RDC : « Un 30 juin sans éclat à Bukavu », titre Radio Maendeleo
À Bukavu, la fête de l’indépendance s’est résumée à une messe matinale célébrée à la Cathédrale Notre-Dame de la Paix, en commune d’Ibanda. Aucune manifestation officielle, aucun défilé, ni même de prise de parole publique des autorités.
Dans son homélie, Monseigneur François-Xavier Maroy, archevêque de Bukavu, n’a pas mâché ses mots. Selon RadioMaendeleo.org, il a qualifié cette célébration de « plus médiocre que celle de l’an dernier ». Il a dénoncé l’écart entre les promesses de l’indépendance et la réalité actuelle : écoles délabrées, infrastructures en ruine, insécurité chronique.
« Où est notre indépendance si nous ne sommes même pas autonomes dans notre alimentation, dans notre gouvernance, dans notre sécurité ? », a-t-il lancé, appelant à une introspection nationale et à reconstruire l’indépendance à partir de nous-mêmes.
Dans le cadre de cette commémoration, la Dynamique Debout Congolais a organisé une conférence-débat à Bukavu. L’objectif : interroger le parcours du Congo depuis 1960 et mobiliser les jeunes autour d’un nouveau projet de société.
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Radio Universitaire ISDR rapporte que pour Asifiwe Patient, coordonnateur de la Dynamique, il est temps que la jeunesse « se regarde dans le miroir de l’histoire » et prenne ses responsabilités.
Quant au Docteur Joseph Baraka, orateur du jour, il appelle à une rupture générationnelle et une prise de conscience collective : « L’indépendance doit s’incarner dans les actes, pas dans les discours. Le développement est une affaire de tous. »
Dans un autre chapitre, l’insécurité a encore frappé les structures religieuses. Selon La Prunelle RDC, Jambo RDC et Labeur RDC, des hommes armés ont attaqué le couvent des prêtres de la paroisse Saint-Pierre Apôtre de Cibimbi, dans la nuit du 29 au 30 juin. Les prêtres ont été ligotés, battus, torturés, avant que leurs biens ne soient systématiquement pillés.
C’est la deuxième attaque dans cette paroisse en moins de deux mois, après celle du couvent des sœurs Filles de Marie en mai dernier. D’autres paroisses dans les territoires de Kabare et Walungu, comme Nyantende, Murhesa, Mumosho ou Ciriri, ont également été ciblées récemment.
Les appels se multiplient aux autorités pour protéger les lieux de culte et leurs occupants.
La situation sécuritaire à Walungu reste explosive. La Prunelle RDC nous apprend que des affrontements meurtriers ont éclaté entre les rebelles du M23 et les groupes Wazalendo. Au moins six morts auraient été enregistrés dans les zones de Malangiro, Cagala, Walungu-centre et Kaniola.
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Le centre de Kaniola aurait été brièvement occupé par les rebelles le 28 juin. Plusieurs localités ont été vidées de leurs habitants, fuyant les combats vers Mushwere et Cindubi. Des écoles ont fermé et les autorités peinent à contenir la situation.
Dans ce contexte troublé, les examens nationaux de fin d’études primaires (ENAFEP) ont bel et bien démarré ce 1er juillet. Selon Le Souverain Libre et L’Essentiel RDC, 103.335 élèves passent ces épreuves dans la province éducationnelle Sud-Kivu 1. Fait notable : les filles sont plus nombreuses que les garçons, avec 52 294 candidates.
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Toutefois, Labeur RDC indique que dans le sous-groupement d’Ishamba à Nyangezi, près d’une dizaine d’écoles ont été perturbées à cause de l’insécurité. Des enfants déplacés n’ont pas pu rejoindre leurs centres d’examen. Certains enseignants ne savent même pas si leurs élèves se présenteront.
Les autorités assurent avoir renforcé la sécurité, y compris dans les zones sensibles, comme l’a confirmé le Proved Léon Musagi, qui rassure que tout est en place pour garantir le bon déroulement des examens.
Un point positif dans cette revue : à Fizi, La Prunelle RDC rapporte que 64 enfants, dont 38 garçons et 26 filles, ont été retirés du groupe armé MPLC, grâce à une mission conjointe du P-DDRCS Sud-Kivu, appuyée par l’organisation AVREO.
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Ces enfants ont été réunifiés avec leurs familles et ont reçu des kits de réinsertion. L’opération s’est déroulée entre le 24 et le 27 juin à Lamba, dans le secteur de Tanganyika. Elle marque un progrès dans la lutte contre le recrutement d’enfants dans les groupes armés.
Nous terminons cette revue avec une analyse critique de l’accord de paix signé entre la RDC et le Rwanda à Washington. Selon Radio Svein Bukavu, Stephen Bwansa, Congolais vivant en Chine, soulève plusieurs zones d’ombre autour de ce texte non contraignant.
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Il évoque l’absence de garanties juridiques, l’exclusion d’acteurs clés comme l’AFC/M23, et la fragilité des engagements mutuels. Pour lui, la RDC risque de perdre sa souveraineté si elle ne définit pas clairement ses intérêts dans cette négociation.
Voilà qui met un terme à cette revue de presse du mardi 1er juillet 2025.
Entre célébration timide de l’indépendance, drames sécuritaires, défis éducatifs et tensions géopolitiques, l’actualité du Sud-Kivu illustre les paradoxes d’un pays à la croisée des chemins.