Dans le groupement de Nyangézi, territoire de Walungu à quelques dizaines de kilomètres de Bukavu, un combat quotidien se déroule loin des projecteurs. Chaque matin, des femmes courageuses bravent la fatigue, la pauvreté et l’insécurité pour subvenir aux besoins de leurs familles, malgré des conditions particulièrement difficiles.
Elles partent avant l’aube, pagnes noués à la taille, simples paniers à la main, pour récolter l’amarante, une plante potagère très prisée sur les marchés de Bukavu. Une fois les feuilles coupées et rassemblées en lourds ballots, un véritable parcours du combattant commence.
« On ne gagne plus d’argent depuis la crise », confie l’une des cultivatrices, la voix empreinte d’épuisement. À Nyangézi, aucune structure d’appui ni marché organisé n’existent : tout repose sur la débrouille et la solidarité entre femmes.
Pour acheminer un sac d’amarante jusqu’à Bukavu, elles doivent payer de multiples taxes informelles, faire face au racket de certains groupes armés ou barrières illégales, et emprunter des routes souvent impraticables ou dangereuses à cause de l’insécurité.
« Si je vends mon sac à Nyangézi, on me donne peut-être mille francs. Mais si j’arrive à Bukavu, je peux le vendre à quinze mille », explique Mpenzi M’Biramba. Une différence de prix importante, mais qui s’accompagne de risques élevés : routes coupées, vols, violences et fatigue extrême.
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Derrière ces chiffres se cachent les histoires de mères, de sœurs, de jeunes filles qui endurent de longues journées de travail pénible pour rapporter quelques billets à la maison.
« Je n’ai même pas le temps d’aller à l’hôpital. Ça me fait mal… », confie une vendeuse, consciente que sa santé décline sous le poids de ce labeur incessant.
Ces femmes sont pourtant un maillon indispensable de l’alimentation à Bukavu. Sans elles, l’amarante — légume bon marché et nutritif — manquerait cruellement sur les étals.
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Mais tant que persisteront l’insécurité sur les routes, les taxes illégales et le manque d’infrastructures, leur courage silencieux restera une lutte solitaire, une bataille quotidienne pour survivre et espérer offrir un avenir meilleur à leurs enfants.
Un article réalisé par le consortium RATECO et REMEL-GL avec l’appui de La Benevolencija Grands Lacs, dans le cadre du projet Habari za Mahali