Intervenons-nous

Des maisons continuent d’être consumées dans des incendies répétitifs dans les trois communes de la ville de Bukavu. Pas plus tard que la semaine dernière, des dégâts matériels et humains ont été  rapportés. Voici ce qu’il faut retenir de ces catastrophes devenues banales à Bukavu.

C’est dans le quartier Nyalukemba en commune d’Ibanda que les incendies les plus dévastateurs ont eu lieu. En une journée, c’est-à-dire le 3 Juillet, au moins 235 maisons, (selon les décomptes de la Société Civile) ont été calcinées. Ces incendies ont essentiellement touché les avenues Irambo 1, Irambo 2, l’avenue Evariste Baganda, avenue Hewa Bora 2, et Albert Kayabu 5.

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Résultat : 485 ménages sans abris en plus d’un nourrisson de deux semaines mort.

Un autre incendie meurtrier s’est produit sur avenue Iberegeza, quartier Cahi en Commune de Bagira la nuit du 5 au 6 juillet dernier.  Sur place, une personne dont l’âge est estimé à 12 ans est décédée aux côtés d’au moins deux maisons parties en fumée. Non loin de là mais cette fois sur Bizimana, au Quartier Panzi (Commune d’Ibanda), c’est au moins 4 maisons qui ont été victimes du feu.  D’autres maisons ont été démolies pour éviter la propagation du feu sur des maisons voisines.

Samedi 06 Juillet 2024 toujours, un double incendie s’est encore produit. L’un à Kadutu, à l’Ancienne Coopérative aux environs de 17 heures 30 minutes et l’autre à Muhungu.

Le même jour, dans la commune de Kadutu, à une heure du matin, sur avenue Hôpital Général A, au quartier Nkafu, un autre cas d’incendie a ravagé une dizaine des maisons et des biens ménagers. L’on signale également une personne blessée venue pour l’intervention.

Au moins 250 maisons calcinées au courant de la semaine, si l’on en croit les décomptes des cadres de base et acteurs de la Société Civile.

Pour la grande partie de ces incendies, l’origine n’est pas connue.

Pendant ces événements malheureux, certains jeunes interviennent pour éteindre le feu mais le plus souvent leurs efforts restent sans succès.

Incendies d’origine criminelle ?

Plusieurs acteurs sociaux attribuent ces cas à des constructions anarchiques, à la mauvaise gestion des combustibles, à la mauvaise installation du courant électrique, pour ne citer que ceux-là.

D’autres commencent à évoquer des pistes criminelles pour expliquer la récurrence de ces incendies dans la ville de Bukavu.  C’est l’exemple de Me Patient Bashombe, ancien Président du Cadre de Concertation Nationale de la Société Civile de la RDC et ancien Président de la Société Civile du Sud-Kivu.

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Dans un message sur les réseaux sociaux, il affirme qu’il y a lieu de « suspecter une activité criminelle des ennemis de la paix ».

« Vu le Modus Operandi, la fréquence, la multiplicité et l’envergure de cas d’incendies à Bukavu, nous suspectons une main noire criminelle. Malheureusement les investigations ne vont jamais en profondeur et les résultats des enquêtes non connus, d’ailleurs pour la plus part, il n’y a même pas d’enquête, juste des conclusions hâtives. Le responsable d’un incendie, même en cas d’erreur, d’inadvertance, d’omission…doit répondre de son acte au regard de la responsabilité civile d’actes qui causent préjudice à autrui », dit-il.

Pour Bashombe, ce qui se passe à Bukavu, est la conséquence de « l’inaction » des autorités administratives, judiciaires et politiques « qui ne diligentent une investigation sérieuse et profonde ».

« Tant qu’ils n’arriveront pas à dénicher et réprimer les responsables civils ou pénaux, le nombre d’incendies ne fera que s’accroître », a-t-il insisté.

 

Une plainte contre inconnus pour incendie

Actuellement à la tête de la plateforme Dynamique Communautaire pour la Cohésion Sociale et le Développement « DYCOD-RDC », Patient Bashombe a même initié une plainte contre inconnus « pour infraction d’incendie ».

Dans un communiqué de presse, de janvier à juillet 2024, la DYCOD affirme que près de 20 incendies se sont déclarés dans la ville de Bukavu emportant près de 1.000 maisons et faisant d’innombrables pertes des biens de valeur et plusieurs vies humaines fauchées sans que personne ne soit interpellée, ni arrêtée et condamnée à ce sujet.

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« Considérant le drame humanitaire que ces incendies ont causé depuis l’année passée et au regard des informations en notre possession laissant croire à une activité criminelle, nous avons introduit une Plainte contre inconnus devant le Parquet de la République, afin d’identifier et faire condamner les inciviques qui se livreraient à provoquer des incendies Bukavu », lit-on.

La Plateforme DYCOD demandons à l’autorité judiciaire de mener une enquête minutieuse tendant à dénicher et mettre hors d’état de nuire les auteurs présumés de ces actes afin qu’ils subissent la rigueur de la loi en vertu des dispositions légales et sur pieds des articles 103, 104 et 105 du Code Pénal Congolais réprimant l’Infraction d’Incendie.  

« Les victimes qui ont suspecté une activité criminelle sont priées de collaborer avec la justice », écrit la DYCOD.

En attendant, les acteurs socio-politiques demandent que soit mis en œuvre le plan d’élargissement de la ville de Bukavu.

Ils recommandent également au service de l’urbanisme et habitat, d’interdire les constructions sur des sites qui mettent les  vies humaines en danger ou carrément d’urbaniser ces lieux afin de donner accès facile aux interventions.

Séraphin Mapenzi

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  1. Pingback: Incendie sur les avenues Irambo II, Albert Kayabu et Hewa Bora (Bukavu) : le gouvernement interdit toute construction sur le site - La Prunelle RDC

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