En République démocratique du Congo, il s’est ouvert un débat sur une éventuelle modification et/ou changement de la Constitution. Ce débat ouvert par certains caciques du pouvoir en place s’est élargi jusqu’à la première institution du pays. Ces derniers jours, lors de rencontres avec la diaspora en Europe, le Président congolais ne s’est pas montré fermé au débat sur la révision de la Constitution.
Devant la communauté congolaise vivant en Belgique, le Président Félix Tshisekedi a annoncé la mise en place dans les prochains jours d’une commission nationale multidisciplinaire censée réfléchir pour arriver à la proposition d’une nouvelle constitution en République Démocratique du Congo.
À Paris, d’abord, mercredi 1er mai dans la soirée, devant la diaspora, Félix Thisekedi est questionné par le public à ce sujet. « Ne faites pas de moi un dictateur », répond-t-il, avant d’ajouter : « Cette démarche ne relève pas seulement de mes compétences, mais plutôt de la population à travers ses représentants à l’Assemblée nationale ».
Deux jours plus tard, vendredi 3 mai, à Bruxelles toujours devant la diaspora, le Président va un peu plus loin. « Je mettrai en place une commission qui réfléchira sereinement sur comment nous doter d’une Constitution digne de notre pays », assure-t-il.
« Comme vous le savez, je suis un fervent partisan de la mise à jour de notre Constitution. Je pense que notre Constitution est obsolète, c’est une Constitution qui a été conçue après un conflit et elle avait fait la part belle à tous ceux qui avaient été des belligérants et même dans le système électoral que nous avons à la proportionnelle ce n’est pas un système propice pour un pays aussi grand que la République Démocratique du Congo. On ne devrait pas avoir un système pareil pour composer notre classe politique. Je crois que tout ça va faire l’objet des réflexions, je mettrai en place une commission nationale qui serait multidisciplinaire et qui serait appelée à réfléchir sereinement sur la manière de nous doter d’une Constitution digne de notre pays », a déclaré Félix Tshisekedi.
Mais au pays, l’idée de changement et/ou révision de la Constitution n’est pas bien accueillie dans le contexte actuel. L’opposition qui soupçonne le Président Tshisekedi de vouloir toucher aux dispositions verrouillées de la Constitution a déjà prévenu que c’est une ligne rouge à ne pas franchir.
Le camp de Moïse Katumbi a d’ailleurs annoncé que son rôle au Parlement serait en partie de bloquer toute tentative de révision de cette Constitution.
Et dans une déclaration de l’ECiDé rendue publique ce lundi 6 mai à Kinshasa en rapport avec cette démarche de Félix Tshisekedi, le parti de Martin Fayulu s’oppose à tout changement de la Constitution ou toute révision de ses articles verrouillés.
Pour Devos Kitoko, Secrétaire général de cette formation politique, il s’agit là « des manœuvres de Félix Tshisekedi qui visent à se maintenir illégitimement au pouvoir qu’il a obtenu par un hold-up électoral en 2018 et par un simulacre d’élections en 2023 ».
« Ne permettons pas à un gouvernement illégitime, en quête de sa régénérescence, de changer la Constitution », exhorte Devos Kitoko.