Intervenons-nous

    Les parents d’élèves et étudiants de Bukavu et de ses périphéries rencontrent de grandes difficultés pour le paiement des frais scolaires et académiques, dans un contexte marqué par la crise sécuritaire et l’instabilité économique. En effet, cette crise, particulièrement dans la région de l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), a plongé de nombreuses familles dans une situation de grande précarité, avec des revenus de plus en plus limités, voire inexistants pour certains.

    Les témoignages de plusieurs parents recueillis par La Prunelle RDC montrent que cette situation est particulièrement difficile pour les familles déplacées et celles touchées par la pauvreté exacerbée.

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    Jules Magene, jeune responsable dans la ville, affirme que l’instabilité économique rend difficile le paiement des frais scolaires.

    « Les familles font face à une pauvreté exacerbée par le déplacement forcé et la perte de moyens de subsistance. Cette absence de revenus, due à la paralysie des activités économiques et l’accès limité aux infrastructures scolaires, aggrave encore la situation », explique-t-il.

    Madame Furaha, une veuve et vendeuse de bananes, regrette de ne pouvoir subvenir aux besoins scolaires de ses enfants.

    « Je ne sais plus comment faire face à mes trois enfants en cette période de crise sécuritaire. Après la mort de mon mari, je travaille difficilement pour répondre aux besoins de mes fils. Mon aîné est en 6ème année primaire et, avec mon petit commerce, je suis vraiment limitée », raconte-t-elle, désespérée.

    Elle lance un appel au gouvernement congolais, demandant l’exonération des frais de participation aux épreuves certificatives pour les élèves finalistes.

    Le problème de l’accès à l’éducation est également abordé par Prince Amani, acteur de la société civile. Selon lui, les conflits et l’instabilité économique exacerbent les difficultés pour les parents du Sud-Kivu.

    Les frais de scolarité et académiques sont devenus presque impossibles à payer, en raison de l’inflation, de la fluctuation des taux d’échange, et de la fermeture des banques. Cette situation est aggravée par l’arrêt des activités de nombreuses entreprises, comme Bralima, qui employaient des centaines de personnes, impactant ainsi les revenus de nombreuses familles.

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    « Les déplacements de populations et l’absence de sécurité adéquate rendent la situation encore plus critique. Les activités principales des familles ont baissé, et les rendements sont de plus en plus faibles », confie Prince Amani.

    En milieu rural, la situation est tout aussi préoccupante. Anicet Muganzi, directeur de l’EP Nuru à Mukwidja dans le territoire de Kalehe, révèle que les enseignants ne sont plus payés depuis le mois de février en raison du manque de fonds.

    « Il est difficile de scolariser mon propre enfant à l’Institut Mukwidja. Depuis février, nous ne recevons plus de salaires, et presque plus d’activités scolaires n’ont lieu », explique-t-il.

    Les parents, enseignants et responsables de la société civile recommandent au gouvernement congolais d’initier des solutions de paiement numérique pour faciliter le paiement des salaires des agents de l’État et des enseignants. Ils demandent également une exonération des frais scolaires pour les enfants déplacés par la guerre et un fonds d’urgence d’éducation pour soutenir les familles en difficulté.

    « Nous demandons au gouvernement de nous venir en aide, nous sommes dépourvus de tous les moyens face à cette insécurité », conclut un parent.

    Suzanne Baleke

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