Dans un message adressé à la population et aux autorités congolaise le 19 mai 2020, l’Archevêque métropolitain de Lubumbashi, est revenu sur la recrudescence et la persistance de l’insécurité dans la ville de Lubumbashi.
Selon Monseigneur Jean Pierre Tafunga, l’insécurité qui se vit actuellement dans la province du Haut-Katanga en général et dans la ville de Lubumbashi est une nouvelle souffrance imposée à la population déjà meurtrie.
L’archidiocèse de Lubumbashi dit constater que, la population de la ville de Lubumbashi vit au quotidien une insécurité recrudescente qui a atteint un niveau jusque là indescriptible. Par le fait qu’il ne se passe pas une nuit sans que des cas de viol, de vol , des tueries et des braquages se commettent, principalement dans les périphéries de la ville où vivent des populations modestes.
Par ailleurs, regrette l’Archidiocèse de Lubumbashi, la plus part des cas rapportés dans cette partie du pays, sont commis avec un même mode opératoire et très souvent les malfrats utilisent les moyens de l’armée et la police, pour commettre leurs crimes.
Il cite par exemple quelques cas qui sont les plus récents à Lubumbashi, où des bandits utilisent la tenue, les armes et les véhicules de l’armée et de la police nationale congolaise.
C’est entre autres, le cas du 3 au 4 Mai, où plusieurs quartiers de la Commune Annexe ont connu une nuit des cauchemars.
» non seulement les malfrats ont volé, violé, ont tué, mais ils ont même emporté un bébé inoffensif qu’ils ont abandonné dans un sac quelque part sur leur chemin. Face à la fureur machiavélique des bandits qui ravagent nos quartiers, une voix se fait entendre : Des pleurs et une longue plainte ; c’est la maman haut-katangaise qui pleure ses enfants et ne veut pas qu’on la console (cf. Mt 2, 18). » regrette l’archevêque de Lubumbashi.
Pour illustrer ces allégations, L’archidiocese de Lubumbashi fait savoir que du 9 au 10 Mai, au quartier Tshamalale, plusieurs maisons ont connu le même sort. La même nuit, le quartier Kisanga a aussi été visité de 23h à 4h du matin.
» A en croire ceux qui ont vécu ces événements terrifiants, les malfrats devaient être lourdement armés comme si l’on était dans un état de guerre. Chose curieuse et déconcertante, on relève que ce sont tantôt des véhicules de l’armée, tantôt ceux de la police qui sont utilisés dans cette sale besogne. Et comme si cela ne suffisait pas, les malfrats sont revenus dans le même quartier de Tshamalale la nuit du 11 au 12 Mai pour assouvir leur soif insatiable du crime. Pis encore, le cambriolage, le braquage et les assassinats se font même pendant la journée devant l’oeil impuissant de ceux-là mêmes qui sont supposés assurer la protection de la population. » soutien l’archevêque Jean pierre Tafunga.
À cela vient s’ajouter le cas de l’assassinat d’un cambiste au quartier Makomeno à l’angle des avenues Lubumbashi et des Usines en date du 6 Décembre 2019. Et le mode opératoire reste presque toujours le même.
Des inquiétudes sont donc émises par celui-ci et des questions sont posées, notamment celles de savoir : Qui sont ces personnes qui opèrent impunément ? Ont-elles un agenda caché ? Quelles sont leurs sources d’approvisionnement en armes, en minutions et en véhicules ? Les bandits en question, sont-ils plus forts que les services sécuritaires de l’Etat ? A qui profitent tous ces crimes ? A quoi alors auraient servi toutes les visites des délégations nationales qui sont descendues chez nous, en Province, il y a peu, pour soi-disant analyser et résoudre la question de la sécurité ?
Tout en condamnant ces actes d’insécurité L’Archeveque de Lubumbashi formule des recommandations à toutes les parties prenantes.
A la population de » faire preuve de la vigilance et la solidarité pendant ces temps difficiles que traverse notre ville de Lubumbashi, car nous avons en face, deux ennemis redoutables : le Coronavirus et les bandits à mains armées, qui tous les deux apportent l’insécurité. De ne pas avoir peur et d’aider les autorités à éradiquer l’insécurité que nous déplorons. De prévenir l’insécurité alimentaire par la revalorisation du travail de la terre, mais aussi se lever parmi nous et spécialement dans nos églises, un élan de solidarité, pour venir en aide à nos frères et sœurs victimes. » recommande le numéro 1 de l’église catholique en Province.
Aux autorités politico-administratives et sécuritaires, l’église catholique dit reconnaître les efforts menés par celles-ci pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens ; mais ces efforts ne semblent pas être à la hauteur des attentes du peuple : à savoir l’éradication de l’insécurité.
Ainsi donc il recommande que la fonction des cadres de base soit revalorisée : les Bourgmestres, les chefs de quartiers, de rues, de cellules, de blocs, afin qu’ils contrôlent les mouvements et les activités des personnes vivant dans leurs entités.
Également de réévaluer l’efficacité des Centres de Coordination des Opérations, mis sur pied depuis un certain temps par l’autorité provinciale. Et surtout de veiller à ce que les moyens mis à leur disposition (motos, véhicules et même les primes) soient utilisés à bon escient.
En définitive, L’archidiocèse de Lubumbashi demande aux autorités de redoubler d’efforts pour que la sécurité et la paix reviennent dans la province du Haut-Katanga en général et la ville de Lubumbashi en particulier.
Bertin Bulonza