À l’occasion de la Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées, célébrée chaque 23 juillet, des voix s’élèvent à Bukavu pour dénoncer les effets dévastateurs de la crise sécuritaire sur cette frange souvent oubliée de la population. Selon l’ONG « Elders Assistance asbl », la précarité, l’isolement et la malnutrition s’accentuent chez les aînés à cause des conflits armés dans l’Est de la RDC.
Dans un entretien accordé à La Prunelle RDC, Patient Bulambo, Coordinateur d’ « Elders Assistance asbl », tire la sonnette d’alarme : « Le contexte sécuritaire actuel dans l’Est de la RDC, et à Bukavu en particulier, a un impact dévastateur sur les personnes âgées. Lors des attaques, elles sont souvent incapables de fuir et se retrouvent abandonnées ou exposées à de graves dangers. »
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Les déplacements massifs de population provoqués par les violences armées plongent les personnes du troisième âge dans une extrême vulnérabilité. « Les grands-parents ont du mal à se déplacer. Ils peuvent se blesser, se perdre et ne plus retrouver leurs proches, ce qui les prive du soutien dont ils dépendent », explique Bulambo.
Dans les camps de déplacés où beaucoup échouent, les conditions de vie sont « trop basses », déplore-t-il. Accès limité à l’alimentation, aux soins, à un abri adéquat : autant de facteurs qui aggravent leur état de santé déjà fragile.
L’insécurité perturbe aussi les activités économiques, affectant directement la capacité des enfants et petits-enfants à subvenir aux besoins de leurs aînés. « Quand les récoltes sont perdues ou qu’il est impossible d’aller au travail, les familles n’ont plus les moyens de s’occuper de leurs parents âgés », regrette cet activiste.
Autrefois actifs dans les champs, certains grands-parents se retrouvent aujourd’hui dans une misère extrême, incapables de pourvoir eux-mêmes à leurs besoins. Résultat : malnutrition croissante et pauvreté accrue chez cette catégorie de la population.
Au-delà de l’aspect matériel, l’insécurité provoque un isolement social et une détresse psychologique profonde. « Les conflits désintègrent les familles, empêchent les contacts. Les grands-parents se retrouvent seuls, angoissés, parfois déprimés. La peur constante pèse lourdement sur leur santé mentale », insiste Patient Bulambo.
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Instituée par le Pape François en hommage à Joachim et Anne, grands-parents de Jésus, la Journée mondiale des grands-parents est aussi une invitation à la reconnaissance de leur rôle et à la solidarité intergénérationnelle. Dans un contexte de crise prolongée, des acteurs sociaux appellent à une attention spécifique pour les personnes âgées, souvent laissées pour compte.