Intervenons-nous

    Le 17ème épisode de « Mon point de vue » de ce lundi 7 février 2022 animé par le Pasteur Nicolas Kyalangalilwa revient sur le phénomène qui étonne plus d’un dans la province du Sud-Kivu: les lettres administratives et communiqués s’écrivent en majuscules au Gouvernorat du Sud-Kivu. Anodin ? Peut-être.

    « Depuis un temps on observe dans les communications du gouvernement provincial des communiqués en majuscules. Etonnant ne c’est pas ? On nous aura tous appris depuis l’école primaire que les lettres majuscules sont supposées être utilisées au début des phrases, et en des cas particuliers pour des mots sur lesquels on veut attirer l’attention du lecteur. En général, les communiques et autres lettres s’écrivent en minuscules, généralement. En tout cas c’est ce que beaucoup d’entre nous avions appris à l’école, jusqu’à présent ! Mais comment en sommes-nous arriver à avoir des communiqués entiers en lettres majuscules ?

    Et bien tout commencé avec l’avènement du gouvernement Ngwabidje I. Je ne sais pas comment ni pourquoi mais il semble que toutes les fois qu’un communiqué sortait du gouvernorat, il avait soit des fautes d’orthographes ou des fautes grammaticales. Des accents manquaient, des virgules n’étaient pas placées au lieu nécessaire, etc. Les gens ont donc commencé à remettre en question ces documents et à les critiquer. Finalement, l’on décida de faire des communiques en majuscule. Qu’est-ce que cela reflète ?

    1. Il est plus que clair que les critères politiques (et d’autres non avoués) ont primé sur la compétence dans la sélection des collaborateurs des Gouverneurs. Comment alors comprendre que le gouvernement provincial n’ait pas une seule personne compétente pour écrire correctement des lettres en français et cela sans fautes ! Peut-être que les partis politiques devraient ainsi revoir leur système de sélection des animateurs qu’ils envoient dans les institutions publiques pour éviter l’opprobre de ce genre.
    2. Il ressort de cette problématique un reflet négatif de la qualité de notre système éducatif. Comment expliquer que des détenteurs d’une licence dans un domaine et des professeurs d’université ne savent pas corriger des simples communiqués (d’une page) en français ? Et pourtant le français est la langue officielle ainsi que la langue d’éducation en RD Congo. Il faudra donc veiller à augmenter le niveau et la qualité d’éducation si on veut voir ces genres des pratiques diminuer.
    3. Ce phénomène démontre aussi un certain manque d’humilité. Une fois que l’on comprend que l’on n’a pas la maitrise de la langue, il est prudent et sage de faire appel à ceux qui sont les experts dans le domaine. Ainsi, je me demande si dans toute la province du Sud-Kivu, avec environ six millions d’habitants, il manque un seul professeur de français qui aurait pu aider le gouvernement provincial en corrigeant les communiqués et différentes communications qui sont publiés afin de les conformer aux exigences de la langue française. Et elle en a des exigences, celle-ci.
    4. Et si on se « décolonisait » de cette langue étrangère ? Pourquoi les dirigeants ne feraient pas des communiqués dans une de nos langues nationales (le swahili) par exemple ? Il est peut-être temps de relancer le débat sur ce sujet. En Tanzanie, au Kenya, au Rwanda et Burundi on a compris le besoin de recourir aux langues nationales non seulement dans l’enseignement mais dans la communication. Avons-nous honte de qui nous sommes ? Ou alors sommes-nous si nostalgique de la colonisation que nous voulons à tout prix en préserver les vestiges (et nous n’y parvenons pas très bien) ?

    Quoi qu’il en soit, je pense que nos amis de Nyamoma ont encore beaucoup des choses à faire pour s’assurer que les lettres et communiqués ne soient plus en majuscules. Personnellement, je les préférerais en swahili plutôt qu’en français Majuscule ! Mais ; avons-nous pris conscience de cette réalité ?

    Rév. Nicolas Kyalangalikwa

    Acteur de la Société Civile

    A propos de « Mon point de vue » 

    « Mon Point de vue » est une chronique d’analyse de l’actualité provinciale, nationale et régionale animée par Nicolas Kyalangalilwa, célèbre, fervent acteur de la Société Civile et diffusée sur la radio Jambo FM émettant sur 92.0 MHz à Bukavu au Sud-Kivu. Elle est diffusée tous les lundis, jeudis et dimanches à 20 heures 15. La rediffusion de ces épisodes se fait les mardis, vendredi et lundi à 8 heures du matin. LaPrunelleRDC vous les proposera également en écrit et en audio.

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