Intervenons-nous

L’épisode 20 de « Mon point de vue » de ce lundi 21 février 2022 avec le Révérend Nicolas Kyalangalilwa revient sur l’odieuse taxe RAM.

Elle est partie, finalement la RAM ! Ou pas ?

A l’issue de la réunion du gouvernement du vendredi 18 février 2022, le ministre des Postes, Télécommunications et Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (PT-NTIC) Augustin Kibasa Maliba a annoncé la fin des prélèvements de la redevance sur les téléphones mobiles au titre du Registre des Appareils Mobiles (RAM) avec effet dès le mois de mars 2022. Cette décision vient en réponse à la grogne politique et sociale exprimée par la pression du parlement et de la Société civile. Mais pourquoi avoir attendu si longtemps et après beaucoup des critiques, plaintes et grognes ?

Lire aussi: RDC: le Gouvernement rassure que la taxe RAM cessera définitivement dès le 1er mars prochain

Depuis son lancement en 2020, ce service était extrêmement critiqué.  Les utilisateurs des téléphones mobiles de tous bords se plaignaient du coût exorbitant leur imposé : 7 dollars pour une carte SIM prélevés sur une période de 6 mois. Il faut mettre ce chiffre en perspective.

Le congolais moyen a au minimum deux voire trois cartes SIM (selon le nombre des réseaux- il est plus facile de communiquer sur le même réseau d’autant plus que les tarifs varient si vous faites des appel inter-réseaux). Il/elle (ce congolais moyen) gagne en moyenne 380-400 dollars américains par an selon les données la Banque Mondiale. Et donc le congolais moyen payait presque 6% de son revenu annuel à l’Etat pour enregistrer ses cartes SIM (pas le téléphone puisque le paiement se faisait par carte SIM) et il ne recevait rien en retour (les téléphones volés disparaissaient toujours).

Le pire est que ce prélèvement allait continuer ad infinitum et se faisait sans son consentement. Ce qui est curieux est qu’au cours de la session de septembre 2021, qui est une session budgétaire, le gouvernement était incapable de tracer la perception ainsi que les dépenses de cette Taxe, qui du reste, nous avons appris, ne figurait pas sur les rubriques budgétaires de l’Etat. En des mots simples, 7 dollars américains étaient prélevés auprès des citoyens congolais par carte SIM, au nom du gouvernement, mais cet argent n’allait pas dans la trésorerie publique.

Ce qui surprend encore plus est que cette cabale était menée avec la complicité des services de télécommunication. Les recettes du RAM étaient réparties en raison de 5 % pour les compagnies de télécommunication (Airtel, Vodacom, Orange, Africell, etc.), 65% pour l’Etat congolais et les 30 % restants à un opérateur privé. Etrange n’est-ce pas ? L’état qui rançonne ses propres administrés ! Cette histoire ressemble plus à une arnaque qu’à quoi que ce soit d’autre.

Quant à l’argent récolté, fin septembre, le ministre des Postes, Télécommunications et Nouvelles technologies de l’Information et de la Communication (PT-NTIC), Mr. Augustin Kibasa Maliba assurait que seuls 25 millions USD avaient été collectés grâce à cette redevance. L’ODEP, une ONG spécialisée dans les finances publiques parlait de 250 millions dénonçant une escroquerie à grande échelle.

Valérie Madianga, son porte-parole affirmait « Nous sommes face à des gens qui ont planifié l’escroquerie à grande échelle, en percevant d’après nos enquêtes, plus de 260 millions de dollars en 2021 et ils ne figurent pas ni dans le budget général, ni dans les comptes spéciaux, moins encore dans le budget annexe. »

25 millions, 250 millions qu’importe, l’important est que cette taxe a été supprimée en réponse aux cris de détresse de la population selon les autorités.

Mais la question de remboursement des sommes indûment récoltées ainsi que l’établissement de la chaîne de responsabilité des uns et des autres dans cette « arnaque du siècle » reste d’actualité si réellement on se dit être un Etat de droit.

Le député André-Claudel Lubaya insistait « Il faut des poursuites pour que des sommes qui ont été collectées pendant autant de temps, leur utilisation, leur affectation, soit clarifiée, soit tracée et qu’elles soient restituées aux victimes. Lever la mesure sans poursuites judiciaires ne résout aucun problème ».

Lire aussi: Sud-Kivu: la Société Civile demande aux maisons de télécommunication «l’arrêt immédiat» du prélèvement de la taxe RAM

Mais il reste à savoir si cette nouvelle phase de la lutte sera aussi efficace que la première, encore faut-il que la décision de la RAM soit effective.

Au moins une chose est certaine : dans la psyché de la population congolaise, le régime du Président Tshisekedi (et la personne même du président) est responsable du fiasco causé par la taxe RAM. Et je ne sais pas si le peuple aura un cœur à pardonner lors des prochaines échéances électorales. Il faudra plus que la suppression de la taxe RAM pour calmer la colère de ce peuple. Peut-être que quelques têtes devront être sacrifiées à l’autel de la demande populaire pour qu’un second mandat devienne une réalité. L’avenir nous le dira. Mais elle est partie, finalement la RAM ! Ou pas ? Le mois de mars nous le dira !

Rév. Nicolas Kyalangalilwa,
Acteur de la Société Civile

A propos de « Mon point de vue » 

« Mon Point de vue » est une chronique d’analyse de l’actualité provinciale, nationale et régionale animée par Nicolas Kyalangalilwa, célèbre, fervent acteur de la Société Civile et diffusée sur la radio Jambo FM émettant sur 92.0 MHz à Bukavu au Sud-Kivu. Elle est diffusée tous les lundis, jeudis et dimanches à 20 heures 15. La rediffusion de ces épisodes se fait les mardis, vendredi et lundi à 8 heures du matin. LaPrunelleRDC vous les proposera également en écrit et en audio.

Share.
Leave A Reply

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.