Le journaliste Dieudonné Malekera, affectueusement surnommé Malik, a tiré sa révérence. Ce jeudi 17 avril 2024, dans une atmosphère lourde d’émotion, il a été conduit à sa dernière demeure au cimetière de Ruzizi 2, à Bukavu. Une foule nombreuse, toute de noir vêtue – symbole du deuil – a accompagné celui qui fut Secrétaire de Rédaction du journal Le Souverain Libre, pilier de la presse écrite au Sud-Kivu.
Avant l’inhumation, les derniers hommages ont été rendus dans le stadium de basketball de l’Institut Supérieur Pédagogique (ISP) Bukavu, un lieu symbolique pour celui qui partageait sa vie entre journalisme et sport.
Dans une homélie sobre mais poignante, le pasteur a médité sur Job 14:2, rappelant avec force que l’homme est « semblable à une fleur qui éclôt, puis se fane ». Il a invité chacun à l’humilité, et à chercher un sens profond à sa vie, au-delà du visible.
Né le 28 novembre 1953 à Bukavu, Malik laisse derrière lui une épouse, quatre enfants et douze petits-enfants. Il s’est éteint le 12 avril 2024 à Kampala, où il s’était rendu pour recevoir des soins, après une brève période de maladie.
Formé en littérature au Collège Notre-Dame de la Victoire (devenu Collège Alfajiri) et licencié en droit à Kinshasa, Malik a mené une carrière impressionnante. Il a exercé dans plusieurs provinces de la RDC – notamment à Kisangani et Bukavu – avec une signature journalistique qui imposait respect et admiration.
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Secrétaire de Rédaction du journal Le Souverain Libre, ancien rédacteur en Chef de la Radio Maendeleo, Malik était aussi un passionné de sport, membre engagé de l’Entente Urbaine de Basketball de Bukavu (EUBABUK). Son engagement dans ce domaine n’était pas un simple passe-temps, mais une autre facette de son amour pour la transmission, l’histoire et la rigueur.
Une voix libre, une plume exigeante
Claudine Lumvi, Directrice du Souverain Libre, a salué en lui « un monument du journalisme local » :
« Très exigeant dans son écriture, fidèle aux valeurs d’un journalisme libre et indépendant, Malik incarnait l’éthique et la déontologie. Mentor respecté des jeunes journalistes, il maniait la plume avec rigueur, le mot juste avec précision, et l’engagement avec passion. Il a formé, inspiré, et laissé une empreinte indélébile. »
Un bâtisseur de mémoire, jusqu’au bout
Du côté de l’EUBABUK, l’émotion était également palpable. Le comité a rappelé l’un de ses derniers échanges avec Malik, quelques jours avant son décès :
« Nous préparions un site internet pour retracer l’histoire du basketball à Bukavu. Au téléphone, depuis Kampala, il m’a dit : “Laissez-moi travailler sur un canevas pour documenter cette mémoire depuis les années 60 jusqu’à aujourd’hui.” Il n’a pas pu finir ce travail, mais son esprit, sa rigueur et sa passion continueront à nous guider. »
Le dernier voyage d’un grand homme
Malik s’en est allé, discrètement, comme il a souvent vécu : dans la constance, l’humilité, et le devoir accompli. Mais à Bukavu, sa voix résonne encore, dans les colonnes des journaux, les micros des radios, les terrains de basket, et surtout dans les cœurs de ceux qu’il a formés, inspirés, aimés.