Intervenons-nous

Certains députés élus au niveau provincial ont aussi été élus au niveau national. Les suppléants qui vont siéger en leur place seront-ils capables de répondre aux attentes de la population ? Ont-ils la même légitimité ? C’est en tout cas la question que se pose plus d’un citoyen de la ville de Bukavu.

 Certaines personnes rencontrées ce mardi 24 janvier 2024 ont des avis diversifiés.

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Certains pensent que ces suppléants doivent consulter ceux qu’ils remplacent avant de prendre une quelconque décision.

« Je regrette d’avoir élu pour une personne qui s’est portée candidate à deux niveaux. Finalement, ce n’est pas elle que je vais voir, qui va me représenter mais quelqu’un d’autre que je ne connais pas. Je pense qu’il faut arrêter cela et nous permettre de décider au cas où quelqu’un nous trompe de la sorte », dit Julienne, une jeune commerçante vivant à Kadutu.

Comme Julienne, Ruth est formelle : « J’ai voté pour un candidat parce mes parents m’ont dit qu’il assurerait notre sécurité. Maintenant je ne sais pas comment il le fera en allant à Kinshasa comme député national. Je ne connais même pas son suppléant et peut-être que je n’aurais pas voté pour lui ».

 D’autres pensent encore que les suppléants n’ont pas la même réflexion que le titulaire.

« Pour que ces suppléants répondent aux attentes, ils doivent être des gens qui côtoient la population parce qu’on ne va pas donner un véhicule à quelqu’un qui ne sait pas conduire. Si ce sont des gens qu’on va ramasser, qui n’ont jamais vécu dans des entités de leurs titulaires, ils ne pourront rien faire pour défendre les intérêts de la population. L’autre problème est que c’est généralement des frères et sœurs qui sont des suppléants et c’est difficile qu’ils portent les désidératas de la population », pense Jules, la trentaine et habitant de Bukavu.

Les interrogations se poursuivent sur l’efficacité des suppléants par rapport aux élus.

« Les hommes qui ont été élus au niveau provincial et national iront certainement à Kishasa. Pourtant, c’est à eux que la population a donné mandat et confiance. Nous ne sommes pas sûrs que leurs suppléants tiennent à la pression de la population parce que nous attendons beaucoup de l’Assemblée provinciale. Généralement, les suppléants suivent les ordres de leur titulaire que de suivre les aspirations de la population », craint Roger, un jeune étudiant dans la Faculté de Droit à Bukavu.

Pour Gentil Murhula, les suppléants vivent en province et connaissent les vrais problèmes.

« Ce sont les suppléants qui vivent en province et qui voient les problèmes de la population en espérant qu’ils vont bien travailler et qu’ils écoutent les attentes de la population et donnent rapport à la haute hiérarchie. Attendons de voir les résultats sur terrain, parce que la population attend de voir des résultats concrets », dit-il.

Les suppléants ne sont pas aussi mauvais, selon le jeune Anicet.

« Pour que ces suppléants puissent répondre aux attentes de la population, ils doivent d’abord être des personnes qui ont un vécu avec la population…ils ont déjà l’habitude de côtoyer au jour le jour la population congolaise pour savoir réellement les défis et les enjeux parce que on peut pas donner un véhicule à qui ne sait pas conduire.”

Emmanuel lui, espère que les nouveaux surprennent en politique.

« Les suppléants peuvent répondre négativement ou positivement mais pas à un pourcentage satisfaisant par rapport aux attentes de la population. Chacun a ses intérêts, ses visions, ses objectifs, mais pour ne pas rester aussi négatif par rapport à ce que nous avons vécu avec l’ancien gouvernement, je pense aussi que les nouveaux candidats dans la politique peuvent nous surprendre avec leurs suppléants dans l’amélioration des conditions de vie de la population ».

Le Professeur Nyaluma enseignant de droit à l’Université Catholique de Bukavu regrette que ces pratiques soient notamment faites parce que les congolais veulent s’enrichir dans la politique.

Ce professeur indexe le système électoral de la RDC qui permet à ce qu’un candidat postule à deux niveaux alors qu’il ne doit siéger qu’à un seul niveau.

Il faut dire qu’au Sud-Kivu, plusieurs candidats ont été élus au niveau national et au niveau provincial.

Il s’agit par exemple de Aimé Boji Sangara, Kahasha Murhula Foka Mike et Olive Mudekereza. Une situation qui suscite des questionnements dans l’opinion.

 Pour Nyaluma, il faut réformer la loi dans le futur. 

Vinciane Ntabala

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2 commentaires

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