Le 18 septembre 2024 marque le premier anniversaire de la nomination du gouverneur militaire Peter Cirimwami à la tête de la province du Nord-Kivu, en remplacement du général Constant Ndima, rappelé à Kinshasa par sa hiérarchie. Un an après sa prise de fonction, la société civile du Nord-Kivu dresse un bilan largement mitigé.
Selon Placide Nzilamba, Secrétaire technique de la Société civile Forces Vives du Nord-Kivu, la situation de la population s’est fortement détériorée par rapport aux années précédentes.
L’enclavement de la ville de Goma, dû à la résurgence de la rébellion du M23, a mené à la prise de contrôle de la majeure partie des territoires de Masisi, Nyiragongo, Rutshuru et Lubero, entraînant le déplacement de milliers de personnes.
« Il a suivi les traces de ses prédécesseurs, mais avec de nombreux défis qui le freinent dans sa gestion, l’empêchant d’avoir un bilan positif. Il a été envoyé dans le cadre de l’état de siège, une mesure prise par le chef de l’État pour restaurer la sécurité au Nord-Kivu. Mais en évaluant la situation de paix et de sécurité, on constate que le M23 a reconquis de nombreuses autres zones. C’est un problème majeur qui prive le gouverneur du contrôle sur Masisi, une partie de Nyiragongo, Lubero et Rutshuru. Ce sont des zones stratégiques sur lesquelles le M23 étend son influence, contribuant auparavant au développement du Nord-Kivu, mais aujourd’hui, il n’y a plus rien, Goma est restée enclavée. Le bilan demeure donc mitigé », explique Nzilamba.
Il souligne également qu’en plus de l’insécurité, certains travaux de réhabilitation des infrastructures, bien que lancés, n’ont pas été achevés pour des raisons inexpliquées.
« On l’a vu parfois lancer des chantiers de routes à Himbi, Katoyi, Majengo et Birere, mais malheureusement sans les achever. Parfois, il nous a également parlé de l’augmentation des recettes au niveau de la DGRNK, mais tout cela n’est que la continuité de ses prédécesseurs », ajoute-t-il.
Nzilamba reconnaît toutefois un point positif : le plaidoyer du gouvernement pour la participation gratuite des élèves finalistes du Nord-Kivu à l’Examen d’État, une mesure qui a porté ses fruits.
Espoir Ngalukiye, cadre du parti Ensemble pour la République dans la province du Nord-Kivu, considère la gestion militaire comme une « escroquerie politique » et une réponse inadéquate aux véritables problèmes des Congolais.
Selon lui, l’état de siège en vigueur, sous lequel gouverne Peter Cirimwami, n’a pas permis de résoudre l’insécurité persistante.
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Il précise que le véritable problème réside dans le commandement suprême des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), qui, selon lui, prend des mesures sans réelle stratégie.
« Pour moi, le problème se trouve au niveau du commandement suprême des FARDC, qui prend des mesures à tâtons, des décisions irréfléchies. Cirimwami s’adapte à ce système sans rien changer. Concernant le développement, il faut savoir que le Nord-Kivu ne se résume pas à la ville de Goma ; le développement a plusieurs dimensions. Même en termes de gestion, il n’y a aucun contrôle, personne ne surveille la gestion du gouverneur, et il ne rend compte à personne. Nul ne sait comment il gère les fonds publics ni comment les marchés lui sont attribués. Le manque de transparence et de redevabilité est criant. Malheureusement, ils ne sont redevables qu’à ceux qui les ont nommés, plutôt qu’au peuple », s’inquiète-t-il.
Il est important de rappeler que la prise de fonction du général-major Peter Cirimwami est intervenue dans un contexte sécuritaire extrêmement fragile, peu de temps après l’inhumation des victimes de la répression sanglante du 30 août à Goma, où plusieurs dizaines de civils avaient été tués par des militaires à la veille d’une manifestation anti-MONUSCO.
Le gouverneur avait, entre autres, la lourde tâche de rétablir la confiance entre la population et l’armée.
Freddy Ruvunangiza, depuis Goma