Le 1er octobre dernier, le rapport Mapping a totalisé 10 ans depuis sa publication par les Nations Unies en 2010. Plusieurs congolais réclament aujourd’hui la mise en œuvre des recommandations de ce rapport, qui recense plus de 617 violations de droits humains.
Dans cette tribune que vous propose Laprunellerdc.info, Didier Amani Sangara, analyste politique indépendant; revient sur des notions comprises dans ce rapport, mais qui sont ignorées par la plus part des congolais.
Ce que le peuple congolais ignore dans le contenu du rapport Mapping
Ce rapport s’avère d’une importance pour un rappel puissant de la gravité des crimes commis au Congo et de l’absence choquante de la justice. Dix années marquées par une série de crises politiques majeures, de guerres et de nombreux conflits ethniques et régionaux qui ont provoqué la mort de centaines de milliers, voire de millions des personnes. Rares ont été les civils, congolais et étrangers, vivant sur le territoire de la RDC qui ont pu échapper à des violences. C’est la deuxième page noire de l’histoire du Congo démocratique.
La première page est marquée par la mort de 10 millions des congolais tués lors de la période de l’ère coloniale au Congo-Belge. Dix millions de morts sans célébration ; dont la Belgique, pays colonisateur devrait assumée qu’il y eu des crimes, des pillages, tueries, viols … lors de la colonisation. Elle devrait accepter qu’il y a eu une colonisation. Elle devrait se faire amie de l’intégralité de l’histoire et pas de certains fragments. Elle devrait assumer ses erreurs de la colonisation. Assumer une colonisation, c’est en parler, c’est en discuter, c’est en débattre et en tirer une leçon. Ce que le pays belge ne fait pas.
60 années, que la Belgique a tant oublié, qu’elle n’enseigne pas l’histoire coloniale, qu’elle n’en parle pas et qu’on aborde pas. La plupart des écoliers et des visiteurs dans nos musées d’histoire n’en apprennent rien. Donc, aucun pays n’aime faire face en toute honnêteté et directement à de telles épisodes de son passé colonial.
Le section I du rapport mapping aux :
Chapitre I : Echec du processus de la démocratisation et crise régionale (mars 1993-juin 1996, page 51).
La première période couvre les violations commises au cours des dernières années de pouvoir du Président Mobutu et est marquée par l’échec du processus de démocratisation et les conséquences dévastatrices du génocide survenu au Rwanda sur l’État zaïrois en déliquescence, en particulier dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Au cours de cette période, 40 incidents ont été répertoriés. Les violations les plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire se sont concentrées pour l’essentiel au Katanga, au Nord-Kivu et dans la ville province de Kinshasa.
Chapitre II : Première guerre et régime de l’AFDL (juillet 1996-juillet 1998, page 72).
La deuxième période s’intéresse aux violations perpétrées pendant la première guerre et la première année du régime mis en place par le Président Laurent-Désiré Kabila et répertorie le plus grand nombre d’incidents de toute la décennie examinée, soit 238. Les informations disponibles aujourd’hui confirment l’importance du rôle des États tiers dans la première guerre et leur implication directe dans cette guerre qui a mené au renversement du régime de Mobutu. Au début de la période, des violations sérieuses ont été commises à l’encontre de civils tutsi et banyamulenge, principalement au Sud-Kivu. Puis cette période a été caractérisée par une poursuite impitoyable et des massacres de grande ampleur (104 incidents répertoriés) de réfugiés hutu, de membres des anciennes Forces armées rwandaises (appelées par la suite ex-FAR) ainsi que de milices impliquées dans le génocide de 1994 (les Interahamwe) par les forces de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL). Dont une partie des troupes, de l’armement et de la logistique étaient fournis par l’Armée patriotique rwandaise (APR), par la « Uganda People’s Defence Force » (UPDF) et par les Forces armées burundaises (FAB) à travers tout le territoire congolais. Les réfugiés hutus, que les ex-FAR/Interahamwe ont parfois encadrés et employés comme boucliers humains au cours de leur fuite, ont alors entrepris un long périple à travers le pays qu’ils ont traversé d’est en ouest en direction de l’Angola, de la République centrafricaine ou de la République du Congo. Cette période a également été marquée par de graves attaques contre les autres populations civiles, dans toutes les provinces sans exception, notamment par les Forces armées zaïroises (FAZ) en repli vers Kinshasa, les ex-FAR Interahamwe fuyant devant l’AFDL/APR et les Mayi-Mayi
Chapitre III : Deuxième guerre (Aout 1998-janvier 2001, page 158).
Il y a eu des attaques contre les civils Tutsi et attaques contre les autres populations civiles.
La section II toujours dudit rapport aux :
Chapitre I, à la page 321, on souligne dans ce rapport :
- Des multiples aspects de la violence sexuelle entre 1993 et 2003 commis par les différents groupes armés en RDC dont : Les tortures et humiliations ; Viol forcé entre victimes ; Politique délibérée de propagation du VIH/SIDA ; Violences sexuelles lors de victoires ou défaites.
- Esclavage sexuel ;
- Violences sexuelles commises sur la base de l’appartenance ethnique ;
- Violences sexuelles commises au nom de pratiques rituelles.
Section II, chapitre II, page 329 : Actes de violences commis contre les enfants.
Section II, chapitre III, page 353 : Actes de violences liés à l’exploitation des ressources naturelles.
Dans ce rapport, qui est coupable et qui ne l’est pas ?
Le peuple congolais ignore que le contenu de ce fameux rapport mapping pointe du doigt aussi les dirigeants Zaïrois avant même la première guerre de libération du Congo/Zaïre.
En exploitant le rapport avec délicatesse, vous allez remarquer que les responsabilités sont partagées. Ce rapport a clairement démontré les responsabilités directes ou indirectes des services de sécurité zaïrois puis congolais dans les graves violations du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises entre 1993 et 2003 sur le territoire de la RDC. Certains éléments de groupes armés responsables de ce type de violations ont été intégrés dans le Gouvernement de transition et les services de sécurité en vertu du principe d’inclusivité consacré dans les accords de paix, dont beaucoup sont toujours en fonction.
De nombreuses personnes soupçonnées de violations graves du droit international humanitaire se trouvent aujourd’hui dans plusieurs institutions, notamment dans les hauts rangs de l’armée. Pendant la transition et au cours des années qui l’ont suivie, plusieurs nominations d’individus dénoncés comme étant responsables de crimes graves commis en RDC, dont certains pour des faits remontant à la période couverte par le présent rapport, sont devenus gradés lors de leur intégration dans l’armée nationale créée lors des accords de paix de 2002. Des cas très récents ont confirmé l’absence de volonté du Gouvernement de les exclure.
La stratégie du président Joseph Kabila dans son mode de gouvernance, il a choisi de travailler avec certains hommes ou leaders politiques qui étaient tombé dans le filet du rapport mapping, car tous lui sont redevables. Sa politique de tolérance exagérée a créé un désordre monumental dans le pays. Cette monarchie lui a permis de se créer une race prête à mourir pour lui. Et son silence face aux crimes commis entre 1993 à 2003 a fait de lui un homme incontournable. Ce qui explique ce regroupement politique FCC.
Par où commencer pour rétablir le droit et demander justice pour tous les congolais qui ont subis des violations graves en RDC ?
« Il faut savoir prendre par la main tous ceux qui ne peuvent pas se décider seuls »
Pour bien conduire le train contre toute impunité ou contre la barbarie en République démocratique du Congo, le Dr Denis Mukwege, le Prix Nobel de la paix 2018 devrait s’engager dans la lutte de « réformes institutionnelles et l’assainissement de service de sécurité » ; comme était recommandé à Joseph Kabila par les experts des Nations Unies pour la bonne gouvernance en RDC.
Didier Amani Sangara, analyste politique indépendant