Intervenons-nous

Depuis maintenant sept mois, les vacataires de la Monusco vivent dans des conditions dramatiques, et leurs revendications, notamment contre les violences sexuelles subies, sont restées sans réponse. Cette situation s’inscrit dans un contexte de luttes pour leurs droits, alors même que le monde commémore les 16 jours d’activisme pour mettre fin aux violences basées sur le genre.

Le 27 novembre 2024, La Prunelle RDC a constaté sur le terrain la réalité des conditions de vie de ces vacataires. Selon Nsimire Kauku Lorence, représentante des femmes victimes et des vacataires, 261 personnes réclament leurs droits, mais la réponse des autorités locales et nationales demeure insuffisante, malgré des mois de sit-in. 

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Parmi elles, 15 femmes ont été victimes de viols dans la province du Sud-Kivu, dont 4 à Bukavu, 9 à Kavumu et 2 à Uvira. Ces viols, souvent commis par des membres du personnel expatrié de la Monusco, sont un cri d’alarme face à l’impunité totale qui règne.

« Depuis 7 mois, nous souffrons dans l’indifférence totale. Nous dormons à la belle étoile, exposées aux intempéries, à la maladie, et surtout à l’insécurité. Nos revendications sont ignorées. Et pourtant, nous sommes des citoyennes congolaises qui méritons la protection des autorités », déplore Nsimire.

Elle souligne que de nombreuses victimes de violences sexuelles craignent de porter plainte, par peur de perdre leur emploi ou en raison d’intimidations de la part de leurs agresseurs.

Jean Chrysostome Kijana, Président National de la Nouvelle Dynamique de la Société Civile en RDC, a également réagi lors de cette descente sur le terrain, soulignant l’inaction des autorités congolaises et des Nations Unies.

« Nous cherchons à attirer l’attention des autorités congolaises, car ces personnes sont des citoyens congolais qui méritent et doivent recevoir la protection des autorités. Il est incompréhensible que, pendant 7 mois de sit-in jour et nuit, où les gens passent leurs nuits à la belle étoile et où des femmes dorment dans des conditions inhumaines, les autorités congolaises, à tous les niveaux, ne s’intéressent pas à cette question et ne mettent pas la pression sur les Nations Unies pour que cette situation soit résolue. Nous interpellons également les responsables de la Monusco. Les Nations Unies devraient être exemplaires ; ce sont elles qui prônent le respect des droits de l’homme et la dignité humaine. Il est incompréhensible que ce soient les Nations Unies qui se trouvent en première ligne des violations des droits de l’homme » a déclaré Chrysostome Kijana, appelant les responsables à prendre conscience de la situation et à trouver une solution dans les plus brefs délais

En plus des violences sexuelles, les vacataires réclament des arriérés de salaire et une prise en charge des victimes. Certains vacataires qui étaient censés recevoir 1560 dollars américains n’ont perçu que 192 dollars, tandis que d’autres ont reçu 240 dollars au lieu de 1760 dollars, pour la période de 2011 à 2015.

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Ces violations des droits humains, exacerbées par la situation précaire des femmes et des filles, soulignent un problème systémique de négligence et d’impunité qui dure depuis trop longtemps.

Les vacataires, ainsi que les victimes de violences sexuelles, continuent de lutter pour obtenir réparation et justice, en espérant qu’une réponse sera donnée avant les fêtes de fin d’année.

En attendant, la Mission des Nations-Unies en RDC reste silencieuse.

Vinciane Ntabala

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