Intervenons-nous

La récente décision du Ministère de l’Éducation nationale autorisant les filles enceintes à poursuivre leurs études continue de faire réagir les médias du Sud-Kivu. Entre applaudissements, prudence et mises en garde, tour d’horizon de quelques-unes des plumes régionales dans cette revue de presse de Freddy Ruvunangiza

D’abord, des déplacements massifs à Kabare au Sud-Kivu

Commençons par Radio Maendeleo qui évoque des déplacements massifs à Kabare au Sud-Kivu.
En territoire de Kabare, la situation sécuritaire se dégrade avec l’arrivée quotidienne de près de 800 ménages déplacés, en provenance du groupement Irhambi-Katana. Radio Maendeleo rapporte que ces familles fuient les affrontements sanglants des 12 et 13 juillet dernier. Elles vivent désormais dans des villages jugés plus sûrs autour de Katana centre, Mwanda-Katana, Kabamba et Kajuchu, mais dans des conditions extrêmement précaires. Ces déplacés dénoncent notamment des assassinats ciblés, l’incendie de maisons, en particulier celles des communautés pygmées, et des pillages. Plusieurs familles cherchent encore leurs enfants disparus lors de la fuite, tandis que l’appel à la paix se fait urgent.

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La scolarisation des filles enceintes au cœur d’un débat

Sur un autre front, un débat passionné s’installe autour de la scolarisation des jeunes filles enceintes.
Watch dog Media soulève la complexité du sujet, entre le droit fondamental à l’éducation et les défis pédagogiques liés à la grossesse en milieu scolaire. Le média invite à une réflexion pragmatique, évoquant des mesures d’accompagnement spécifiques, comme des horaires aménagés et un suivi médical adapté. Le confrère mentionne aussi une proposition audacieuse et controversée : installer des points de distribution de préservatifs et contraceptifs dans les écoles, financés par des frais supplémentaires, pour mieux prévenir ces grossesses.

Une mesure historique saluée par le Collectif 2250

En réaction à cette problématique, Kivu Times donne la parole à Honneur-David Safari, Secrétaire Exécutif National du Collectif 2250, qui salue « une mesure historique » prise par le Ministère de l’Éducation, autorisant désormais toutes les élèves enceintes à rester à l’école. Il dénonce une discrimination structurelle où seules les filles étaient exclues alors que les garçons poursuivaient leurs études. Selon cet activiste cité par Kivu Times, cette décision corrige une injustice profonde et invite à un changement de mentalité, notamment par un accès accru à la sensibilisation et aux contraceptifs.

Des réactions partagées au sein de la population

Cependant, Radio Universitaire ISDR Bukavu souligne que cette mesure suscite aussi des réactions partagées dans la population. Si certains parents comme Alphonsine Nsimire applaudissent cette avancée, des enseignants comme Mulume Gédéon s’interrogent sur les impacts pédagogiques et regrettent le manque de consultation préalable. Le Secrétaire Général de l’EPST, lui, défend la décision, la justifiant par la nécessité d’égalité des genres.

Un dossier complet sur la controverse dans Le Souverain Libre

Le Souverain Libre consacre également un dossier à ce débat, recueillant des avis très contrastés : Jeanne critique la mesure, la considérant comme contraire aux valeurs africaines et craignant qu’elle légitime la sexualité précoce. À l’inverse, Tatiana, juriste, défend la mesure comme juste, refusant que la grossesse gâche l’avenir scolaire des jeunes filles. Plusieurs personnalités, notamment des associations féminines comme le Caucus de femmes, saluent la décision, tandis que des représentants du corps enseignant catholique y voient une « incitation à l’immoralité ». Les confrères rappellent enfin que la RDC est tenue par des conventions internationales garantissant le droit à l’éducation sans discrimination.

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Partout dans la province, la presse est unanime : la mesure est saluée. Mais les rédactions s’accordent aussi à dire qu’il ne suffit pas d’une annonce. C’est dans les classes, les cours de récréation, les mentalités et les politiques concrètes que se jouera réellement le droit des filles enceintes à l’éducation. Et sur ce point, le chemin reste encore long.

Dans le chapitre sécurité, l’escalade de la violence s’invite dans les Hôpitaux

Sur le plan sécuritaire, La Prunelle RDC rapporte qu’une attaque armée d’une rare violence a frappé, le 15 juillet, l’Hôpital Général de Référence de Nyantende dans le groupement de Mumosho, territoire de Kabare. Des hommes armés ont agressé plusieurs médecins et pillé le matériel médical ainsi que des biens personnels. Ils ont également pris pour cibles plusieurs familles voisines, blessant grièvement plusieurs personnes. Cette attaque, insiste La Prunelle RDC, illustre la grave détérioration sécuritaire dans la région, et la société civile locale appelle les autorités à agir sans délai pour protéger les populations et infrastructures vitales.

Impunité et insécurité autour des structures sanitaires

Jambo RDC et Labeur Info confirment ces faits et insistent sur l’impunité dont semblent jouir les assaillants, exhortant à renforcer la sécurité autour des structures sanitaires. Le Souverain Libre ajoute des détails sur l’opération, évoquant même un coup de feu qui aurait mis en fuite les bandits, tandis qu’un précédent incident de juin dernier à Nyantende rappelait déjà la vulnérabilité de la zone.

Et des élus interpellés

Face à la crise persistante à l’Est, la plateforme citoyenne « Les Résistants », rapportée par Kivu Top, lance un appel vibrant aux élus du Nord et Sud-Kivu actuellement en vacances parlementaires : rester auprès de leurs électeurs, les soutenir, et éviter les déplacements inutiles. Elle fixe un ultimatum de 15 jours pour la restauration de la paix et exhorte les belligérants à cesser les hostilités.

Et pendant ce temps, un don de sang s’organise à Uvira en soutien aux Forces armées et volontaires

Par ailleurs, Congo Uni Média annonce la tenue d’une campagne de don de sang du 16 au 17 juillet à Uvira, pour soutenir les Forces armées de la RDC et les Volontaires pour la Défense de la Patrie engagés sur le terrain. Cette initiative est portée par le Conseil provincial de la jeunesse, avec l’appui des autorités locales et provinciales, dans un élan de solidarité nationale.

Le Kivu c’est aussi le développement et cette fois à Bunyakiri.

Côté développement, Les Volcans News informe que le Ministère de l’Enseignement Supérieur vient d’autoriser la création d’une École Nationale de la Santé à Bunyakiri, dans le territoire de Kalehe. Cet établissement public vise, selon ce site d’information, à offrir aux jeunes de la région des formations qualifiantes dans les métiers de la santé, en réponse au déficit de personnel qualifié et à l’enclavement des zones rurales.

Un autre sujet : le Festival Mondial de la Musique et du Tourisme à Kinshasa

Enfin, à Kinshasa, La Fortune RDC relaie le lancement du Festival Mondial de la Musique et du Tourisme, qui met en lumière les richesses naturelles du pays, notamment les parcs nationaux et réserves telles que Kahuzi-Biega et Okapis. Cet événement vise à sensibiliser le public à la conservation de la biodiversité, dans un contexte où les conflits armés menacent ces espaces.

Revenons à la sécurité pour parler de l’dentification des Volontaires pour la Défense de la Patrie au Sud-Kivu

Pour conclure, Grands Lacs TV annonce que tous les Volontaires pour la Défense de la Patrie du Sud-Kivu ont accepté de se soumettre au processus d’identification et d’enregistrement, une étape cruciale vers une meilleure coordination et structuration des forces locales engagées dans la lutte contre les groupes armés. Le gouverneur Jean-Jacques Purusi Sadiki, cité par le site d’information, salue cette avancée et remercie le président Félix Tshisekedi pour son engagement dans la pacification de l’Est du pays.

C’est la fin de ce tour d’actualité dans des médias.

À travers ces récits, entre cris de paix et échos d’espoir, la voix du Kivu s’élève, fragile mais déterminée. Quelle place accorderons-nous à ces filles enceintes, futures mères porteuses de rêves et de savoir ? Comment conjurer l’ombre des armes qui violent les hôpitaux et déchirent les familles ? Le chemin vers la paix, à la fois sinueux et urgent, interpelle chaque acteur, chaque citoyen, à s’engager avec courage et cœur.

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Alors que l’école pourrait cette fois se transformer en refuge, que la musique célèbre la richesse d’une terre menacée, que les jeunes volontaires se reconnaissent dans l’appel à la défense, la grande question demeure : saurons-nous, collectivement, tisser les liens solides d’un avenir apaisé et juste ?

Nous vous donnons rendez-vous pour la prochaine revue de presse, où ces enjeux continueront de se dévoiler, au rythme des voix du terrain et des analyses éclairées. À très bientôt, pour ne rien manquer de l’actualité qui façonne la vie de la RDC et de sa jeunesse.

Freddy Ruvunangiza

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