La Société Civile du Sud-Kivu s’inquiète des pressions administratives et économiques sur les médias alors qu’ils ne génèrent pratiquement pas de recettes. Inquiétude exprimée ce jeudi 13 juin au cours d’une communication à la presse à Bukavu. Quelques jours plus tard, les locaux de la Radio Svein ont été scellés par la Direction générale des Recettes Administratives et Domaniales (DGRAD).
Pour la Société Civile du Sud-Kivu, il existe une pression économique face aux médias face à la précarité des recettes qu’ils génèrent.
« Beaucoup des médias en lignes ou radio communautaires, associatives, confessionnelles, universitaires, etc. se plaignent de la sur taxation car on les considère à tort comme des médias commerciaux privés. Pourtant, la nouvelle loi sur la presse a prévu de faire la taxation sur base d’un distinguo entre les médias commerciaux et ceux communautaires ou associatifs qui doivent bénéficier des allégements fiscaux par rapport aux médias commerciaux », dit la Société Civile du Sud-Kivu.
Ce mardi 18 juin 2024, l’organisation Partenariat pour la Protection Intégrée (PPI) a dénoncé le scellage des bureaux de la Radio SVEIN, une radio communautaire émettant à Bukavu.
D’après les informations parvenues à PPI, les services de fisc exigent la somme de plus de 2000 dollars à la radio.
« Cette pression économique exagérée sur les médias sans distinction s’apparente à une volonté exagérée du Gouvernement à museler la liberté d’expression et la liberté de la presse à bien accomplir sa mission. Le problème de la taxation forfaitaire de la publicité des médias se pose donc avec acuité », dit la Société Civile du Sud-Kivu.
Même son de cloche pour PPI qui condamne fermement cet acte qui vise le « musèlement de la presse au Sud-Kivu ». L’organisation exige la réouverture sans condition des bureaux scellés car cette action a une incidence directe sur tous les services de cette radio.
Pour la Société Civile, même s’il y a lieu de fustiger le comportement de certains médias qui fonctionnent en marge de la loi et qui utilisent des journalistes non formés, il ne faut pas que ces pressions sur les médias soient une volonté de faire taire les voix discordantes à travers ces outils.
Lire aussi : Sud-Kivu : les Etats-Généraux de la presse se tiennent finalement en juillet prochain !
« Un plaidoyer sera orienté par la Société civile du Sud-Kivu auprès de la Première Ministre qui venait d’être investie ce 12 juin 2024 afin qu’elle prenne un décret se conformant à la nouvelle loi sur la presse en distinguant la tarification des médias indépendants, associatifs, confessionnels, communautaires de ceux qui sont commerciaux. La Société civile envisage également offrir un cadre de dialogue entre l’Union Nationale de la Presse du Congo (UNPC), les autorités étatiques avec les services d’assiettes en vue de rétablir de l’équité dans ce secteur capital pour l’éducation et l’information de la population.
La Société civile lance également un appel aux « moutons noirs » de la presse et aux médias non en règle de se conformer à la législation. Elle a également appelé l’Etat à subventionner les médias.
En attendant, plusieurs autres médias sont visés.