« Nos pensées vont à toutes ces femmes et ces jeunes filles victimes de violences et de persécutions dans les zones de conflits », c’est en tout cas ce que dit le Dr Dénis Mukwege, le prix Nobel 2018 à l’occasion de la célébration de la Journée Internationale des droits de la Femme, célébrée le 8 mars de chaque année. Dans une déclaration rendue publique ce 9 mars 2024, Denis Mukwege exprime la solidarité avec toutes les femmes et jeunes filles qui se battent pour leurs droits.
L’homme qui répare les femmes exprime son regret de voir qu’il y a un recul vis à vis dans la protection des droits humains, et dont sont plus victimes les femmes et les filles.
« Alors que cette journée devrait être une journée de célébration des acquis et des avancées en matière de droits et de libertés fondamentales, nous sommes amenés à faire le constat amer d’un recul global dans la protection et le respect des droits humains en général et des droits des femmes en particulier. Les pays les plus économiquement avancés n’échappent pas à ce contexte mondial marqué par une régression inquiétante des droits des femmes et des filles qui est largement exacerbée par la pratique trop fréquente du « deux poids deux mesures » de la communauté internationale, mettant à mal le principe d’universalité des droits humains, qui devraient s’appliquer à toutes et à tous, sans distinction, partout dans le monde », peut-on lire dans ce communiqué .
Ce défenseur des droits des femmes rappelle que dans les zones de conflits, les femmes et les enfants sont les exposées. Il revient sur le fait que la célébration de la dite journée en RDC, a été comme un jour de deuil. Cela suite à la guerre à l’Est de la RDC perpétrée par le M23 sous couvert du Rwanda de Paul Kagame.
« Ce recul général des droits humains, qui constitue une menace sérieuse pour la dignité humaine sur tous les continents, s’observe de manière patente dans toutes les situations de crise, d’instabilité et de guerre, où les femmes et les jeunes filles paient le plus lourd tribut de la violence décidée le plus souvent entre les hommes » dit-il.
Il ajoute que c’est dans ce contexte où l’opinion publique mondiale est principalement concentrée sur la situation qui prévaut à Gaza et en Ukraine qu’en République démocratique du Congo (RDC), où la Journée internationale de la femme est observée comme un jour de deuil.
En effet, malgré la guerre d’agression et les exactions commises par les forces d’occupation de l’armée et du M23, qui aggrave une situation sécuritaire et humanitaire déjà dramatique, la RDC demeure une crise largement oubliée et négligée, malgré les 7 millions de personnes qui sont déplacées poursuit le Prix Nobel.
Selon ce communiqué, la situation précaire des femmes dans les camps de déplacés les expose aux violences sexuelles.
L’ONG Médecins Sans Frontières reçoit chaque jour environ 60 femmes victimes d’agressions sexuelles dans les camps autour de Goma, la capitale du Nord Kivu s’inquiète le Gynécologue de Panzi.
Alors qu’il ne reste que six ans pour atteindre les Objectifs de Développement Durable, il est devenu évident que la réalisation de l’égalité des sexes ne sera pas atteint d’ici 2030.
« nous devons mobiliser une réelle volonté politique et des moyens conséquents pour renforcer l’effectivité des normes internationales, augmenter de manière significative le financement de l’aide consacrée à l’égalité des sexes et à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, et améliorer la représentation et la participation significative des femmes à tous les niveaux de la prise de décision ».
En guise de la célébration de la Journée Internationale des droits de la Femme, Le Dr Mukwege recommande à l’opinion publique de renouveler l’engagement en faveur d’un monde où l’égalité entre les hommes et le femmes n’est pas un idéal à atteindre mais plutôt une réalité pour des générations
« Cela exige un effort concerté pour mettre en œuvre un changement réel, pour remettre en question le statuquo et pour nous tenir, ainsi que nos dirigeants, responsables de faire de l’égalité des sexes un pilier central de la gouvernance mondiale » conclut le prix nobel.
Suzanne Baleke
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