Bukavu: Esther Kubisibwa, l’artiste qui veut révolutionner la musique chrétienne

Elle est peu connue du grand public de Bukavu. Mais il suffit d’écouter ou regarder une dizaine de clips qu’elle a déjà réalisés, en single ou en featuring, pour découvrir le talent impressionnant d’Esther Kubisibwa, artiste musicienne chrétienne « catholique » de Bukavu, au Sud-Kivu.

A travers ses chansons relaxantes, et parfois interpellatrices, Esther Kubisibwa ne prône pas seulement l’amour de Dieu. Qu’elle chante en Swahili, Anglais ou Français, celle-ci n’hésite pas à se servir sa voix pour contribuer au changement, face aux multiples problèmes auxquels font face les habitants de Bukavu.

Certains diraient même qu’elle veut révolutionner la musique chrétienne. Des droits des femmes ou des enfants, elle est prête à tout pour valoriser sa voix, son talent.

Esther Kubisibwa a réalisé des chants sur les droits des femmes. C’est le cas du morceau « Tous ensemble pour les droits des femmes ». Elle a également une chanson sur le planning familial. Mais aussi sur les droits des enfants, notamment la chanson « Sans nom, sans visage », dans laquelle elle parle des enfants qui ne se retrouvent nulle part.

Et elle l’assure clairement : «En plus de faire des chansons religieuses. Au fait, je ne veux pas chanter seulement pour plaire ou danser. Mais je fais aussi des chansons qui véhiculent des messages positifs dans la communauté.,» explique-t-elle.

Esther Kubisibwa est pourtant licenciée en Économie rurale et développement. Mais elle dit avoir appris à chanter dès le bas âge, au sein de la chorale.

«Je suis de la paroisse de Buholo mais j’ai beaucoup grandi et presté dans la paroisse de Kadutu. C’est là que j’ai appris à chanter et avoir le gout de musique. J’ai commencé à chanter depuis 2008 dans la Chorale Lavigerie dans le groupe des juniors jusqu’à ce qu’on m’intègre dans la chorale des séniors. Depuis 2015 j’ai commencé à travailler individuellement sur la relation qui existait entre la musique et moi. Avec le Groupe Bâtisseurs d’Amour (BADAM) du Dr Mana Mapoli, j’ai essayé d’apprendre beaucoup de choses, notamment des formations en musique, la conduite et les partitions, et là je suis devenue maitresse des chants,» nous explique-t-elle.

Un concert caritatif

Après un concert organisé l’an dernier pour contribuer à l’entretien du tronçon routier « Yesu Yesu » à Cimpunda, Esther Kubisibwa organise un autre concert caritatif le 17 avril prochain, au Sanctuaire Notre Dame du Mont Carmel de Karhale.

Ce concert organisé le dimanche de Pâques, vise selon elle, à récolter des fonds qui devraient contribuer au soutien de la scolarité des enfants en difficultés.

«Nous, on ne s’arrête pas seulement à chanter. Chaque chant est suivi d’une action. Le 17 avril 2022 à l’occasion du dimanche des Pâques nous avons un concert à 14 heures 30 minutes. Dans ce concert, on va chanter mais il y a une action qui suivra. On veut changer la vie de plus d’un enfant. Le concert est caritatif. Ça sera gratuit et ouvert à tout le monde. Mais à travers ce concert, il y a des enfants qui seront soutenus par nous au travers les contributions des gens de bonne foi. C’est donc plus d’une famille qui sera soulagée, des femmes qui seront dans la joie de voir leurs enfants appuyés au niveau de l’école. Donc c’est beaucoup plus l’espoir et l’amitié qu’on veut nouer avec ces enfants,» explique-t-elle.

Appel au soutien

A travers sa carrière musicale, Esther Kubisibwa affirme qu’elle ne cherche pas de l’argent. D’abord le changement dans la communauté, ensuite tous les autres intérêts peuvent venir après.

«Je dépense beaucoup plus en cette musique, mais c’est parce que j’y crois. Moi personnellement, je crois en la musique parce que je pense que ça peut aider à transformer le monde. C’est ce qui me motive,» affirme-t-elle.

Aujourd’hui, Esther Kubisibwa ne demande que l’encouragement et le soutien. «Peu de gens savent nous encourager. Et ça engendre le manque de soutien,» décrie-t-elle, avant d’appeler les habitants du Sud-Kivu et d’ailleurs de s’approprier ses œuvres, pour l’avancement de sa carrière.

Bertin Bulonza