Dans un climat de transition politique marqué par l’administration de l’AFC-M23, la Mairie de Bukavu annonce le lancement officiel de la campagne de perception des taxes, redevances et droits municipaux pour l’exercice fiscal 2025. L’annonce a été faite ce 9 juillet à travers un communiqué officiel signé par le maire de la ville, Ladys Muganza Wakandwa.
Selon le communiqué n°401/BUR/M.BKV/190/2025, cette opération s’inscrit dans un processus de « normalisation administrative », malgré un contexte local toujours sous tension. Le lancement est immédiat : les services de la mairie et des communes urbaines d’Ibanda, Kadutu et Bagira sont appelés à percevoir l’ensemble des taxes prévues par la législation municipale.
Le communiqué précise que tous les opérateurs économiques installés dans les trois communes sont concernés, quel que soit leur secteur d’activité. Des équipes seront déployées sur le terrain dès ce jeudi pour collecter les contributions.
« Nous vous invitons à collaborer avec les équipes des agents déployés sur terrain pour la perception des différentes taxes, dans un esprit de civisme fiscal et de patriotisme », déclare le maire, appelant à la coopération des assujettis.
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Ce message s’adresse à une population souvent méfiante face aux mécanismes de perception fiscale, dans une ville où les tensions politiques et les besoins sociaux sont criants.
Une fiscalité sous occupation
La particularité de cette campagne réside dans son cadre politico-administratif inédit. Depuis plusieurs mois, Bukavu est administrée sous l’autorité de l’AFC, une formation politique alliée au M23, rébellion armée qui contrôle une partie de l’Est de la RDC.
Cette situation interroge sur plusieurs plans :
Quelle légalité des actes posés par une autorité issue d’une occupation non reconnue par Kinshasa ;
Les fonds serviront-ils à des services publics ou à alimenter une administration parallèle ?
Quelle acceptabilité sociale dans un climat de défiance généralisée.
Alors que l’activité économique peine à reprendre dans une ville traumatisée par l’instabilité, cette initiative pourrait théoriquement permettre de redonner un souffle aux finances locales. Mais la légitimité de cette perception, autant que la confiance des contribuables, reste fortement compromise.
En toile de fond, une question : comment restaurer l’État de droit fiscal, dans un espace où l’État lui-même semble contester ?