À Kalehe, les camps de sinistrés débordent et l’eau potable devient un luxe. À Lubero, le M23 est accusé de brûler les archives coutumières. À Bunagana, l’Ouganda rouvre un poste frontalier sans prévenir Kinshasa. En parallèle, les pourparlers de Doha s’enlisent, l’agriculture crie à la stérilité, et à Uvira, la Société civile exige la transparence. Voici l’essentiel de l’actualité en RDC et dans l’Est du pays ce samedi tel que choisi par Trésor Wilondja
Commençons ce tour d’horizon par Katashola, dans le territoire de Kalehe, où la vie ne tient plus qu’à un fil.
À Katashola, les femmes survivent, les enfants déclinent, l’État tarde
Deux ans après la tragédie de Bushushu et Nyamukubi, La Prunelle RDC est retournée dans les camps de déplacés. Et le constat est implacable : plus de 4.800 femmes et 4.500 enfants vivent toujours dans des abris de fortune, sans eau, sans toilettes, sans soins. Le président du site, Lawi Rushisha, parle d’une situation inhumaine.
À côté des pénuries se multiplient les maladies : infections, malnutrition, paludisme, et même violences sexuelles. Une double peine pour ces survivantes. Et pourtant, pas de réponse significative de l’État, encore moins des ONG humanitaires.
La Prunelle RDC dresse un portrait glaçant d’un camp où la vulnérabilité est devenue la norme.
Et pendant ce temps, le feu efface la mémoire à Lubero
À l’autre bout de la province, c’est l’histoire qui part en fumée. À Mambasa, dans la chefferie des Bamate, territoire de Lubero au Nord-Kivu, La Fortune RDC rapporte que des éléments du M23 ont incendié le bureau ancestral et les archives coutumières, sur ordre direct de leurs chefs.
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Des défenseurs des droits humains dénoncent un crime culturel et une tentative de réécriture de l’histoire. Pour Aisé Kanendu, notable du Nord-Kivu, il s’agit d’une stratégie du M23 pour imposer une administration parallèle en effaçant les traces de l’autorité traditionnelle.
Et sans archives, que reste-t-il des droits fonciers, des successions, de la mémoire collective ?
À Bunagana, Kampala rouvre pendant que Kinshasa encaisse
Pendant ce temps, La Prunelle RDC et Grands Lacs TV rapportent un épisode diplomatique houleux. Le président ougandais Museveni a rouvert unilatéralement le poste frontalier de Bunagana, toujours occupé par le M23.
Résultat : des camions passent, l’économie redémarre… au profit des rebelles, selon un rapport de l’ONU. 27.000 dollars par mois en taxes seraient perçus au seul poste de Bunagana. Et Kinshasa, mis devant le fait accompli, réclame des explications.
Une décision qui ravive la méfiance entre les deux capitales, au moment même où les discussions de Doha stagnent.
Doha : l’intégrité du territoire au cœur de la discorde
Info RDC relaie la colère de l’ancien député national Amato Bayubasire. Il s’indigne des rumeurs selon lesquelles le M23 réclamerait la gestion du Nord et Sud-Kivu pendant 8 ans.
« Le Congo n’est pas une marchandise. Le Kivu n’est pas à louer ni à vendre », tranche-t-il.
Il exige le retrait immédiat du M23, la fin de l’impunité, et des sanctions contre les parrains étrangers de la rébellion.
Dialogue, oui. Concession, non. Intégrité, toujours, dit-il dans ces propos relayés par nos confrères.
Mais l’AFC-M23 crie à la manipulation et rejette en bloc
Dans une sortie relayée par Radio Svein, l’Alliance Fleuve Congo-M23 rejette catégoriquement les accusations selon lesquelles elle exigerait la gestion du Nord et Sud-Kivu pendant 8 ans. Le mouvement parle de « désinformation, manipulation et propagande » orchestrées par Kinshasa.
Laurence Kanyuka, porte-parole du mouvement, dénonce sur X un régime « illégitime » qui tente de masquer son échec dans le processus de Doha par des accusations mensongères.
Il va plus loin, accusant Kinshasa de continuer le déploiement massif de troupes, ciblant délibérément des zones densément peuplées, et aggravant ainsi une crise humanitaire dramatique.
« Le régime continue ses méthodes terroristes », affirme-t-il, en citant une coalition entre FARDC, FDLR, Wazalendo et la Force de Défense Nationale du Burundi contre leurs positions.
À Kalehe, à la guerre s’ajoute la soif
Jambo RDC nous alerte aussi sur un nouveau front de la crise : la pénurie d’eau potable dans plusieurs villages surpeuplés. La Synergie SOLFAP révèle que les sources d’eau ont été endommagées lors des récents affrontements.
Les déplacés parcourent désormais des kilomètres pour trouver de l’eau, au péril de leur santé. Résultat : choléra, fièvre typhoïde, désespoir. Et encore une fois, peu ou pas d’acteurs humanitaires sur place, selon le coordonnateur Habamungu Bedson.
Et à Uvira, la Société civile se dresse pour la transparence
Les Volcans News nous amènent à Kagando, dans la plaine de la Ruzizi, où la Nouvelle Société Civile Congolaise réclame le rétablissement d’un chef de village suspendu sans explication.
Sit-in pacifique, mobilisation citoyenne… la NSCC dénonce une dérive administrative et exige justice et bonne gouvernance locale.
« Le pouvoir coutumier ne doit pas être l’otage de décisions opaques », martèle Léon Lumya, cité par Les Volcans News.
Et dans les champs du Sud-Kivu, les eucalyptus appauvrissent les terres
Retour sur une alerte environnementale. Selon Radio Maendeleo, la prolifération d’arbres comme l’eucalyptus ou le cyprès asphyxie les cultures vivrières. L’expert Éloi Cinyabuguma (INERA) appelle à des pratiques agricoles responsables, et à abandonner les traditions contre-productives.
Car planter les mauvais arbres, c’est planter la faim.
Kalehe déborde, les camps s’étendent, et l’oubli s’installe. Lubero pleure ses archives. Bunagana s’ouvre à l’économie parallèle. Pendant que Doha s’enlise entre rumeurs et démentis, les populations congolaises, elles, résistent, s’organisent ou s’indignent.
La paix ne se signe pas seulement dans les hôtels climatisés de Doha. Elle se construit aussi à Katashola, Kagando, Bunagana ou Lubero — avec les vivants, et la mémoire des absents.
C’était votre revue de presse de ce samedi 12 juillet 2025, sur La Prunelle RDC.
Rendez-vous demain, même heure, pour un nouveau tour d’horizon de l’actualité vue par les médias du Kivu et de la RDC.