L’Organisation «Uwezo Afrika Initiative », vient d’organiser ce mercredi 12 février un « Requiem pour la Paix », pour commémorer et honorer les morts et les victimes des différentes guerres et conflits qu’a connu l’Est de la République Démocratique du Congo depuis 1996. Il s’agit également d’un devoir de mémoire par rapport à toutes les tueries et massacres qu’a connu le pays et surtout contribuer ainsi à ce que les personnes mortes ne soient pas oubliées. Que les circonstances tragiques de leur mort tragique soient connues de génération en génération.
Plusieurs acteurs engagés dans la recherche de la justice en faveur des victimes ont pris part à cette activité. C’est particulièrement le prix Nobel de la paix 2018, le docteur Denis Mukwege, l’archevêque de Bukavu, François-Xavier Maroy et plusieurs acteurs de la Société Civile.
Pour le prix Nobel de la paix Denis Mukwege, cette initiative est un élément qui participe à la construction de la société. Pour lui, la noblesse de cette activité ne doit pas se limiter au seul devoir de mémoire mais doit être un point de départ qui invite les acteurs à poser d’autres pas pour construire une paix durable et permettre à offrir aux victimes une justice équitable pour obtenir réparation.
Pour Denis Mukwege, le devoir de vérité, le devoir de mémoire, et le devoir de justice sont des préalables à la réconciliation dans la recherche de la paix en RDC. D’où son invitation aux acteurs à trouver de la force pour exiger que ces préalables soient respectés en instaurant un univers qui est du côté de la justice en RDC, comme cela l’a été sous d’autres cieux en Europe, en Yougoslavie, en Afrique du Sud et au Rwanda.
«Il faut absolument que nous ayons une paix de cœur qui devrait se confondre avec un silence des cimetières, une paix qui invite la justice à mettre un pied dans la tombe pour que les bourreaux et les commanditaires nationaux, régionaux et internationaux répondent enfin de leurs crimes. Sans ce travail de justice, le risque est grand de voir un jour exhumées les rancœurs enfuient car l’histoire nous rappelle que sans la justice le feu de la revanche couve toujours sur les cendres des défunts. Le respect que nous portons pour les morts n’exclut pas donc que les conflits soient répétés et surtout devrait nous inviter à ne pas léguer aux générations à venir un conflit posthume. Mesdames, messieurs, le devoir de mémoire, le devoir de vérité, le devoir de justice sont des préalables à la réconciliation des peuples. Nous devons trouver de la force en nous pour exiger que ce processus soit initié en RDC comme cela l’a été sous d’autres cieux. En Europe avec le Procès de Nuremberg, en Ex Yougoslavie, en Afrique du Sud ou encore tout près de nous au Rwanda. Les crimes commis dans notre pays sont décrits de manière méthodique et professionnelle notamment dans le rapport mapping des Nations-Unies méritent un tribunal international ou à défaut avoir des Cours spécialisées. On ne peut restaurer une paix durable en laissant dans l’impunité et la banalité des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide commis sur des innocents sur notre territoire » insiste le Prix Nobel de la Paix Congolais.
La présidente intérimaire du Bureau de Coordination de la Société du Sud-Kivu, Marie Migani, a à son tour demandé aux autorités de prendre leurs responsabilités en mains, en protégeant les cimetières et construire des monuments sur les lieux où se sont déroulés les massacres. Elle a plaidé également pour des sanctions aux auteurs de ces massacres.
Marie Migani a soutenu que cela ne sera possible qu’en appliquant les résolutions du dialogue inter-congolais qui avaient exigé la création d’un tribunal pénal.
Selon madame Yvette Mushigo, membre du conseil d’administration de «Uwezo Afrika Initiative », son organisation voudrait travailler avec d’autres organisations, fondations groupes et individus et le gouvernement pour mener une étude afin de mieux rassembler toutes les données actualisées de statistiques des morts depuis 1996.
Cette cérémonie de requiem s’est tenue dans la cathédrale de Bukavu avec l’appui de la Coopération Suisse.
Bertin Bulonza
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