La vie à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, devient de plus en plus difficile pour les vendeurs et acheteurs. En raison de l’insécurité croissante et des perturbations économiques dans la région, la vente des marchandises, notamment des denrées alimentaires, a considérablement diminué. Les commerçants se retrouvent confrontés à une série de défis, dont la fermeture de certaines routes de desserte, la hausse du taux de change, et la flambée des prix des produits alimentaires.
Les vendeuses rencontrées au marché de Nyawera, ce lundi 5 mai, ont partagé leurs inquiétudes. Elles signalent que la situation perturbe gravement leurs activités commerciales.
« Les aliments que l’on achetait à Uvira arrivent de moins en moins, car les routes sont fermées. Les produits restants en dépôt voient leurs prix augmenter. Ceux qui achetaient ces produits ne veulent plus les prendre à cause de la hausse des prix », explique l’une des commerçantes.
Elle poursuit en précisant que le commerce de haricots, en provenance de Goma, fait également face à de grandes difficultés.
« Avant, nous achetions les haricots à un prix abordable et, une fois arrivés au port, nous payions un petit supplément aux transporteurs. Aujourd’hui, c’est un vrai casse-tête. Le port est devenu comme une frontière et les transporteurs exigent des sommes exorbitantes. Même les produits de Goma sont devenus inaccessibles », déplore-t-elle.
Le taux de change représente également un défi majeur pour les commerçants. Un vendeur explique que le taux de change sur le marché (3300 FC pour 1 USD) est bien plus élevé que celui des plateformes de mobile money (Airtel, Orange Money, M-Pesa) où la conversion est à 2800 FC pour 1 USD.
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« C’est un gros problème pour nous, commerçants. Si quelqu’un vient acheter de la marchandise et veut payer par mobile money, le montant reçu sera trop bas par rapport au taux réel. Nous sommes donc obligés de refuser, même si nous avons besoin de cet argent », explique-t-il. Il ajoute que des frais supplémentaires, entre 6% et 10%, sont également prélevés lors des retraits d’argent, ce qui rend la situation encore plus difficile.
Cette crise économique a créé un déséquilibre dans le panier de la ménagère à Bukavu et dans toute la province du Sud-Kivu, affectant gravement le pouvoir d’achat des habitants. Le désordre économique qui frappe la région ne fait qu’aggraver les conditions de vie des familles, pour qui l’accès aux produits de base devient un véritable défi quotidien.