Intervenons-nous

Constant Mutamba (Justice), Aimé Boji (Budget) et Doudou Fwamba (Finances) sont appelés à s’expliquer devant les députés sur un contrat jugé opaque lié à la construction d’une prison à Kisangani.

L’Assemblée nationale a convoqué trois membres du gouvernement congolais pour répondre à une question orale avec débat autour d’un présumé détournement de 39,8 millions de dollars américains, destinés à la construction d’une prison centrale à Kisangani.

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À l’origine de cette interpellation, le député national Willy Mishiki, élu de Walikale, qui dénonce un marché de gré à gré attribué dans des conditions jugées irrégulières, et impliquant une société décrite comme une « mafia bulgare » basée au Royaume-Uni.

« Cette société compte huit associés, dont six ont déjà démissionné. Les deux restants louent un petit local à Londres, sans capacité financière ni technique. Pourtant, elle a obtenu un marché public de près de 40 millions de dollars, attribué sans appel d’offres par le ministre Constant Mutamba », affirme Mishiki.

Une procédure jugée illégale

Le député s’appuie notamment sur une correspondance datée du 1er avril 2025, dans laquelle le ministre de la Justice Constant Mutamba sollicite l’approbation de la Première ministre pour conclure ce marché. Or, selon lui, aucune approbation formelle n’a été délivrée, en contradiction avec les procédures légales en vigueur.

« Comment un paiement aussi important a-t-il été autorisé sans validation de la cheffe du gouvernement ? », s’interroge-t-il, tout en exigeant du ministre du Budget, Aimé Boji, la présentation du DTO (Document de Traitement des Ordres) ayant servi à débloquer les fonds.

Un projet absent du budget 2025

Plus troublant encore : selon Mishiki, le projet de construction d’une prison à Kisangani ne figure pas dans la loi budgétaire 2025 présentée par la Première ministre Judith Suminwa. Le député évoque une initiative soudaine et injustifiée.

« Nous sommes allés à Kisangani : aucun site n’est prévu, et la population locale réclame d’abord une amélioration de l’accès à l’électricité. »

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Il pointe également un risque d’infiltration des institutions, évoquant les déclarations controversées de Corneille Nanga, selon lesquelles il disposerait d’alliés au sein du gouvernement.

Réactions des ministres concernés

Du côté du ministère des Finances, le cabinet de Doudou Fwamba affirme n’avoir autorisé aucun décaissement relatif à la construction de la prison, que ce soit via le Trésor public ou par d’autres canaux officiels.

Pour sa part, le ministre de la Justice Constant Mutamba dénonce une campagne de désinformation, qu’il attribue à des acteurs mal intentionnés visant à discréditer le gouvernement. Il annonce des poursuites judiciaires contre les auteurs de ce qu’il qualifie de « faux bruits », et défend le projet comme un effort dans la lutte contre la surpopulation carcérale.

En attendant des réponses claires

La comparution prochaine des trois ministres devant l’Assemblée nationale pourrait permettre de clarifier les responsabilités et les procédures entourant ce dossier explosif, dans un contexte de forte demande de transparence sur la gestion des finances publiques en RDC.

Trésor Wilondja

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