Après plus d’une décennie de luttes intestines et d’instabilité, le Mwami Marcel Munganga Chihugo-Cha-Nanindja XIII Maheshe II sera enfin officiellement installé comme chef de la chefferie de Nindja, dans le territoire de Kabare, au Sud-Kivu. Cette annonce a été faite ce mardi 14 janvier 2024 par le gouverneur Jean-Jacques Purusi lors d’un Conseil des ministres provinciaux.
Cette décision marque un tournant dans le dénouement d’un conflit coutumier qui a plongé la région dans une instabilité durable. Selon le Ministre provincial de la Communication, Didier Kabi, une mission urgente sera bientôt dépêchée à Nindja pour procéder à l’installation officielle du Mwami Marcel, reconnue depuis 2021 par un arrêté du ministère national de l’Intérieur.
Retour sur un conflit de 11 ans
Le litige autour du trône de Nindja a débuté il y a plus de 10 ans, suite à ce que les habitants décrivent comme une « usurpation » de pouvoir par Freddy Bataona, frère du Mwami légitime.
Ce dernier, malgré de multiples victoires judiciaires, dont un arrêt du Conseil d’État en sa faveur, n’a jamais pu prendre pleinement ses fonctions en raison de blocages au niveau provincial.
Le Bureau de Coordination de la Société civile du Sud-Kivu et le Parlement des Jeunes du Sud-Kivu avaient multiplié les appels pour une intervention rapide. Ces organisations dénonçaient l’inaction des autorités locales, qui, selon elles, étaient influencées par des intérêts politiques et électoralistes.
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Dans une lettre adressée au Gouverneur, le Parlement des Jeunes avait rappelé que ce conflit avait coûté la vie à plusieurs habitants de Nindja et forcé de nombreux autres à l’exil.
« Onze ans d’injustice, marqués par des violences, des assassinats et une absence totale de reconnaissance coutumière et légale », écrivait l’organisation, appelant à une résolution urgente.
Un processus entravé par des blocages politiques
Malgré l’arrêté du 25 novembre 2021 désignant officiellement Marcel N’nanindja comme Mwami, la notification nécessaire pour son installation avait été retardée, provoquant des frustrations.
Selon des rumeurs persistantes, des personnalités influentes, dont le président de l’Assemblée provinciale, auraient conseillé au Gouverneur de retarder cette installation.
Cette lenteur avait également suscité des critiques au niveau national. Lors d’une visite à Bukavu, le vice-ministre des Affaires coutumières avait qualifié la situation de « honte » pour le Sud-Kivu, soulignant que le ministère de l’Intérieur avait rempli toutes ses obligations pour faciliter l’installation du Mwami.
Pour les habitants de Nindja, cette annonce de l’installation du Mwami est perçue comme un espoir de voir leur chefferie retrouver enfin la stabilité.
« Ce conflit a paralysé notre développement et brisé la cohésion sociale », témoigne un notable de Nindja.
Alors que les regards sont tournés vers le Gouverneur et sa mission d’installation, cette étape pourrait marquer un pas décisif vers la fin d’une crise qui a laissé des cicatrices profondes. Les habitants de Nindja espèrent que cette fois-ci, les autorités tiendront leur promesse et restaureront la légitimité et la paix dans leur chefferie.