L’avenue Hippodrome de la commune d’Ibanda, à Bukavu, s’est récemment vue attribuer un nouveau nom : Avenue Solange Lusiku. Une décision saluée par certains, et vivement critiquée par d’autres. Pourtant, ce geste de l’autorité provinciale ne fait que rendre hommage à une figure qui mérite d’être célébrée, et ce, à plus d’un titre.
Solange Lusiku n’était pas seulement une journaliste, mais une militante acharnée pour la démocratie, les droits humains et une presse libre. En renommant cette avenue en son honneur, c’est une icône de la lutte pour la dignité et la justice que l’on célèbre. Une femme dont l’engagement a marqué la province du Sud-Kivu, une femme dont les actions ont transcendé les frontières de sa région pour influencer la scène nationale et internationale.
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Célébrer Solange Lusiku, c’est rappeler qu’elle fut une voix inébranlable dans un contexte où la presse indépendante et la liberté d’expression sont souvent mises en péril. En tant que responsable du journal Le Souverain Libre, elle a défendu bec et ongles le droit à l’information, tout en étant une vigie des droits des plus vulnérables, notamment les femmes et les enfants. Sa lutte pour un Congo plus juste et plus égalitaire demeure un modèle de courage et de persévérance.
L’importance de ce geste ne réside pas uniquement dans la reconnaissance d’une femme d’exception, mais dans le timing. Alors que nous entamons les 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux filles, il est tout à fait symbolique qu’une avenue de Bukavu porte désormais son nom. Solange Lusiku a fait de cette lutte sa raison d’être, un combat pour la dignité de toutes les femmes. Renommer cette avenue quelques jours avant le début de cette période d’activisme est un hommage à ses efforts pour mettre fin à l’impunité des violences faites aux femmes et à son travail incessant pour la protection des droits fondamentaux.
Certes, certains remettront en question la légitimité de ce changement, en se demandant si le nom de Lusiku est justifié par ses réalisations. Mais ce questionnement est, à bien des égards, réducteur. Solange Lusiku n’a pas été une politicienne cherchant des titres ou des distinctions. Elle a œuvré sans relâche pour un Congo libre, démocratique et respectueux des droits de chaque individu. Son nom est bien plus qu’une simple reconnaissance, il est un symbole de la résistance face à l’injustice.
Il est également essentiel de souligner que cette décision a été prise après un processus consultatif et avec le soutien des acteurs locaux, y compris le bourgmestre de la commune d’Ibanda et le Conseil communal. La dénomination de l’avenue Solange Lusiku se veut ainsi une reconnaissance collective de son engagement et de l’impact profond de son travail.
Enfin, il convient de rappeler que ce renaming ne se limite pas à un simple hommage posthume. Il s’agit d’un acte symbolique puissant, inscrivant dans le paysage de Bukavu une mémoire vivante et un message clair : celui de la lutte pour la liberté d’expression, pour la défense des droits humains, pour l’égalité de genre. En honorant Solange Lusiku, l’autorité provinciale invite chacun d’entre nous à poursuivre la lutte qu’elle a menée de son vivant.
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Reconnaître et célébrer les valeurs de ceux qui nous ont précédés et qui ont lutté pour un avenir meilleur est un devoir moral. Refuser de se laisser enfermer dans les cicatrices du passé colonial, mais de garder vivante la mémoire de ceux qui ont œuvré pour la justice, l’égalité et la dignité humaine.
En honorant Solange Lusiku, nous célébrons une femme qui a fait face aux injustices sans jamais céder, un modèle de persévérance et de courage. C’est une invitation à reconnaître la valeur de nos héros locaux, à célébrer leur contribution essentielle à la société, et à nous engager, à notre tour, dans la construction d’un avenir empreint de liberté, d’égalité et de respect des droits humains. La mémoire de Lusiku, comme celle de tant d’autres, doit être un phare qui éclaire notre chemin vers un Congo plus juste, sans jamais renier les leçons de notre histoire, mais en restant fermement ancrés dans l’espoir d’un avenir radieux.
Alors, pourquoi Solange Lusiku ? Parce qu’elle incarne l’espoir, la justice et la dignité pour toutes les femmes, pour tous les citoyens du Sud-Kivu, et pour tout un pays qui aspire à la liberté et à la paix. Son nom, désormais inscrit dans la mémoire collective à travers cette avenue, continuera à inspirer les générations futures à suivre son exemple.
Claudine Kitumaini