapport avec la pandémie du Coronavirus. Pour lui, elles sont à appliquer rigoureusement.
Mais pour l’enseignant d’université, ces mesures sont arrivées tardivement et manquent «cruellement » quelques précisions dans certains aspects dont ceux relatifs aux pays considérés comme non fréquentables dont nous ne recevrions pas des voyageurs-arrivants.
Il explique d’ailleurs que certains ont trouvé l’astuce de transiter par des pays voisins avant d’atteindre finalement la RDC.
S’il appelle à une grande attention dans ce cas, le Professeur Bily Bolakonga propose à considérer le confinement de Kinshasa comme une mesure urgente qui ne devrait pas attendre.
«Quoi qu’il en soit, en considérant la situation actuellement, j’estime que le confinement strict de Kinshasa assorti d’une interdiction de jonction aérienne et autre en provenance et vers cette ville (pour un minimum de 14 jours + 2) doit être considéré comme une mesure urgente qui ne devrait, en aucun temps attendre (avec comme préalable rapide un approvisionnement stratégique en denrées alimentaires et produits de première nécessité). En effet, Kinshasa est encore la seule ville du pays – en attendant d’éventuelles confirmations d’ailleurs – à compter des contaminés. Elle est aussi la seule à procéder à des examens de laboratoire mais accuse une grave incapacité à gérer correctement la crise; que dire des autres contrées du pays? » alerte le recteur de l’Université Mariste du Congo à Kisangani.
« Il est à craindre que la situation réelle soit beaucoup plus dramatique »
Aussi, dit-il, au regard de la faiblesse des moyens du pays pour faire face à une telle crise, il paraît impérieux de préférer la prévention rigoureuse à la prise en charge éventuelle «qu’on sait déjà chaotique »
«Des sacrifices en pareilles circonstances s’imposent. Les nombreuses tergiversations que nous avons connues avant les mesures édictées par le Président ont conduit à ce à quoi nous sommes arrivés aujourd’hui, à savoir l’élargissement du problème. Quand on parle de 30 cas aujourd’hui, il s’agit, en réalité, des cas connus et testés. Il s’agit en fait d’une situation de 48 heures plus tôt parce qu’il faut 2 jours pour avoir les résultats définitifs. En d’autres termes, il est à craindre que la situation réelle soit beaucoup plus dramatique. Le principe de précaution suggère qu’en présence d’incertitude, de flou, d’ambiguïté ou de perplexité, l’on doive tout arrêter! Il ne s’agit guère là d’un abstentionnisme aveugle ou négatif mais bien d’une prudence éclairée. Il ne s’agit pas d’un discours eschatologique ni apocalyptique mais le pire est sérieusement à craindre si des mesures beaucoup plus drastiques ne sont pas prises et, ce, urgemment», insiste le Professeur Bily Bolakonga.
De l’eau et des plans opérationnels d’urgence
Celui-ci préconise par ailleurs des mesures en ce qui concerne la fourniture en eau pour l’observance des règles d’hygiène. Il en appelle également à l’élaboration d’un plan opérationnel d’urgence pour chaque province.
«Des mesures devraient être prises et instructions données en matière de fourniture en eau potable sans interruption, facteur majeur dans l’observance des mesures d’hygiène. En outre chaque province de la RDC devrait se doter d’un Plan opérationnel d’urgence reprenant les aspects de prévention, des mesures thérapeutiques et de gestion des aspects socio-économiques. Le but visé étant de répondre aux impératifs de la gestion du cycle des risques: (1) Gestion avant pour éviter la survenue du risque, (2) Gestion pendant pour juguler au maximum les dégâts et (3) Gestion après pour envisager la reprise et le Développement » conclut-il à Laprunellerdc.info.
Jean-Luc M.
2 commentaires
Je pense que votre proposition est fondée car le contrôle des frontières et de mouvements de la population en République Démocratique du Congo est truffé d’incertitudes, de flou et d’ambiguïté. Face à cela, le Principe de Précaution s’avère nécessaire. Kinshasa doit être en état d’urgence sanitaire et l’intérieur du pays en confinement strict.
Je salue le leadership du Professeur Bily Bolakonga au regard de cette pandémie qui a subitement surgi et dont le dévelopment destructeur inquiète à plus d’un titre.
Les stratégies de riposte appropriée sont caractéristiques aussi bien de l’élite scientifique que politique de chaque pays, ville, contrée. Celle proposée par le professeur Bolakonga est réflexive à sa spécialité. Face à un risque majeur, il n’y a pas plus meilleur que la gestion même de ce risque. Il revient aux politiques de mettre immédiatement en oeuvre les voies objectives de sortie de crise que leur fournissent les connaisseurs du domaine, en l’occurrence, le Professeur Bolakonga.