Médecins Sans Frontières (MSF) alerte sur la situation des centaines de milliers de déplacés autour de Goma et la population de la ville, alors que des déplacements massifs se poursuivent depuis plusieurs jours dans la région. MSF plaide pour que ces mouvements de population soient réalisés de manière volontaire et dans des conditions sécurisées, tout en soulignant l’importance d’une aide humanitaire immédiate, où qu’elle soit nécessaire.
Depuis la prise de contrôle de la région par le M23/AFC, la situation sécuritaire a profondément perturbé les camps de déplacés. Les départs précipités, parfois sous pression, se multiplient.
“Cette semaine, certains camps se sont largement vidés, en quelques heures à peine. Les personnes déplacées partent avec le peu qu’elles ont. Nous ignorons dans quelles conditions elles feront le trajet jusqu’à chez elles et ce qui les attend là-bas. Mais il est crucial que ces déplacements soient volontaires et que les conditions d’accueil dans leurs zones d’origine soient sécurisées”, explique Thierry Allafort-Duverger, Chef de programmes urgences MSF à Goma.
Les raisons de ces départs sont variées : certains évoquent des ordres d’évacuation donnés par le M23, tandis que d’autres souhaitent simplement fuir des camps où les conditions de vie sont devenues insupportables après des années de survie dans des conditions précaires. Cependant, beaucoup restent inquiets, face à l’incertitude de ce qu’ils trouveront à leur retour.
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“Les messages restent confus et peu clairs, mais ce qui est certain, c’est que la population est très inquiète, oscillant entre rumeurs et réalité”, poursuit Allafort. “La vulnérabilité des familles est extrême. Pour ceux qui partent comme pour ceux qui restent, l’assistance humanitaire reste plus que requise. Malheureusement, nous constatons sur le terrain que plusieurs ONG n’ont pas pu reprendre leurs activités ou ont suspendu leurs services.”
MSF se dit particulièrement préoccupée par la situation sanitaire dans les zones de retour. De nombreuses structures de santé ont été détruites ou abandonnées, et ne seront pas capables de répondre aux besoins médicaux urgents. Les équipes de MSF observent également la démolition de certaines installations humanitaires dans les camps, un signe de la vulnérabilité extrême des familles déplacées.
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Dans ce contexte, MSF déploie des cliniques mobiles et mène des évaluations sanitaires dans les villages d’origine pour soutenir les personnes en retour et évaluer les besoins en soins médicaux. L’ONG continue également de fournir des soins vitaux aux déplacés restés dans les camps autour de Goma, notamment pour le choléra, les violences sexuelles et les soins nutritionnels, tout en s’occupant des blessés de guerre dans ses hôpitaux à Kyeshero et Virunga.
MSF insiste sur la nécessité de garantir un accès humanitaire total et ininterrompu dans les zones de retour pour que les populations bénéficient des services médicaux essentiels et de l’aide humanitaire nécessaire.
Victoire Mbilizi