Au total, cent nonante et un incidents (191) de crimes graves ont été commis contre la population civile du Sud-Kivu entre 1994 et 2024. Des crimes omis dans le rapport Mapping et/ou commis après la rédaction de ce dernier. Ces chiffres ont été révélés, ce lundi 15 Juillet 2024, au cours du lancement du rapport de recherche documentaire sur les cas de crimes graves commis dans la province du Sud-Kivu.
Menée par Initiative Congolaise pour la Justice et la Paix (ICJP), cette recherche résulte de la mission de compilation de la documentation existante sur les graves violations des droits humains ou du droit international humanitaire perpétrées dans la province du Sud-Kivu, en RDC. Au cours de cet atelier, Raphaël Wakenge, Coordinateur de l’ICJP, a souligné que ce travail est le fruit d’une grande réflexion et d’un long processus.
Pendant cette recherche, les intervenants de l’ICJP, sont revenus sur le contexte historique dans lequel ces violations ont été commises. C’est notamment la guerre de 1994 au Rwanda, qui a eu pour conséquence l’afflux massif des réfugiés hutus rwandais dans la province du Sud-Kivu et les guerres de 1996, 1998, 2000, 2012 ainsi que les récents massacres et affrontements des groupes armés au Sud-Kivu, particulièrement à Kipupu, Minembwe.
Sur le plan géographique, il ressort de cet atelier que la majorité des crimes répertoriés ont été commis dans les deux territoires dont Kalehe avec un taux de 32% et Mwanga 25%. Ce rapport de recherche documentaire ajoute qu’une large majorité des exactions seraient imputables aux groupes armés non étatiques. Ces derniers à 63%, alors que dans 18%, des incidents, les présumés auteurs sont des représentants des forces de sécurité étatiques. Dans 12% de cas, ces incidents répertoriés ont été commis à la fois par des groupes armés et par des forces de sécurité étatiques.
L’ICJP a affirmé que la majorité des cas répertoriés n’ont pas encore connu d’issue judiciaire finale et un nombre important d’incidents n’a pas été l’objet d’une dénonciation en justice. Dans d’autres cas, des dénonciations en justice ont été soumises mais aucune procédure judiciaire n’a été diligentée.
Prenant la parole, Raphaël Wakenge a adressé des recommandations pour le compte de l’Initiative Congolaise pour la Justice et la Paix, au gouvernement Congolais, aux acteurs de la justice congolaise, aux organisations membres de la Société civile et à la communauté internationale.
Au gouvernement Congolais, de renforcer la sécurité et la protection des victimes, des survivants, des témoins des crimes de masse ainsi que des acteurs locaux intervenant dans ce domaine. Aux acteurs de la justice congolaise, de s’approprier les résultats de ce rapport de recherche pour initier les enquêtes judiciaires et renforcer les actions de la justice en faveur des victimes et des témoins des crimes de masse dans la province du Sud-Kivu.
Aux organisations membres de la Société civile, de vulgariser les notions sur la justice transitionnelle et la loi sur les répartitions dans les écoles à tous les niveaux et en langue locale dans les communautés cibles.
A la communauté internationale, l’ICJP appelle à accompagner le processus de justice transitionnelle dans la province du Sud-Kivu par le renforcement des capacités des organisations de la Société civile concernant le pilier « Justice et poursuites » des présumés auteurs.
Cet atelier s’est clôturé par la remise d’une copie de ce document recensant les crimes de masse du Sud-Kivu omis dans le rapport Mapping des Nations Unies, sur les crimes commis de 1993 à 2003.
Cette activité s’est tenue grâce à l’appui technique et financier de Trial International devant des membres du Bureau Conjoint des Nations-Unies aux Droits de l’Homme, des acteurs de la Société civile et des Organisations impliquées dans la défense des droits de l’homme et la recherche de la paix.
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