La situation sécuritaire et humanitaire au Nord-Kivu et au Sud-Kivu continue de se détériorer à un rythme alarmant. Les combats entre les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23 ont provoqué de lourdes pertes humaines, la destruction de camps de déplacés et une recrudescence des violences contre les civils.
Selon un rapport du Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA) couvrant la période du 28 janvier au 2 février 2025, au moins 900 personnes ont été tuées et 2 880 blessées à Goma et ses environs lors de l’offensive du M23. Les infrastructures de santé sont saturées et les besoins humanitaires s’intensifient.
Les affrontements ont détruit les camps de déplacés situés sur l’axe Kanyaruchinya, contraignant des milliers de personnes à fuir vers des zones encore plus précaires. Les pillages se sont multipliés, touchant aussi bien les habitants que les organisations humanitaires. Des véhicules de la Division Provinciale de la Santé et des ONG ont été volés, tandis que des entrepôts du PAM, du CICR, de MSF et de l’OMS ont été dévalisés.
Si les commerçants tentent de reprendre leurs activités, les écoles et universités restent fermées. L’accès à Internet a été rétabli, mais les infrastructures sont en ruine. À Mapendo, la Petite Barrière a été fortement endommagée, laissant de nombreuses familles sans abri. Des quartiers comme Majengo, Virunga et Birere ont été le théâtre de violences, avec des cas signalés de viols et d’agressions, selon les humanitaires.
Face à l’afflux de blessés, les hôpitaux de Goma sont débordés et manquent de médicaments et d’équipements chirurgicaux. L’OMS met en garde contre un risque élevé de propagation du choléra, de la rougeole et de la mpox, aggravé par le manque d’eau potable. Plus de 143 cas de mpox ont été enregistrés, mais de nombreux patients ont fui après le pillage des centres de traitement.
L’accès à l’eau demeure un défi majeur. Privés de sources sécurisées, les habitants se rabattent sur les eaux du lac Kivu, augmentant les risques sanitaires. L’UNICEF tente d’atténuer la crise en installant des points de chloration et en fournissant du carburant à la REGIDESO pour redémarrer les stations de pompage.
Le territoire de Nyiragongo compte aujourd’hui plus de 43 000 ménages déplacés, et les arrivées se poursuivent. Les sites de Bushagara et EP Mbogo, pillés et désertés, ne sont plus en mesure d’accueillir ces populations vulnérables. Le manque de nourriture, d’eau potable et d’installations sanitaires accroît les risques de maladies et de malnutrition.
Le Sud-Kivu sous pression
À Kalehe, les combats entre l’armée congolaise et le M23 ont entraîné un nouvel exode, forçant près de 6 900 personnes à se réfugier à Bukavu. Minova, bien que plus calme, fait face à une épidémie de choléra et à la suspension du financement humanitaire de l’USAID/BHA, compliquant davantage l’accès aux services de base.
L’Union Européenne a annoncé une aide humanitaire de 60 millions d’euros, tandis que l’ONU a débloqué 17 millions de dollars via le Fonds central d’intervention d’urgence (CERF). Toutefois, face à l’ampleur des besoins, ces fonds paraissent insuffisants. Les acteurs humanitaires peinent à coordonner leur réponse dans un contexte de forte insécurité et de restrictions d’accès.
La crise actuelle au Nord-Kivu et au Sud-Kivu dépasse largement les capacités des organisations humanitaires. Sans une intervention massive et immédiate de la communauté internationale, des milliers de vies sont en danger. Goma est devenue un symbole de la détresse humanitaire et de l’inaction face à l’urgence.