La situation humanitaire dans le Sud-Kivu se détériore rapidement suite à l’escalade des affrontements entre les rebelles du M23 et les forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), qui se sont intensifiés depuis le 18 janvier. Ces combats ont particulièrement affecté les localités de Minova, Kalehe et ses environs, entraînant de lourdes pertes humaines et un déplacement massif de populations.
178 000 déplacés et 113 blessés à Minova
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Depuis le 4 janvier 2025, plus de 178 000 personnes ont été déplacées dans la région de Minova, fuyant les combats entre les forces congolaises et le M23. Selon l’alerte de l’Office de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), la situation a rapidement empiré avec l’intensification des affrontements, en particulier à Lumbishi, à la frontière entre le territoire de Masisi (Nord-Kivu) et Kalehe (Sud-Kivu). Le 19 janvier, les combats ont entraîné l’exode massif des populations des zones affectées, notamment Numbi, Chambombo, Chebumba, Lumbishi, Shanje, Kavumu et Ziralo.
Au moins 113 personnes blessées dans les affrontements ont été transférées à l’Hôpital Général de Référence de Minova, avant d’être envoyées à Goma pour des soins d’urgence. La situation dans la ville reste extrêmement tendue, avec un afflux constant de déplacés cherchant refuge dans des écoles et villages voisins, notamment à Kasunyu, Kitembo, Bwisha et Bulenga.
Des conditions de vie précaires pour les déplacés
Les déplacés sont principalement accueillis dans les zones de santé de Kalehe, Minova et Bunyakiri. Certaines familles ont même fui vers le sud, atteignant des localités comme Nyamasasa et Kinyezire. Par ailleurs, un petit nombre de déplacés ont été signalés au site de Nzulo, dans le Nord-Kivu, par le port de Nzulo dans la nuit du 20 janvier.
Les routes restent partiellement accessibles, mais la sécurité sur les axes tels que Minova-Nyabibwe et Minova-Kitembo est fragile, avec des contrôles d’identité imposés aux usagers. Plusieurs axes routiers sont désormais fermés à cause des combats.
Accès humanitaire de plus en plus limité
La situation sécuritaire continue de se détériorer, rendant l’accès humanitaire de plus en plus restreint. Une vingtaine d’organisations humanitaires présentes à Minova ont suspendu temporairement leurs activités, choisissant de rester en stand-by dans l’attente d’une réévaluation de la situation.
Elles ont annoncé une pause de 72 heures pour observer l’évolution des combats. L’insécurité croissante a également conduit à la fermeture de plusieurs centres humanitaires.
Violations des droits humains et sécurité des acteurs humanitaires en danger
La situation est d’autant plus dramatique avec des incidents de violence à l’égard des civils. Le 19 janvier, plusieurs explosions de bombes à Chebumba ont tué deux adultes et blessé quatre enfants.
Par ailleurs, des violences sexuelles ont été signalées, notamment cinq filles violées par des hommes armés à Kalungu et deux autres femmes à Bihovu. Ces victimes ont été prises en charge dans des structures locales.
Les acteurs humanitaires sont également victimes d’attaques ciblées. Un partenaire de protection a rapporté deux cambriolages de son Centre de Transit et d’Orientation pour enfants non accompagnés, obligeant sa fermeture temporaire.